jeudi 31 janvier 2019
Rumex crispus
Rumex crispus
patience sanguine une prise
sur l’œil de l’hiver
et la stase des sens et des flux.
Astringence n’est pas jusqu’à la noirceur de ses valves
mercredi 30 janvier 2019
"Renouvellement qui étonne"
Renouvellement qui
étonne
( l’apparition inédite
d’un objet qui se crée en même temps qu’il se montre )
Qui regarde qui ?
Une frise inédite surgie au bandeau de la forêt :
quatre cervidés campés sur leurs pattes raidies
dans la position si caractéristique du profil figé
que je n’ai tout d’abord pas vus.
Dans la somptuosité du silence d’herbes gelées
là encore la dure
majesté de ce raffinement supérieur à l’opportunité
mardi 29 janvier 2019
Grandes lames d'iris
Grandes lames d’iris. Au pied la quintefeuille
qui lui succède - en
jaune accord - ici couvre la terre
dessine, rampante Main-de-Mars, ses feuilles
- comme une emprise - c’est un boutis surpiqué
ses rosettes persistantes attendent la fin de l’hiver
- mars, reprise de la guerre -
lundi 28 janvier 2019
Encore une fois le gel
Mon cerveau ce sera
vos circonvolutions cachées !
Racine lavée de l’iris d’eau ! bécassine craintive ! abri surveillé de l’œuf double ! ce sera vous !
Racine lavée de l’iris d’eau ! bécassine craintive ! abri surveillé de l’œuf double ! ce sera vous !
Encore une fois le gel a clôturé
la terre
et plus question d’aller à genoux
interroger l’absent.
Je l’invoque pour moi seule iris pour ma joie singulière
extraite de ce - car ici la joie existe aussi - avec un peu
de concentration
hors tout. Or tous
invisiblement
thym et temps, le bel œillet mignardise
que j’imagine disant ( comment
dis-tu, au fait ? ) le terrestre
lierre danseur, soif de gel et feu de tout bois, tous sont
présents.
Un oiseau piétine l’allée faisant chanter le sol.
dimanche 27 janvier 2019
Jadis
Jadis
pollen et semences, soufre dans les interstices
- L'anthère est fixée
au filet de l'étamine par le « connectif »,
soit par sa base, soit
par son milieu - rare
stigmate exhaussé. C’est l’axe
de la terre.
Alors que j’invente des osselets
que l’os à moelle remonte au jour - l’ordre du jour -
pierre et périanthe
ensemble - tous en terre : noue - je sais
que plus tard de nouveau croît la fleur adventice
là un sol rudéral se
formera
où l’iris faux acore vient surligner
arme et désir
endurer et bonifier : brandir l’étendard
Ce n'est pas moi qui
dis ce que je dis là,
Ce sont des mots
extraits de la terre comme des grains
d'un
froment pétrifié. samedi 26 janvier 2019
Chaque jour
Chaque jour
l’os et le cheval :
labour
est une bataille ( avec l’obsession )
- un cheval de bataille s’entend
qui dort dans les pensées les plus familières -
- au champ l’os rongé
du temps -
mais voici que des choses ordinaires
- motifs qui ont péri à nos pieds -
arrivent à fleurir encore
Sous les sapins
Sous les sapins plus rien.
L’allée à cet endroit-là sèche
aussi étrangère
au temps que se peut.
Ciel hors de portée sol immatériel.
Une pie au sommet regarde le visiteur
errer silencieux. Simple
promesse les mots n’existent pas
pour dire ce qui adviendra. La cime balayera la nuit d’un
seul
tenant, peut-être, la lune intermittente fera
clignoter les cônes gyrophares. Blancheur d’os
lorsque je lirai Ossip face à la fenêtre.
jeudi 24 janvier 2019
Périe fut-elle - son histoire -
Périe fut-elle - son histoire -
laisse des traces
sciures au sol,
pleurs sous les voussures concentriques
du tilleul où la lune précoce pénètre
et bien des choses inexpliquées
- faut-il les expliquer ? -
Son histoire s’exfolie à l’image des tendons et des os
- crâne et cage thoracique de cet homme
inanimé - et disperse sa flamme
plus tard je retrouve la lune émergeant
du faîte du toit, d’une beauté
à couper le souffle
- ça aussi - et me surprends à penser comme toi
la boue et la vie,
l’eau et l’espoir -
en fait, je veux tout
cela
n’y cherchant pourtant nulle consolation.
