lundi 30 septembre 2019
Cherchant le cercle je récolte
Cherchant le cercle je récolte le cyclamen.
J’accepte son signe de petite auriculée amène
et fertile parvenue en parterre où je ne l’attendais pas.
Elle papillonne. Est-ce qu’ainsi elle ne prend pas sa part
au reluire et au resplendir ?
dimanche 29 septembre 2019
C'est une lutte de ce côté-ci de la rivière aussi.
C’est une lutte de ce côté-ci de la rivière aussi.
C’est une couple de mantes
hiératique.
Ces tigres de l’herbe prêtes pour l’accouplement
titubent sur leurs pattes frêles
ravisseuses vainement étirées
Des piolets inefficients pour l’heure
encombrent leur geste.
Peut-être cela n’a-t-il aucun sens.
Je nage un peu plus loin.
Fougères et capillaires
dans la souche d’un aulne penché s’élèvent et penchent
rompant leur lisière sur l’eau noire.
Reflet brouillé du feuillage.
Je cherche l’écho de leur
insurrection déférente je cherche dans l’eau
le cercle.
Là résonne l’eau noire
samedi 28 septembre 2019
Au pied sonore du païen ou du milan
Au pied sonore du païen ou du milan
- ou des deux en miroir -
sont les chaos de granite et de calcaire
- de névés éblouissants -
et l’herbier cède à nos corps
la brume résonne d’échos
plus vastes
l’eau épiée sous son vol circulaire
grisolle
sel et fer à notre bouche
vendredi 27 septembre 2019
Comme le rossignol est assigné au grenadier
Comme le rossignol est assigné au grenadier
l’alouette l’est à la source et à la fontaine.
Buffon s’est demandé si l’alouette ne confond pas les éclats
du miroir qui lui est dédié
avec une surface d’eau.
parce qu'elle(s) croi(en)t
cette lumière renvoyée par les eaux vives qu'elle(s) recherche(nt)
ou bien est-elle fascinée par la réflexion des surfaces
sensible au mouvement rotatoire et alternatif de la lumière ?
par une absorption
sélective de la lumière, qui dépend de la direction d'observation ; la
lumière qui atteint ces surfaces est réfléchie polarisée et une lumière
incidente polarisée peut en sortir plus ou moins affaiblie. Certaines espèces peuvent
confondre une surface (verre, tôle peinte) renvoyant certains types de lumière
polarisée avec une surface en eau ; ou peut-être une absence de surface.
Peut-être une absence de surface. Ou bien l’eau des vasques
comblées où s’ accumule le ciel giratoire et tant de
nuages après l’orage, là comme l’alouette
nous gratifie de son vol spiralé, puis stationnaire
la source jaillit - l’est-elle sous le sabot sonore dont le coup
a retenti du pied embué au sommet brumeux de la montagne ?
-
pour que la brume résonne d’échos
plus vastes que la voix des eaux
jeudi 26 septembre 2019
C'est à ce cheval
C’est à ce cheval
que je posai les questions qui défient la lecture :
la rumeur d'une source
nouvelle est parvenue à mes oreilles
ou bien
quelle est la plus
réelle, l’eau de la fontaine
ou la fille qui se
mire en elle ?
ou encore :
Je ne prétends pas avoir vu distinctement.
J’entendis : trouve-moi, réelle, impossible à confondre
et
J’entendis : trouve-moi, réelle, impossible à confondre
et
Tends l’oreille.
Encore une fois
trouve-moi plus réelle
où je suis,
plus réelle, fanal
impossible à confondre avec l’herbe
avec l’eau
ou
suis-je l’alouette ou
le milan
et lui me répond - depuis toujours - dans sa langue
héliconienne :
si
visible dans ta voix
alors tu es réelle
visible dans ta voix
alors tu es réelle
Terrible est l’eau à laquelle
j’ai bu et qui a goût de sang.
mercredi 25 septembre 2019
On ne lit pas les augures.
On ne lit pas les augures.
L’omoplate gauche parle sans doute mais on ne lit
pas les signes. La droite est muette.
Dans la montagne tortueuse
l’écho nous joue des tours, se joue
de
et ce jour comme le berger qui n’attend pas de réponse
appelle ses bêtes mais, si c’est lui,
qui appelle le milan ?
La source
a jailli après les pluies
dans le ravin de Branca et Sossa
où un filet serpente entre les figuiers.
Des cupules et des vasques monte
la buée.
Smoke and mirrors,
appelle cela comme tu voudras
où les nuages argent girent à la surface des miroirs.
Ici c’est un fouet juvénile - ou cinglard - le sinueux
Hierophis viridiflavus
qui soudain glisse dans nos pas
sur l’asphalte nul moyen de nous dérober
à ce face à face
Un païen - ce cheval vanté pour sa sûreté de pied, doux s’il
n’est pas
trop aiguillonné - tourne de son trot sonore
dans la pâture.
mardi 24 septembre 2019
Sans considération ni pour le temps
Sans considération ni pour le temps
ni pour le milan - sauf à son os -
- la belle omoplate d’un bovidé non moins faste
pour le boucher qui de la vallée connaît
toutes les cours et les basses-cours
et, sur la route communale, les rares dégagements
où faire faire demi-tour à sa camionnette -
sauf à son os fileté de sang qui luit au soleil
et m’évoque la fleur géante
du grenadier.
