vendredi 31 janvier 2020
Elle prodigue sa lueur
Elle prodigue sa lueur :
dilapidation lunaire
sur la table qu’animent
pourtant les vents contraires
en trombes sonores autant que
dans la rondeur spéculaire où se perd l’appui
je pourrai peut-être d’un mouvement
faire une extension de réalitéjeudi 30 janvier 2020
Une crue de clarté
Une crue de clarté - ou d’ingénuité - prodigue
pour quelques justes minutes
le monde et sa ménagerie mouvante.
Sur la table, révolution
contournée,
accomplie dans un luxe éblouissant de verreries,
la lune épuise les distances. Quelle perte c’est pour
l’esprit,
mais quel profit pour la métaphore !
mercredi 29 janvier 2020
et aux éclats
et aux éclats. Une nuit de janvier
dont toute la crudité sur la table est versée
d'un coup de vent qui libère la lune
des houppiers à hue et à dia, sa crue
oblique inonde et jette un froid qui saisit,
dans la clameur délibérée d'un trop-plein,
il y a là l'abondance,
même à moitié perçue
d'un monde aux contorsions révolues
mardi 28 janvier 2020
Aujourd’hui : "La Planète [est] sur la table".
Aujourd’hui : La Planète [est] sur la table.
-Tu disais ? Elle
y est oui !
Tout comme l’esprit est sur cette table,
hivernal, comme la lune - regarde-la - ciselée
et visible au fond d'un puits,
la narcose se fait sentir quand on le cherche
avec les mots précis d’approximations assenties,
on s'avance avec des mots - regarde plus bas -
alors que dehors rugissant le vent
dans la nuit s’emploie aux accents impeccables
Wallace Stevens, La planète sur la table, The Rock, traducteur non connu.
Poème découvert sur le blog Beauty will save the world
( https://schabrieres.wordpress.com/2010/10/13/wallace-stevens-la-planete-sur-la-table-the-planet-on-the-table-1953/ )
lundi 27 janvier 2020
Il y a un monde ici
Il y a un monde ici et c’est un jeu d’optique.
Plus crûment que n’importe quel strident
girophare ce feu-là intime l’urgence de jouer.
Tu joues avec le
feu ? Oui. Feu par lui-même -
qui s’alimente - luit simplement et sans objectif
sur la neige autre qu’aller vers sa résolution.
Son giroiement - qui
ne mire rien* - est sa voracité
en prise avec le vent et son motif.
*Wallace
Stevens, Nuances d’un thème par Williams,
Harmonium, traduction de Gilles Mourier
dimanche 26 janvier 2020
Écarte, écarte-toi, mais non de la question.
Écarte, écarte-toi,
mais non de la question.
Regarde danser cet homme ingambe
qui franchit sans question des obliques et
des distances erronées, comme abolies,
le feu qu’il alimente - ou qui l’alimente qui sait ? -
distord les silhouettes et ses pas -
la rosace compassée de ses pas - fleurissent la neige.
Un fleurissement faste imprévisiblement
irradie au soleil de
janvier.
samedi 25 janvier 2020
La question s'épanouit dans l'air
La question s’épanouit dans l’air
là même où elle prit racine
au centre d’une clairière enneigée ( de
toutes pièces allégée )
- repoussées aux lisières assertions, allégations
dont nous fûmes les assiégés
- là où elle fut murmurée
marcescente - elle gémit sans cesse relayée -
ce vide étrange sur la neige étincelante
c’est une lumière peut-être
celle d’une pensée
Où était-ce donc ?
Oh moi je suis clouée
par un mal tendineux, dis-je
vendredi 24 janvier 2020
C'est une danse mesurée
C’est une danse mesurée.
Appuis répartis, l’ardeur résultant de la hache.
Accentuations, jetés, enjambements.
Il gerbe les branches au ralenti et en jurant.
Les escarbilles sont comme des fleurs.
Puis c’est l’embrasement subit d’un centre en expansion.
Une forge. Une bombe. Cadence de la résolution.
jeudi 23 janvier 2020
Puis le soleil s'en mêle et cascade
Puis le soleil s’en mêle et cascade
sous les feuilles du lierre ascendant
qui épouse chaque fût.
L’enserre, lui qui encercle de son faîte
le ciel rouge et railleur. Comment ?
un orant se tient là qui prétend quoi ?
L’oblation répond-il. Ah ! Je ne l’entends
pas, l’oreille violentée dans la lumière,
tant la place est nette, tant fracassé le bois.
Figée dans l’attente et le froid je suis
- aussi - une question de temps.
Je m’en remets confiante à la danse.
mercredi 22 janvier 2020
Dans la neige
Dans la neige
où des éclats attendent
les outils de l’ombre : hache paradoxale
billot littéral font la géographie
de cette hécatombe,
obliques et châtaines transversales
à bas mots rabattues
sur un cœur essoufflé
mardi 21 janvier 2020
Nulle conscience éveillée
Nulle conscience éveillée
mais l’oreille ausculte
ce dur accord
de fer et de bois.