Et ce tilleul que je sais
bien qu’hivernal l'aïeul[e]
de la voûte du tombeau
Et que tout commence
éternellement.
mercredi 23 janvier 2019
- elle ne sait rien du temps
-
elle ne sait rien du temps
bien qu’il gise
à ses pieds -
la quadrature de toute fleur
résolue dans ce cercle de cendre
mardi 22 janvier 2019
Périssable - comme l'est l'homme
Périssable -
comme l’est l’homme là-bas aux liaisons cérébrales
peut-être irréversibles on ne sait pas encore
c’est sa femme qui le dit ainsi ici sous cet éplorement de tilleul
plusieurs fois elle le répète
- une femme à la grammaire pourtant parfaite -
sans doute cherche t’elle à assurer
la continuité ou la cohésion
d'un ensemble qui n’y paraît plus
ou bien
aujourd’hui que sa langue
a fourché
ne sait-elle plus qu’une chose garante de la petite flamme
immatérielle qui reste à ce corps enfoncé
- pas même la face ou le poumon - : la conjonction
de leur deux vies.
Elle tremble.
Je pense à l’iris des marais
sa flamme souterraine -
par une allée d’iris et de lilas
sans qu’on en sache rien - que je vois
périe aussi à l’instant
sorte d’équinoxe entre ce qui est vu
et ce qui est pressenti :
ensemble en-terre
feuilles d’herbe en pardessus
( mais plus dures d’être vues ).
Corps sont renouvelables à l’hiver.
lundi 21 janvier 2019
Il s'étonnerait de son nom
Il s’étonnerait de son nom
périssable Flambe
d’eau pourtant quel flambeau
- gélif et
sans combustion -
pour peu qu’on lise sa langue - le néerlandais Gele lis -
jaune lys, feu avec
les laîches
roi du lagunage et
de l’épuration des eaux
par déseutrophisation
- par tous les temps -
il s’étonnerait de son
assourdissant
nom de tonnerre.
- à côté, le Ruban
de bergère Phalaris
faux-roseau c’est
un conte de fée !
dimanche 20 janvier 2019
Flagelle et flagelle
Flagelle et flagelle.
Flamme en lisière, il - le gel - arrive
qui cautérise la terre
son histoire lasse.
Des mottes et des laines fracassantes
rendent au sol un seul son.
Pas de festin d’iris et aucune consolation.
Faux acore c’est un souvenir bien enfoui, quel nom
lui choisir ?
samedi 19 janvier 2019
Il avance prolongeant le sillon
Il avance prolongeant le sillon
au cœur des chambres. Stances
et stations.
Il avance avec de simples signes pour lire la nuit.
Pour un peu il s'étonnerait du monde.
Maintenant le vent c’est levé
sur les cendres du sureau ces vergetures c’est
le cadet de ses soucis maintenant.
Vent qui ne joue plus de son sambukê
va fustiger
d’autres crêtes !
vendredi 18 janvier 2019
Le sillon est profond
Le sillon est profond et droit tracé par le désir
de l’homme-soc. Le coutre
verticalement en avant pour fendre
cette nuit est encore dedans, qui
se voit. L’ombre du grand sapin
son équerre sombre sur la terre
fraîche obscurcit encore un peu plus la nuit
à ses yeux ses pointes
émoussées malgré tout la balafrent.
Exactement comme ici, à l’emplacement des iris.
Les mains à l’image d’aigrettes non plus préhensiles
volettent
en embrassant l’averse ou bien c’est le vent
dont lui non plus ne peut
se soustraire.
Maintenant la lumière hivernale blanchit la terre.
Il s’agit peut-être de neige.
Espace éperdument
ouvert. Science qu’avive le vent.
