lundi 30 septembre 2019

Semblant de toilette 36


Cherchant le cercle je récolte


Cherchant le cercle je récolte le cyclamen.
J’accepte son signe de petite auriculée amène
et fertile parvenue en parterre où je ne l’attendais pas.
Elle papillonne. Est-ce qu’ainsi elle ne prend pas sa part
au reluire et au resplendir ?

dimanche 29 septembre 2019

Semblant de toilette 35


C'est une lutte de ce côté-ci de la rivière aussi.


C’est une lutte de ce côté-ci de la rivière aussi.
C’est une couple de mantes hiératique.

Ces tigres de l’herbe prêtes pour l’accouplement
titubent sur leurs pattes frêles
ravisseuses vainement étirées

Des piolets inefficients pour l’heure
encombrent leur geste.

Peut-être cela n’a-t-il aucun sens.

Je nage un peu plus loin.
Fougères et capillaires
dans la souche d’un aulne penché s’élèvent et penchent
rompant leur lisière sur l’eau noire.
Reflet brouillé du feuillage.
Je cherche l’écho de leur
insurrection déférente je cherche dans l’eau
le cercle.

Là résonne l’eau noire

samedi 28 septembre 2019

Semblant de toilette ( où tout s'éclaircit grandement ) 34


Au pied sonore du païen ou du milan


Au pied sonore du païen ou du milan
- ou des deux en miroir -
sont les chaos de granite et de calcaire
- de névés éblouissants -
et l’herbier cède à nos corps

la brume résonne d’échos
plus vastes
l’eau épiée sous son vol circulaire
grisolle

sel et fer à notre bouche

vendredi 27 septembre 2019

Semblant de toilette 33


Comme le rossignol est assigné au grenadier


Comme le rossignol est assigné au grenadier
l’alouette l’est à la source et à la fontaine.

Buffon s’est demandé si l’alouette ne confond pas les éclats du miroir qui lui est dédié
avec une surface d’eau.
parce qu'elle(s) croi(en)t cette lumière renvoyée par les eaux vives qu'elle(s) recherche(nt)
ou bien est-elle fascinée par la réflexion des surfaces
sensible au mouvement rotatoire et alternatif de la lumière ?

par une absorption sélective de la lumière, qui dépend de la direction d'observation ; la lumière qui atteint ces surfaces est réfléchie polarisée et une lumière incidente polarisée peut en sortir plus ou moins affaiblie. Certaines espèces peuvent confondre une surface (verre, tôle peinte) renvoyant certains types de lumière polarisée avec une surface en eau ; ou peut-être une absence de surface.

Peut-être une absence de surface. Ou bien l’eau des vasques
comblées où s’ accumule le ciel giratoire et tant de
nuages après l’orage, là comme l’alouette
nous gratifie de son vol spiralé, puis stationnaire  

la source jaillit - l’est-elle sous le sabot sonore dont le coup
a retenti du pied embué au sommet brumeux de la montagne ? -
pour que la brume résonne d’échos
plus vastes que la voix des eaux

jeudi 26 septembre 2019

Semblant de toilette 32



C'est à ce cheval


C’est à ce cheval
que je posai les questions qui défient la lecture :
la rumeur d'une source nouvelle est parvenue à mes oreilles
ou bien
quelle est la plus réelle, l’eau de la fontaine
ou la fille qui se mire en elle ?
ou encore :
Je ne prétends pas avoir vu distinctement.
J’entendis : trouve-moi, réelle, impossible à confondre

et
Tends l’oreille. Encore une fois
trouve-moi plus réelle où je suis,
plus réelle, fanal impossible à confondre avec l’herbe
avec l’eau
ou
suis-je l’alouette ou le milan
et lui me répond - depuis toujours - dans sa langue héliconienne :

si
visible dans ta voix
alors tu es réelle

Terrible est l’eau à laquelle
j’ai bu et qui a goût de sang.

mercredi 25 septembre 2019

Semblant de toilette 31




On ne lit pas les augures.


On ne lit pas les augures.
L’omoplate gauche parle sans doute mais on ne lit
pas les signes. La droite est muette.

Dans la montagne tortueuse
l’écho nous joue des tours, se joue
de
et ce jour comme le berger qui n’attend pas de réponse
appelle ses bêtes mais, si c’est lui,
qui appelle le milan ?

La source
a jailli après les pluies
dans le ravin de Branca et Sossa
où un filet serpente entre les figuiers.
Des cupules et des vasques monte
la buée.
Smoke and mirrors, appelle cela comme tu voudras 
où les nuages argent girent à la surface des miroirs.

Ici c’est un fouet juvénile - ou cinglard - le sinueux
Hierophis viridiflavus qui soudain glisse dans nos pas
sur l’asphalte nul moyen de nous dérober
à ce face à face

Un païen - ce cheval vanté pour sa sûreté de pied, doux s’il n’est pas
trop aiguillonné - tourne de son trot sonore dans la pâture.

mardi 24 septembre 2019

Semblant de toilette 30


Sans considération ni pour le temps


Sans considération ni pour le temps
ni pour le milan - sauf à son os -
- la belle omoplate d’un bovidé non moins faste
pour le boucher qui de la vallée connaît
toutes les cours et les basses-cours
et, sur la route communale, les rares dégagements
où faire faire demi-tour à sa camionnette -
sauf à son os fileté de sang qui luit au soleil
et m’évoque la fleur géante du grenadier.

