jeudi 31 janvier 2019

Narcose 52


Rumex crispus


Rumex crispus
patience sanguine une prise
sur l’œil de l’hiver
et la stase des sens et des flux.
Astringence n’est pas jusqu’à la noirceur de ses valves

mercredi 30 janvier 2019

Narcose 51


"Renouvellement qui étonne"


Renouvellement qui étonne
( l’apparition inédite d’un objet qui se crée en même temps qu’il se montre )

Qui regarde qui ?
Une frise inédite surgie au bandeau de la forêt :
quatre cervidés campés sur leurs pattes raidies
dans la position si caractéristique du profil figé
que je n’ai tout d’abord pas vus.
Dans la somptuosité du silence d’herbes gelées
là encore la dure majesté de ce raffinement supérieur à l’opportunité

mardi 29 janvier 2019

Narcose 50


Grandes lames d'iris


Grandes lames d’iris. Au pied la quintefeuille
qui lui succède - en jaune accord - ici couvre la terre
dessine, rampante Main-de-Mars, ses feuilles
- comme une emprise - c’est un boutis surpiqué
ses rosettes persistantes attendent la fin de l’hiver
- mars, reprise de la guerre -

lundi 28 janvier 2019

Narcose 49


Encore une fois le gel


Mon cerveau ce sera vos circonvolutions cachées !
Racine lavée de l’iris d’eau ! bécassine craintive ! abri surveillé de l’œuf double ! ce sera vous !

Encore une fois le gel a clôturé la terre
et plus question d’aller à genoux
interroger l’absent.
Je l’invoque pour moi seule iris pour ma joie singulière
extraite de ce - car ici la joie existe aussi - avec un peu de concentration
hors tout. Or tous invisiblement
thym et temps, le bel œillet mignardise
que j’imagine disant ( comment dis-tu, au fait ? ) le terrestre
lierre danseur, soif de gel et feu de tout bois, tous sont présents.
Un oiseau piétine l’allée faisant chanter le sol.

dimanche 27 janvier 2019

Narcose 48


Jadis


Jadis
pollen et semences, soufre dans les interstices
- L'anthère est fixée au filet de l'étamine par le « connectif »,
soit par sa base, soit par son milieu - rare
stigmate exhaussé. C’est l’axe de la terre.

Alors que j’invente des osselets
que l’os à moelle remonte au jour - l’ordre du jour -
pierre et périanthe
ensemble - tous en terre : noue - je sais
que plus tard de nouveau croît la fleur adventice
là un sol rudéral se formera
où l’iris faux acore vient surligner 
arme et désir
endurer et bonifier : brandir l’étendard


Ce n'est pas moi qui dis ce que je dis là, 
Ce sont des mots extraits de la terre comme des grains 
d'un froment pétrifié.

samedi 26 janvier 2019

Narcose 47


Chaque jour


Chaque jour
l’os et le cheval :
labour
est une bataille ( avec l’obsession )
- un cheval de bataille s’entend 
qui dort dans les pensées les plus familières -
- au champ l’os rongé
du temps -
mais voici que des choses ordinaires
- motifs qui ont péri à nos pieds -
arrivent à fleurir encore

Narcose 46


Sous les sapins


Sous les sapins plus rien.
L’allée à cet endroit-là sèche aussi étrangère
au temps que se peut.
Ciel hors de portée sol immatériel.
Une pie au sommet regarde le visiteur
errer silencieux. Simple promesse les mots n’existent pas
pour dire ce qui adviendra. La cime balayera la nuit d’un seul
tenant, peut-être, la lune intermittente fera
clignoter les cônes gyrophares. Blancheur d’os
lorsque je lirai Ossip face à la fenêtre.

jeudi 24 janvier 2019

Narcose 45


Périe fut-elle - son histoire -


Périe fut-elle - son histoire -
laisse des traces
sciures au sol,
pleurs sous les voussures concentriques
du tilleul où la lune précoce pénètre
et bien des choses inexpliquées
- faut-il les expliquer ? -
Son histoire s’exfolie à l’image des tendons et des os
- crâne et cage thoracique de cet homme
 inanimé -  et disperse sa flamme

plus tard je retrouve la lune émergeant
du faîte du toit, d’une beauté à couper le souffle
- ça aussi - et me surprends à penser comme toi
la boue et la vie, l’eau et l’espoir -
en fait, je veux tout cela
n’y cherchant pourtant nulle consolation.