Camionnette au klaxon de laquelle les chiens
poussifs se lèvent traînant leur chaîne
emportant avec eux l’écuelle et les cailloux
toute cette poussière - un tremblement de forçat
parcourt l’échine - ou bien libres ils tournent autour
du véhicule tout en humant et pissent sur la roue.
lundi 23 septembre 2019
La sagesse dans sa bouche disait il y a un temps pour tout.
La sagesse dans sa bouche disait il y a un temps pour tout.
C’était un déni
d’éternité, la face vissée à
l’œilleton de l’oculaire. Il y a, il y aura
le temps, le même pour tout.
Mais vous, milan païen discoglosse et orbitèle
où serez-vous ? Entre les piliers de pierre enlierrés
là où la poussière est si fine, un chien attend
sans considération ni pour le temps ni pour le milan
dimanche 22 septembre 2019
En avançant.
En avançant.
Je me heurtai à l’orbitèle comme au milan
dont je vis au centre -
non je ne saurais -. Tout au plus décrire le moyeu
fermé de la toile, pivot de son aire
d’où - rondement - son errance géométrisée s’étire
comme le choc et la première onde de ricochet s’élargissant
élargit l’eau
saisissant nos membres au-dessus des chevilles et des
poignets
dissolvant pieds et mains
la vision paradoxalement
délie
sans rien déchirer
samedi 21 septembre 2019
Bien qu'il ne faille pas s'y fier
Bien qu’il ne faille pas s’y fier
elle n’est pas pour autant receleuse
celle qui attend sur sa toile
portant diadème dorsal comme sa croix
et pendue à sa toile
à hauteur d’œil
elle me défend de passer
et de répandre ses perles.
Ne casse pas le fil avec lequel
elle a lié l’air
vendredi 20 septembre 2019
Ou bien je vous oublierai.
Ou bien je vous oublierai.
Milan tout doucement m’amène à sa surface de révolution.
Au fait comment me retrouvai-je dans sa sphère ?
Je fus prise - dans la toile de cette orbitèle bien avant
d’entrer en matière -
et je me pris seule au jeu des
cercles dans l’O de son vol
- sur l’eau claire auront volé tous leurs galets jusqu’aux frondes
des capillaires
qui bordent l’autre rive et
ils auront fait fuir nombre de demoiselles -
jeudi 19 septembre 2019
Et tous les insectes
Et tous les insectes.
Mouches en premier lieu qui tourmentez
l’attente je vous vois monter
du miel béant vers
je ne sais quel - bien à vous !
Citron passé du lantanier au calament
et à la centranthe
rien ne laissait prévoir telle voracité
Je vous regarde tous.
C’est mon endurance qui vous reconduit
mercredi 18 septembre 2019
La terre tourne la tête me tourne
Le terre tourne la tête me tourne
hérissée d’êtres comme ce champ hirsute l’est
de cirses
pour le noir
pangaré elle s’avère manège
un cirque et lui contourne les pierres
dans la poussière
( et des éclats )
il y a le sel aussi
le milan parcourt en cercles une aire bien plus élevée
depuis ma tribune la main en visière
et avec l’accord nucal
je scrute ce que leurs trajectoires intersectent
mardi 17 septembre 2019
Un poirier tordu
Un poirier tordu
pousse tout au bord de la planche cultivée
et prend son envol
et le citron qui butine le lantanier
son aile soufre tremble
avec le vent
sur l’arbre entés
les tympans engrènent - ou pas -
l’horlogerie entêtée d’un poème
lundi 16 septembre 2019
Des pampres sinuent
Des pampres sinuent
- comme au carrelage de ciment - sur le bleu cru
entre des roses ouvertes.
Le jaune de Naples et l’oranger sont les couleurs
du matin, ici, et le vert du contre-jour,
c’est que je suis sous
le auvent
face au grenadier et qu’à travers la treille
s’épie la course millénaire de celui qui
toujours revient chiffrer la portée du paysage.
L’auvent fait un courtil bon pour l’éveil
et la réserve, bordé
d’un arbousier. L’affût.
Aux feuillages luisants goutte l’antimoine.
dimanche 15 septembre 2019
C'est juste une phrase
C’est juste une phrase. Sans gradation. Une assertion
vraie
aussi vraie, sonnante et trébuchante, que caillou dans l’eau.
Pas le vil métal de la parapériphrase, à quoi bon ?
Un viatique à portée d’oreille.
Pour le voyage une coupure de monde
à moi un rythme et son secours
exactement comme le nom de millepertuis ou d’urodèle.
Émeute et je gravis l’échafaudage formant le pont volant.
Sans gradation quelques fois. Et sans prévenir.
samedi 14 septembre 2019
Comme le masque tombe
Comme le masque tombe - la hâte - comme
la robe hâtive.
Il y a des glissements à l’image des glissements de terrains
des coulées diluviennes d’où tombent d’étranges bêtes.
Quand la brume comble la vallée l’écho qui la borne
l’assigne sans qu’on voie le milan.
Il y a le vent qui brûle les herbes, un feu d’herbe, de
chênes tordus
de genévriers pris de frissons, un feu dont la fumée brûle
la voix.
Aussi les ombres et saillies méridiennes, aplomb d’angles
décrépis.
Équerres poussiéreuses. Un discoglosse pétrifié sur le
ciment.
Le globe cesse de tourner.
Une pierre roule.
Le milan signe l’invisible.
Il cible et il signe.
Sans autre point d’acheminement que la mort.
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