Un micro évènement sur le rayon du cercle

 

Un micro évènement sur le rayon du cercle

- arbitraire - : le grain de sable dans la description

de la pièce à laquelle je suis attelée, au travail,

crée une tempête qui emballe la sakieh.

 

Je vénère le grain qui enraya la roue par le rayon.

 

Débraya le système,

enleva la cadence d’une forme nouvelle,

me désapprit le centre de gravité.

 

Une page qui n’a de fin

 

Une page qui n’a de fin (comme la vie), n’a de cesse

de valoriser les touts petits évènements

(insignifiants certes, mais tout de même !).

Quelqu’un entre côté jardin, stridulant son sort,

interrompant dans le cercle de la lampe le ronron du texte,

puis s’en sort côté cour.

Cette intrusion m’honore. Je l’encense.

 

Impavides et - mais ? - de bonne composition

 

Impavides et - mais ? - de bonne composition vis-à-vis

de ce moi présumé essentiel - quelle invention ? - mais pauvre en soi.

Indifférent. Commun d’un mortel ennui.

 

Qu’un chrysanthème l’après-midi explore la table et l’appartement

motive son déplacement et sa composition.

Ainsi se reconnaît le motif.

 

Un Azuré commun apporte un peu plus tard sa couleur et sa phrase.

Un fil résurgent bleuit l’espace de ta fleur.

Te voilà comblée lorsqu’une lucane Grande biche traverse imperturbablement

la page où toi tu te débats.

 

Je les laisse butiner ce que je sais ne pas être.

 

Je les laisse butiner ce que je sais ne pas être.

Et pourquoi ?

Ils font de moi (pour ainsi dire) presque la fleur qui fait de moi un poème.

 

C’est l’après-midi de ce jour où chrysanthème et orchidées

ravissaient humblement l’œil

(sans faire toute la lumière sur le sujet),

c’est ce jour où j’ai compris que le comble de l’humain

- avec lui le langage et la science - c’est l’homotypie.

 

(Mais avec la réversibilité complète de la relation

et donc de l’espace.)

Que nous reste-t-il pour êtres fixés ?

Mais rien (on n’en peut mais)

que la petite main flou

le bruit avec les pieds

la couleur du labelle.

 

L’extrême influençabilité des existences entre elles.

Puisqu’il n’y a pas d’objectif,

sachons nous aussi rester de glace.

 

J’agite le chiffon rouge visible de moi seule

 

J’agite le chiffon rouge visible de moi seule : 

prends n’importe quelle fleur 

(laquelle pourrait être ma sœur).

Regarde-la nager.

Parle-lui comme elle est.

 

La logique de ce langage mimétique crée en moi une méta sensation,

une force qui équilibre mon champ de pesanteur.

(Soigneusement m’épargne la liquidation totale.)

 

Fleur est le modèle et me voici mime, langue sympodique, 

toute à ma stratégie adaptative pour exister.

 

Je laisse volontiers les piérides, citrons et phalènes survoler cette résolution.

 

Enfin - peut-être - sa détermination (chrysanthème)

 

Enfin - peut-être - sa détermination (chrysanthème) c’est sa cause. Ce

point d’application (comme à l’embarcation prise dans le roulis

la stabilité est assurée par la position du métacentre, point d'application

des variations de la poussée) quelque part au-dessus

de mon centre de gravité, maintient mon mobile vaille que vaille

hors naufrage.

 

Crise et dénouement de ma période. 

 

(Résolution éparpillée, riche réversibilité, pour finir

dans un tel mouvement oscillatoire - tout à fait incessant -

celui d’une perspective dénaturante

mais non submergée par la sensation.)

 

Est-ce le gel de toute la sensibilité ou le théorème de solidification ?

C’est la cause du poème que je m’auto prescris.

 

La Petite biche

 

La Petite biche le sait bien, qui cherche l’eau dans la cuvette

et trouve la noyade, par excès

ou insuffisance, qu’importe,

elle succombe à son désir et à l’eau, à satiété,

saturée d’elle-même.

Sur quelle page s’écrivent ses convulsions ?

 

Sur quelle page limpide sa raison convulsive

- et l’usage qu’elle en fait, l’eau en toute lucidité

plutôt que l’aridité -

et voici ma main pour la sortir de là.

 

Mais pour moi c’est du tilleul pléthorique

que vient le risque.

Un seul chrysanthème fait alors mon point d’application,

(ah ! ma poussée d’Archimède).

 

Également fontaine

 

Également fontaine (mais non aux ablutions, colle,

il faut voir) la coulée d’ombre

incombe à l’esprit ensaché dans sa glu.

La glu du voir et du sentir, celle qui pourvoit à tout

croit-elle, et elle croît

et nous, nous laissons faire le tilleul objet par excelle-

ence poétique, anse terrifiante, il encorbelle,

sa charge est vénéneuse,

alors qu’il nous faudrait un lieu commun, ou mieux un non-lieu.

Un froid subjacent.

(À défaut témoigner des ravages.)

 

Car elle est fleur et source

 

Car elle est fleur et source (ressource) inépuisable

 

car elle est

 

mon souci

mon rameau d’or

(problématique)

mon après-midi tapageur.

 

Mêlée - dans ma mémoire - au brûlant abus

dehors.

 

Je pensais quoi, j’en pensais quoi

 

Je pensais quoi, j’en pensais quoi

sois simplement !

 

sois la fonction et le dysfonctionnement

qu’importe ?

brièvement point dans la profusion

 

nodale d’une fleur 

 

sa révolution

 

sa durée ourdie par la possibilité de mouvement,

survie de son lieu : ce point d’équilibre.