Où es-tu ? Mol
écho dans la combe
pour revenir ici où brûle
- brûla - une vie. D’autres vies
en ont vu d’autres, des hêtres dans
l’attente, la question en défens, et encore,
des itérations et des
gestes répétés.
L’intervalle d’un pas abîmé dans le bois,
entre les fûts, par-dessus les grumes écimées,
ébranchées, prêtes à débarder
dans la neige étincelante, avec seulement
l’égalité des deux jambes pour être.
lundi 20 janvier 2020
L'art est un muscle qu'il faut entraîner
L'art est un muscle qu'il faut entraîner, suggère Henri
Cole, pour qu'il
- pour que le langage -
conserve sa force - de frappe ? - comme la hache qui s'abat
- ha ! la hache ! la hache pour la mer gelée en nous écrit
Kafka
dans sa lettre à Oskar Pollak en janvier 1904 -
l'exerçant sans relâche on s'aperçoit que cette hache est
un point d'interrogation, lettre tenue en italique, l'oblique d'une interrogation
en suspens sur nos têtes comme sur ce hêtre,
au dessus de la question qu'est, ou que représente, ce
hêtre.
Henri Cole, Paris-Orphée, Le bruit du temps, "un muscle de poésie s'exerçant pour conserver sa force"
dimanche 19 janvier 2020
Pourtant il danse.
Pourtant il danse. Le compas de ses jambes
arpente, aussi vite que les aiguilles d'un cadran,
dressées perpendiculairement, l'espace d'une minute consenti
en seconde, le pourtour d'un cercle brun
découpé sur le sol blanc.
Feu au centre - une fleur -. Le hêtre garde - hautement -
le ton de son être, en son for hêtre,
et fort de sa question de temps
estimée - à bas mots - à quelques heures.
Nulle conscience éveillée ne calcule, quand un rai vient
bissecter le plan -
ni tension ni position - alors que s'élèvent dans l'air
les aigrettes insolentes et volubiles
d'un réticule calciné - des fleurs
encore.
samedi 18 janvier 2020
X fois il enjambe la lumière.
X fois il enjambe la lumière. C’est la géométrie prenante
d’une danse - terrestre -
d’équerre avec le hêtre
et qui l’aliène
vendredi 17 janvier 2020
Oblique, avec les grandes ombres d’un feu
Oblique, avec les grandes ombres d’un feu
qui luit aussi
au centre d’un cercle plus sombre. Les rais font l’air
dans la futaie éclaircie
qu’enjambe l’homme isocèle - toujours à la légère -
jeudi 16 janvier 2020
À travers le fatras des branches
À travers le fatras des branches
et à travers le taillis
la distante lumière de janvier arrive
filtrée.
Observer le solstice ici
c’est connaître à jamais l’oblique
- que la neige avive -
mercredi 15 janvier 2020
Je veux du robuste
Je veux du robuste comme le fer ou le bois.
Nul ne possède ce que j’ai : un poème est à faire.
Reste un hêtre
dont la substance consonait avec les arbres de ce bois :
droits acacias, frênes élevés, charmes, ah charmes communs,
si peu ordinaires,
et des chênes sessiles.
De concert les feuillages marcescents
- ainsi de tous ceux qui sont à terre
et qu’il accable -
frémissent et
de concert
ils bruissent avec le vent.
mardi 14 janvier 2020
Et la H n’y est pas pour rien
Et la H n’y est pas pour rien, laquelle ainsi s’y entend.
Quelque part il y a la
guerre, l’ennui, des réformes ;
Des feux dans le bois éclairci.
Un homme occupé à écimer, solitaire.
Le matériel est posé dans la neige : les bidons
et la tronçonneuse, la veste couchée sur la grume énorme
la hache plantée dans le billot.
Tout est sombre, les fûts épargnés sinuent derrière les
flammes.
Le bois se cube et se vend au stère.
Il faudrait l’avoir fini.
Derrière un hallier comme en défens
ce hêtre qui est une question de temps
qui est - on veut voir un défet tant qu’on dirait de
lui : dépareillé.
Le hêtre dans la brise rumine sa h ( oblique.
Ici s’abat la hache, d’un coup de glotte ) :
comme une fricative et aussi comme une question,
et la question est
topique. C’est l’être.
The how ( the howl )
only
is at my disposal (
proposal ) : watching -
colder than stone .
lundi 13 janvier 2020
"Je suis une question de temps"
Je suis une question
de temps* dit ce hêtre
- ou le lui fait-elle dire et elle s’y entend -
et je me demande : comment ?
car temps et manière sont indissociables
tant la question est l’attribut même de l’objet : le
sujet.
Il est au présent, durable soliste de concert,
ce qu’est un soupir dans la mesure immense du mouvement.
Et la H n’y est pas pour
rien, laquelle ainsi s’y entend.
Quelque part il y a la
guerre, l’ennui, des réformes ;*
I cannot say
more than how. The how
( the howl ) only
is at my disposal (
proposal ) : watching -
colder than
stone .**
* Isabelle Sancy, sur le blog En-paraison, Station VII ( Le hêtre )
**William Carlos Williams, Paterson, II
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