Et ce tilleul que je sais
bien qu’hivernal l'aïeul[e] de la voûte du tombeau 
Et que tout commence éternellement. 

mardi 22 janvier 2019

Narcose 43


Périssable - comme l'est l'homme


Périssable - comme l’est l’homme là-bas aux liaisons cérébrales
peut-être irréversibles on ne sait pas encore
c’est sa femme qui le dit ainsi ici sous cet éplorement de tilleul
plusieurs fois elle le répète
- une femme à la grammaire pourtant parfaite -
sans doute cherche t’elle à assurer la continuité ou la cohésion
d'un ensemble qui n’y paraît plus
ou bien
aujourd’hui que sa langue a fourché
ne sait-elle plus qu’une chose garante de la petite flamme
immatérielle qui reste à ce corps enfoncé
- pas même la face ou le poumon - : la conjonction
de leur deux vies.
Elle tremble.

Je pense à l’iris des marais
sa flamme souterraine -  par une allée d’iris et de lilas
sans qu’on en sache rien - que je vois
périe aussi à l’instant
sorte d’équinoxe entre ce qui est vu
et ce qui est pressenti :
ensemble en-terre

feuilles d’herbe en pardessus
( mais plus dures d’être vues ).
Corps sont renouvelables à l’hiver.

lundi 21 janvier 2019

Narcose 42


Il s'étonnerait de son nom


Il s’étonnerait de son nom
périssable Flambe d’eau pourtant quel flambeau
- gélif et sans combustion - 
pour peu qu’on lise sa langue - le néerlandais Gele lis -
jaune lys, feu avec les laîches
roi du lagunage et de l’épuration des eaux
par  déseutrophisation
- par tous les temps -
il s’étonnerait de son assourdissant
nom de tonnerre.

- à côté, le Ruban de bergère Phalaris
faux-roseau c’est un conte de fée !

dimanche 20 janvier 2019

Narcose 41


Flagelle et flagelle


Flagelle et flagelle.
Flamme en lisière, il - le gel - arrive
qui cautérise la terre
son histoire lasse.

Des mottes et des laines fracassantes
rendent au sol un seul son.

Pas de festin d’iris et aucune consolation.
Faux acore c’est un souvenir bien enfoui, quel nom
lui choisir ?

samedi 19 janvier 2019

Narcose 40


Il avance prolongeant le sillon


Il avance prolongeant le sillon
au cœur des chambres. Stances
et stations.
Il avance avec de simples signes pour lire la nuit.
Pour un peu il s'étonnerait du monde.
Maintenant le vent c’est levé
sur les cendres du sureau ces vergetures c’est
le cadet de ses soucis maintenant.
Vent qui ne joue plus de son sambukê
va fustiger d’autres crêtes !

vendredi 18 janvier 2019

Narcose 39


Le sillon est profond


Le sillon est profond et droit tracé par le désir
de l’homme-soc. Le coutre verticalement en avant pour fendre
cette nuit est encore dedans, qui se voit. L’ombre du grand sapin
son équerre sombre sur la terre fraîche obscurcit encore un peu plus la nuit
à ses yeux ses pointes émoussées malgré tout la balafrent.
Exactement comme ici, à l’emplacement des iris.
Les mains à l’image d’aigrettes non plus préhensiles volettent
en embrassant l’averse ou bien c’est le vent
dont lui non plus ne peut se soustraire.
Maintenant la lumière hivernale blanchit la terre.
Il s’agit peut-être de neige.

Espace éperdument ouvert. Science qu’avive le vent.