 

Quelqu’un vient, cueille la fleur et en fait un poème

(qui fait la vie à son image

changeante)

(une chose qui a sa vie et sa fin).

 

Bientôt déguenillée sera cette fleur,

dont notre phrase est le témoignage,

évasive

fluante.

 

Est-ce la fleur d’or

ou la stillation sonore

(comme fontaine intarissable, éminemment toujours discutable) ?

 

Langue nôtre, lente, sourcilleuse

pointille ce malheur de ses éclats

relance la fleur d’une hauteur nouvelle.

 

Sa fleur change le cours du poème.

 

Sa fleur change le cours du poème.

Voici un nouvel éclairage !

 

Ainsi nous (par hasard)

inaboutis heureux

fleurons l’espace allégé.

 

Tandis que dehors le mirage hurle

et mord je ne sais quoi dans la conscience éloignée.

L’allée ondule sous le pas résonné

de personne.

 

Que l’œil est pris dans le miellat du tilleul.

Jaune aussi mais d’un dôme l’ombre pesante

pèse

sur la rétine :

 

le chrysanthème nous rattrape

et sa dynamique désenglue.

 

Il prolonge la vie dit le classique : facilité

détonante à pro duire.  

Dispersion (auto)proclamée, jusqu’à accroître quoi ?

 

L’heur de sa jaune fortune

 

L’heur de sa jaune fortune :

un préambule vif.

Chrysanthème retentissant

nous projetant loin

(par sa force majeure éparpillés).

 

En crise,

hors de nous

propulsés.

 

C’est sa lumière déviée

 

C’est sa lumière déviée, protrusion jaune et

 - sa force contraire

chevauche le jour, allonge le temps -

nous éthérés

soudain imperceptibles - sans mot pour nous, sans

rien - pourrions aller

volant

indéfinis ou bien plutôt indéterminés (extension non limitée)

allant ainsi longue geste et lan-

gue plurielle

allégée

s’indéterminant

 

(nous indéterminant

de concert).

 

Comme nous étions démunis !

 

Or un complot de ligules conjure l’ennui

(l’attente de tout sujet),

l’après-midi lente et jaune

c’est un été précoce

(ou sans passé).


ce fagot de ligules

ce fagot de ligules est à nos yeux suspendus

un soleil.

Radiant, comme le dessinent les enfants

d’où émaneraient des essaims d’images - faut-il le voir -

idées filantes gloire

des motifs.

 

Est-ce toi, chrysanthème

 

Est-ce toi, chrysanthème, qui l’enveloppe, ou ce monde

te cerne-t-il, es-tu la résultante des forces

 

comprimées

en un point

 

es-tu mobile pensée (tension, expansion, convergence

en un point)

 

chaud

 

ponctus grandiflorum

 

(de grâce et en jaune

équilibre)

 

Sans pour autant

 

Sans pour autant

artificiellement

fabriquer le sujet (un des points possible

ancrage)

sans évacuer le monde.

 

Un chrysanthème

Un chrysanthème
- jaune effiloche
l'espace au-dessus de lui -
ligules-allèles pluri-
explosibles génèrent le mobile
 
c'est tout
c'est tout.
 
à fragmentation bombardent mon sens.
Sa valence infinie
librement détermine
liaisons.
Librement adorne ou pétrifie,
modèle.

Elle se pose la question, Lorine,

Elle se pose la question, Lorine,
Peut-on véhiculer un savoir qu'on a pas éprouvé ?
Mais si c'est le transport le problème* -
oui, laisse mouvoir l'objet
laisse laisse lai
sse
le ressort
 
ébranler

puis l'amour nous porte
qu'on porte à l'objet
 
un tour de manivelle (hop ! facile !)
vroum ! bing !
pensée a ses transports (et ses accidents)
 
Tu vois la vipérine ?
Le millepertuis exagère - exacerbe ? -
la déroute.

 
*Lorine Niedecker, Louange du lieu, José Corti, Paris, 2012, page 46, traduit par Abigail Lang, Maïtreyi et Nicolas Pesquès 

Accolée à l'escarpe -

Accolée à l'escarpe -
par-là retraite est coupée -
il faut filer droit !
Aller le train des choses
(toute vues, toutes faites) ? Allez !
 
Voie vois l'intarissable qui te fait de l'œil,
du jaune à l'aune du
Vois !
Pensée-ballast a son objecteur.

Voilà que se cabre la vie

Voilà que se cabre la vie
- inapprivoisable -
torsion, rétorsion : démesure de.
Le ballast de la pensée n'y peut rien
sa berme aride ne s'en relève pas.

Millepertuis, le dernier mot

Millepertuis, le dernier mot
sur la portée
arraisonne le démon du ballast.
L'assiette tremble.
 
Le lest de gravier
immergé sous sa pulsatile
vision millefleur
(prévision de nos naufrages).
 
Ce bras de fer ameublit la raison.
Lumière folle par le tamis
du millepertuis
à puiser
 
à puiser l'intarissable
qui ne dépend d'aucune génération.

Les Écailles

Les Écailles relient chaque saison
- repiquent ? -
et tu n'as aucun moyen
d'envisager une fin
- rien ne prouve cette fin - des détails
- de simples détails chavirants dans la simple
ou l'aromate
l'ornement indélébile
et instinctif - du monde

Petites tortues, Vulcain

Petites tortues, Vulcain
Mélitée,
Écailles chinées
par paire
éventant
expertes et dilettantes
en vélocité
volettent
et coupent quoi
couperets volant
mon souffle
toute fleur toute fleur