dimanche 30 septembre 2018

Nos soirs 36




Lumière oblique


Lumière oblique forcément partiale
incendie, tu en conviens,
le peu - épargné de la brûlure estivale -
- pourpier - c’est un contre-feu jailli
de l’humilité mais
sub terra,  in cinere
qui néanmoins nous éblouit, nous
et l’écriture, qui vient après


au bord de l’été intensif
revois le triton alpestre
- devant le puits sa flamme ventrale
ondulait - mort de soif et tout sec

la lumière bondira et cinglera
ce jour comme un million de fouets

samedi 29 septembre 2018

Le petit cyclamen blanc dans mes veines


Le petit cyclamen blanc dans mes veines
que je prends pour un papillon :
de son auricule à mon cœur
via la mienne - cyclamen ! - pulse
dans le flux intra vasculaire son nom
de Naples

( loin de toute stase
il serait une piéride au débit de mon sang )

Mais parfois oui, aussi,
les piérides, leur corps en sentinelle sur un lotier
comme le résidu d’un feu - scorie
déposée là - la blancheur alaire surprend au pied

surprend et incendie

Nos soirs 35




vendredi 28 septembre 2018

Nos soirs 34



Un plateau de cuivre jaune


Un plateau de cuivre jaune sur les genoux
énigme circulaire dont 
je ne peux déchiffrer aucun des entrelacs gravés
pas plus qu’au jardin le tas des branches élaguées
je n’ai pu le photographier. La fatigue fera le tout
en médiatrice pressée.
Sinon sur quoi me reposerais-je ?

jeudi 27 septembre 2018

Nos soirs 33



Reprends la route


Reprend la route entre les guérets
où roulent des soleils tombants sans fin
mais aujourd’hui aux bas-côtés les chicorées
me regardent avec plus d’acuité.
Ces fleurs si nombreuses sur le corps rameux
robuste bruni par l’été
ouvrent des trouées - trêves - d’azur dans la terre durcie.
Ainsi elles font des jours.

Je me dis roule tant que dressent les chicorées
leur tige amère voilà un horizon lacunaire, et un répit,
elles qu’on surnomme Yeux de chat

mercredi 26 septembre 2018

Nuit, un voile de sang


Nuit, un voile de sang sur la blancheur
nourricière.
Du vent mais de fleur d’anémone aucune.
A la fourmi qui s’entête à porter l’aile antérieure
du Cuivré comme un pavillon
je dis Bien ! Déplace le monde, ma belle !
Mais la mort dans le flanc de Java, non.
Sous quelle lune un filet de sang a fuit sur l’herbe viride,
je ne sais plus.

Nos soirs 32









mardi 25 septembre 2018

Oh mes touts petits


Oh mes touts petits
vous en avez mis du temps
à comprendre que non ce sourire étrange et
détaché n’est plus. Vous pouvez approcher
en toute confiance et moi me munir de jumelles
- ma vue et mon ouïe à vos timidités -

Avec sa mort - moindre mort -
le monde entier est lésé
puisque je souffre. Puisque je ne dors pas
sans ce sourire qui vaque - il faut bien le dire -
qui jouissait de chasser, non pour se nourrir
mais pour jouir

Simplement sans cruauté. Sans raison que le
fourmillement de ses pattes et le spasme 
de sa mâchoire affolée.
C’est une contradiction que je ressens vous regardant
avec perplexité mésanges et moineaux reprendre
du territoire picorant le gravier ensoleillé

Disputant joyeusement dans les flaches. J’entends
que votre ingénuité me bouleverse. J’entends
que plus seule je continue. L’humble note, qui l’aura jouée ?
pas même le vent, pépiements, pas même moi, devancée.
Je reprends consentante le fil d’un temps
que j’ignore, toute mémoire à venir

Cependant je sais bien, vous aurez beau faire
- lui l’a écrit déjà -
nulle puissance dans l'air ne nous touche
comme on touche ceux que l'on aime,
comme je caresse un lièvre tremblant sur la paille d'un cageot
comme je joignais le monde avec elle sur mes genoux, Java

Oiseaux, ou fleurs sans aucun apprêt
l’humble note recommencée
en une autre, non encore nommée
car c’est toujours un autre langage que nous cherchons
il parle et c’est d’ordinaire un désastre
et cela s’accomplit - plus loin, devant lui,

inexprimable, comme ça

Elle a dit autrement : il n’est ni vie ni mort.

lundi 24 septembre 2018

Été


Été - par cet après-midi de fin d’été chaude et claire -
les feuillages, toujours eux, déployés dans la lumière
je ne vois rien qu’un sol sec et toujours plus de sons
de clignements intermittents jusque sur ma page
et la phrase court devant moi qui renais à peine
à ma mémoire ou bien qui repars, encore une fois

Nos soirs 31



dimanche 23 septembre 2018

Le tout tremblant Azuré


Le tout tremblant Azuré commun ou Lycène Icare qui se repaît de trèfle
et de luzerne à côté de moi - assise là
sur ce linteau couché dans l’herbe depuis des lustres
caressant un pourpier et parlant avec ta pierre qui ne me répond pas c’est
toujours ainsi -
l’Icare ne sait pas, lui, quel nom l’homme lui a donné
invoquant ses mythes - ce bel imago bleu colleté d’orange toujours voletant à proximité des fumiers -
encore moins la loi thermodynamique qui anime espace et temps.
S’il le savait, éviterait-il sa chute ?

