vendredi 20 avril 2018

Ce que je voulais voir


Ce que je voulais voir ne s’écrit pas. Ce que j’écris n’est vu qu’en écrivant, aussi je continue à parcourir un pays dont je ne connais ni la raison ni les limites. Quand j’écris l’herbe reverdit et quelque chose quelque part fleurit. Sinon le monde s’entretue et meurt. Sinon je perds le monde et je meurs. Je dis : ma vie dépend d’un iris, d’une marguerite ou du verdier, par exemple, leur être audacieux, gracieux dépourvu de raisons personnelles, tenu à perdurer.
Mais eux aussi, je les perds de vue, et je dois régulièrement les rappeler pour que reparte un printemps.
Je tiens à jour chaque brin d’herbe et chaque effusion de sang, la plus petite ombre est une naissance. Et ma vision d’une feuille flétrie - à l’aube - est une mort aussi grande et équivaut à toute mort, et celle d’une fleur à tout défi.
Je voulais que l’amour ne s’arrête jamais. Chaque poème est une reconquête, il recouvre l’amour.

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