Camionnette au klaxon de laquelle les chiens
poussifs se lèvent traînant leur chaîne
emportant avec eux l’écuelle et les cailloux
toute cette poussière - un tremblement de forçat
parcourt l’échine - ou bien libres ils tournent autour
du véhicule tout en humant et pissent sur la roue.

lundi 23 septembre 2019

Semblant de toilette 29


La sagesse dans sa bouche disait il y a un temps pour tout.


La sagesse dans sa bouche disait il y a un temps pour tout.
C’était un déni d’éternité, la face vissée à
l’œilleton de l’oculaire. Il y a, il y aura
le temps, le même pour tout.
Mais vous, milan païen discoglosse et orbitèle
où serez-vous ? Entre les piliers de pierre enlierrés
là où la poussière est si fine, un chien attend


sans considération ni pour le temps ni pour le milan

dimanche 22 septembre 2019

Semblant de toilette 28


En avançant.


En avançant.
Je me heurtai à l’orbitèle comme au milan
dont je vis au centre -
non je ne saurais -. Tout au plus décrire le moyeu
fermé de la toile, pivot de son aire

d’où - rondement - son errance géométrisée s’étire

comme le choc et la première onde de ricochet s’élargissant
élargit l’eau
saisissant nos membres au-dessus des chevilles et des poignets
dissolvant pieds et mains
la vision paradoxalement délie
sans rien déchirer

samedi 21 septembre 2019

Semblant de toilette 27


Bien qu'il ne faille pas s'y fier


Bien qu’il ne faille pas s’y fier

elle n’est pas pour autant receleuse
celle qui attend sur sa toile

portant diadème dorsal comme sa croix
et pendue à sa toile
à hauteur d’œil

elle me défend de passer
et de répandre ses perles.


Ne casse pas le fil avec lequel
elle a lié l’air

vendredi 20 septembre 2019

Semblant de toilette 26


Ou bien je vous oublierai.


Ou bien je vous oublierai.

Milan tout doucement m’amène à sa surface de révolution.
Au fait comment me retrouvai-je dans sa sphère ?

Je fus prise - dans la toile de cette orbitèle bien avant d’entrer en matière -
et je me pris seule au jeu des

cercles dans l’O de son vol

- sur l’eau claire auront volé tous leurs galets jusqu’aux frondes des capillaires
qui bordent l’autre rive et
ils auront fait fuir nombre de demoiselles -

jeudi 19 septembre 2019

Semblant de toilette 25



Et tous les insectes


Et tous les insectes.
Mouches en premier lieu qui tourmentez
l’attente je vous vois monter
du miel béant vers
je ne sais quel  - bien à vous !

Citron passé du lantanier au calament
et à la centranthe
rien ne laissait prévoir telle voracité

Je vous regarde tous.
C’est mon endurance qui vous reconduit

mercredi 18 septembre 2019

Semblant de toilette 24


La terre tourne la tête me tourne


Le terre tourne la tête me tourne
hérissée d’êtres comme ce champ hirsute l’est
de cirses

pour le noir pangaré elle s’avère manège
un cirque et lui contourne les pierres
dans la poussière
( et des éclats )
il y a le sel aussi

le milan parcourt en cercles une aire bien plus élevée

depuis ma tribune la main en visière
et avec l’accord nucal
je scrute ce que leurs trajectoires intersectent

mardi 17 septembre 2019

Semblant de toilette 23


Un poirier tordu


Un poirier tordu
pousse tout au bord de la planche cultivée
et prend son envol

et le citron qui butine le lantanier
son aile soufre tremble
avec le vent

sur l’arbre entés
les tympans engrènent - ou pas -
l’horlogerie entêtée d’un poème

lundi 16 septembre 2019

Semblant de toilette 22


Des pampres sinuent


Des pampres sinuent
- comme au carrelage de ciment - sur le bleu cru
entre des roses ouvertes.
Le jaune de Naples et l’oranger sont les couleurs
du matin, ici, et le vert du contre-jour,
c’est que je suis sous le auvent
face au grenadier et qu’à travers la treille
s’épie la course millénaire de celui qui
toujours revient chiffrer la portée du paysage.
L’auvent fait un courtil bon pour l’éveil
et la réserve, bordé d’un arbousier. L’affût.
Aux feuillages luisants goutte l’antimoine.

dimanche 15 septembre 2019

Semblant de toilette 21



C'est juste une phrase


C’est juste une phrase. Sans gradation. Une assertion vraie
aussi vraie, sonnante et trébuchante, que caillou dans l’eau.
Pas le vil métal de la parapériphrase, à quoi bon ?
Un viatique à portée d’oreille.

Pour le voyage une coupure de monde
à moi un rythme et son secours
exactement comme le nom de millepertuis ou d’urodèle.

Émeute et je gravis l’échafaudage formant le pont volant. 
Sans gradation quelques fois. Et sans prévenir.

Aussi m’efforcè-je de ne pas descendre des arbres.

samedi 14 septembre 2019

Semblant de toilette 20


Comme le masque tombe


Comme le masque tombe - la hâte - comme
la robe hâtive.

Il y a des glissements à l’image des glissements de terrains
des coulées diluviennes d’où tombent d’étranges bêtes.

Quand la brume comble la vallée l’écho qui la borne
l’assigne sans qu’on voie le milan.

Il y a le vent qui brûle les herbes, un feu d’herbe, de chênes tordus
de genévriers pris de frissons, un feu dont la fumée brûle la voix.

Aussi les ombres et saillies méridiennes, aplomb d’angles décrépis.
Équerres poussiéreuses. Un discoglosse pétrifié sur le ciment.
Le globe cesse de tourner.

Une pierre roule.

Le milan signe l’invisible.
Il cible et il signe.
Sans autre point d’acheminement que la mort.