Il suit la ligne droite qui passe par lui
si près du sapin l’abri de ses branches
- hutte ou bûcher ou seulement une ombre enracinée -
ou bien cette nuit est comme un bestiaire découvert
Plus loin le peintre ( GG XX )
jeudi 17 janvier 2019
Six figures extraites de choses vues
Six figures extraites de choses vues
et posées. Ce sont des jalons jetés en départ de sillon
mires pour le tracé et la lecture du soc qu’est ce sexe
- arme et désir plantés à rebours de la nuit de pauvre
mémoire -
Six figures opposées à la matière - en lisière -
claires réalités campées dans la lumière aveuglante
( mes nuits
suffiront-elles à décomposer cet éclair ?)
que l’allée traverse
encore.
mercredi 16 janvier 2019
L'onagre.
L’onagre.
( bien que ) déferrée
sous sa coupe
je suis l’allée - celle-là même où l’iris -
comme l’homme à tête d’oiseau
devant les Six figures
inintelligibles six
témoins ( chacun maître-étalon ) arrachés à la terre - chaos
de bête éventrée
nuit de racines enlacées sous
des houppes
sapin, pailles, fleurs et os calcinés -
l’allée les traverse
mardi 15 janvier 2019
L'onagre par exemple
L’onagre par exemple. Le parfum - frangipane têtu -
le parfum de sa robe temple-de-sphinx créée au bord de la
nuit
brûle, le temps d’une question à propos de temps, puis ôtée
- en cinq sec à son pied déchue -
elle flambe à mes pieds soufrés je sais
Lazare alors rémanent ( et déferré )
lundi 14 janvier 2019
"D'autres fleurs ont failli me perdre"
D'autres fleurs ont
failli me perdre ou me trouver
à moi l’iris ouvre des - où ils vrillent -
des vues sur une autre rive - ciel froid si près ouvert à la
houe -
je l’entends dire que tous les chevaux sont lancés contre le vent ou
cavales lancées contre ce banc - dans l’eau tombées :
c’est un tombeau. Mais l’iris est là.
Dire : « Je suis
Lazare et je reviens d’entre les morts,
Je reviens pour te dire tout, je te dirai tout »
Je reviens pour te dire tout, je te dirai tout »
et « Non, ce n’est pas ça du tout;
Ce n’est pas ça du tout que j’avais voulu dire. »
Ce n’est pas ça du tout que j’avais voulu dire. »
- Eh bien ! Accrochez-vous
aux branches !
( mes nuits
suffiront-elles à décomposer cet éclair ?
mes poèmes
à élucider ce mystère ? )
dire qu’il est là malgré qu’on ne le voit pas.
dimanche 13 janvier 2019
C'est ce que dit
C’est ce que dit - édifie
- Grégoire de Tour
qui explique ainsi
l’usage de l’iris sur le manteau et la bannière de Clovis
( l’illustre, au
combat le glorieux, le premier Loys )
puis des rois francs et carolingiens après lui.
Dont les rhizomes se mêlent aux nuages dans les reflets de
l’eau
ce qui me bouleverse au printemps debout entre les saules
ciel profond caillebotté semé d’iris à mes pieds
- de la Vienne à l’Ognon à la Loue -
ce qui me touche aujourd’hui la terre effondrée
ouvre et renoue sous la houe
l’iris-fondation des berges et des ciels
fondation d’occident - terre de marécages -
et offre le passage aux hommes
Dont l’aigrette trifide sème au champ d’azur jusqu’à
prendre nom Semé de France
par les Armes
Alors que
nous le savons bien
Alors que nous ne
faisons tous que flotter
comme par accident au
gré d’un souffle.
samedi 12 janvier 2019
Grégoire de Tour a décrit le gué
Grégoire de Tour a décrit le gué
que formait sur la rivière en crue la colonie d’iris des
marais
qu’une biche emprunta devant Clovis apeurée
montrant la voie aux armées de francisques et aux angons
c’était une biche qui fuyait le chasseur
- Qu’ils y viennent par-dessus
les rhizomes épais !
c’est ce qu’ils ont fait : et l’iris a donné de sa
flamme
dans les os
et ils sont venus avec sa fleur
jaillie de leurs talons :
de la même souche ils tirèrent leur force
Inscription à :
Articles (Atom)