Nos soirs 30


vendredi 21 septembre 2018

Là où se trouve les pierres


Là où se trouvent les pierres
qui ont ta couleur
celle de l’ estran rocheux et des lichens crustacés
- c’était exactement ça -
l’endroit est dit pierre couchée - une lueur -
la terre craquelle et seul ne retombe pas le millepertuis perforé

Alors je me voue à la volubilité
- la tienne plus réduite au silence que jamais -
enroulé de verdeur
préhensile
qui me prend
inextricable même au plus développé
et je démêle ces lancinantes
questions qui viennent à l’assaut de ma volonté :
Wisteria

Nos soirs 29


mercredi 19 septembre 2018

Nos soirs 28



Et quand je tire


Et quand je tire le râteau à feuilles sur le gravier
ce sont toutes les stridences qui se rappellent
à mon souvenir son sans équivoque l’alarme facile
Ratisse ma fille, ratisse ! Où se prennent jusqu’aux lignes
involutées de glycine ou ces longues siliques.
Et bien des petits squelettes de rongeurs qu’elles a laissés là
défaits entre les griffes.
Et je pense - de la binette au poème -  qu’il y a toujours une griffe
non loin pour accomplir le travail.

mardi 18 septembre 2018

Nos soirs 27


La haie s'avance


La haie s’avance et le gravier disparaît sous les feuilles
- figures brunes minuscules
et torses amoncelées dans cet angle de cour -.
Sont des harpes certaines si finement ciselées mêlées aux résidus
de potées voisines - pourpres et roses déshabillés de fuchsias et
fanes de géraniums - échoués au ban, l’été absorbé
avec la paille et séparé de mon œil son corps un poignard d’or

lundi 17 septembre 2018

Nos soirs 26



Au contraire. La haie s'avance


Au contraire. La haie s'avance - mais qu’est-ce qui n’avance ? -
je suis en lutte - bras et mains nus - avec la haie je ris
je lutte - ronces que j’estime tant, mes orties,
clématites, épines bienvenues -
toutes me sont probantes.
La conscience naît de l’espace - ici taillé à la scie à la serpe dit-on - et non de l’esprit
ou des corps. Cette luxuriance qui me convainc 
je la repousse et je m’escrime
en vers tracés comme un jardin
à la cultiver ailleurs

dimanche 16 septembre 2018

Relations ardentes


Relations ardentes
avec le monde - la rue froide, les feuilles marbrées déjà,
la pierre sous laquelle Java est couchée,
le buisson qu’elle aima pour son ombre touffue -.
Mais assise au bord d’un feu tu ne voudrais pas toi aussi
que la tentative de transcription soit inutile ?
Essaye, essaye quand même !
Le désir que tout se tienne, toi qui n’est pas moins fragile.

Nos soirs 25




samedi 15 septembre 2018

Nos soirs 24


L'obscurité est tout autour


L’obscurité est tout autour - cécité pour voir je n’y suis pas encore -
je n’y suis pas.
Ombre n’est pas obscurité je la vois clairement.
L’ombre est douce et changeante, fluctuante comme l’est l’eau
ou encore une aile, un lit, des lignes, ocelles tremblées, qui respire couchée.
Surfaces qui se touchent, quel angle vous formez, le dépôt produit l’ombre.

Alors que l’obscurité tombe.

Pour l’heure - cet été déjà passé -
juste pour mémoire
le cyclamen de Naples « Amaze me » - l’inespéré, ici sera jusqu’aux gelées - 
fleurit et perce l’obscurité. 
Humble nu auriculé, quel chant ramènes-tu ?

vendredi 14 septembre 2018

Nos soirs 23


Un soudain orage


Un soudain orage. Un tracteur fumant ouvrait la terre
sous une trombe d’eau qui rejaillissait en
deux ailes puissantes. Je regardais faire
ses serres empreintes dans le guéret

( Ce qui rompt interroge
ainsi très bientôt - demain peut-être - les reins
auront à cœur de déployer face au fait le mystère
avec ardeur je piocherai le jardin de mémoire
- entrevu - et en pleurs
l’extrêmement peu visible sera - bien réel malgré l’air égaré -
je n’en demande pas davantage )

jeudi 13 septembre 2018

Nos soirs 22


Mais qui déchiffre l'air brusque ?


Mais qui déchiffre l’air brusque ? Qui l’horreur ?
Sa dépouille traînée dans ma nuit après les herbes
son sourire - célèbre - inaugurait pourtant le rêve.

Ce soir on dit qu’un chasseur a abattu l’un de ces oiseaux
invraisemblables, un flamant rose.
Il gît rose aussi invraisemblable dans la mort.

Toute la beauté étreinte au plomb.

mercredi 12 septembre 2018

Nos soirs 21




Plus seule je continue


Plus seule je continue. Il est un point cardinal pour demain
quelque part entre les quatre vents de la rose interjeté
ce poème.
Au centre de la mémoire ébouriffée qui se résigne et non, ne se résigne pas. Ne consent pas et consent. Au centre. Au ventre,
émoi qui ne laisse pas tranquille, Maciej, comme toi je ne reposerai pas dans le sommeil de la fatigue, ni même dans le jardin de l’oubli.
J’entends parler la langue de vent.