Il suit la ligne droite qui passe par lui
si près du sapin l’abri de ses branches
- hutte ou bûcher ou seulement une ombre enracinée -
ou bien cette nuit est comme un bestiaire découvert

Plus loin le peintre ( GG XX )

jeudi 17 janvier 2019

Narcose 38


Six figures extraites de choses vues


Six figures extraites de choses vues
et posées. Ce sont des jalons jetés en départ de sillon
mires pour le tracé et la lecture du soc qu’est ce sexe
- arme et désir plantés à rebours de la nuit de pauvre mémoire -
Six figures opposées à la matière - en lisière -
claires réalités campées dans la lumière aveuglante
( mes nuits suffiront-elles à décomposer cet éclair ?)
que l’allée traverse encore.

mercredi 16 janvier 2019

Narcose 37


L'onagre.


L’onagre.
( bien que ) déferrée  sous sa coupe
je suis l’allée - celle-là même où l’iris -
comme l’homme à tête d’oiseau
devant les Six figures inintelligibles six
témoins ( chacun maître-étalon ) arrachés à la terre - chaos de bête éventrée
nuit de racines enlacées sous des houppes
sapin, pailles, fleurs et os calcinés -
l’allée les traverse

mardi 15 janvier 2019

Narcose 36


L'onagre par exemple


L’onagre par exemple. Le parfum - frangipane têtu -
le parfum de sa robe temple-de-sphinx créée au bord de la nuit
brûle, le temps d’une question à propos de temps, puis ôtée
- en cinq sec à son pied déchue -
elle flambe à mes pieds soufrés je sais
Lazare alors rémanent ( et déferré )

lundi 14 janvier 2019

Narcose 35


"D'autres fleurs ont failli me perdre"


D'autres fleurs ont failli me perdre ou me trouver
à moi l’iris ouvre des - où ils vrillent -
des vues sur une autre rive - ciel froid si près ouvert à la houe -
je l’entends dire que tous les chevaux sont  lancés contre le vent ou
cavales lancées contre ce banc - dans l’eau tombées :
c’est un tombeau. Mais l’iris est là.
Dire : « Je suis Lazare et je reviens d’entre les morts,
Je reviens pour te dire tout, je te dirai tout »
et  « Non, ce n’est pas ça du tout;
Ce n’est pas ça du tout que j’avais voulu dire. »
- Eh bien ! Accrochez-vous aux branches !
( mes nuits suffiront-elles à décomposer cet éclair ?
mes poèmes à élucider ce mystère ? )
dire qu’il est là malgré qu’on ne le voit pas.

dimanche 13 janvier 2019

Narcose 34


C'est ce que dit


C’est ce que dit - édifie - Grégoire de Tour
qui explique ainsi l’usage de l’iris sur le manteau et la bannière de Clovis
( l’illustre, au combat le glorieux, le premier Loys )
puis des rois francs et carolingiens après lui.

Dont les rhizomes se mêlent aux nuages dans les reflets de l’eau
ce qui me bouleverse au printemps debout entre les saules
ciel profond caillebotté semé d’iris à mes pieds
- de la Vienne à l’Ognon à la Loue -
ce qui me touche aujourd’hui la terre effondrée
ouvre et renoue sous la houe
l’iris-fondation des berges et des ciels
fondation d’occident - terre de marécages -
et offre le passage aux hommes

Dont l’aigrette trifide sème au champ d’azur jusqu’à
prendre nom Semé de France par les Armes

Alors que
nous le savons bien
Alors que nous ne faisons tous que flotter
comme par accident au gré d’un souffle.

samedi 12 janvier 2019

Narcose 33


Grégoire de Tour a décrit le gué


Grégoire de Tour a décrit le gué
que formait sur la rivière en crue la colonie d’iris des marais
qu’une biche emprunta devant Clovis apeurée
montrant la voie aux armées de francisques et aux angons
c’était une biche qui fuyait le chasseur
- Qu’ils y viennent par-dessus les rhizomes épais !
c’est ce qu’ils ont fait : et l’iris a donné de sa flamme 
dans les os
et ils sont venus avec sa fleur
jaillie de leurs talons :
de la même souche ils tirèrent leur force