samedi 30 avril 2022
Feux.
Feux. Il y a tant à résoudre. Fusain et
cornouiller tant ignorés, voici encore
un mécompte, du bois dur dont on faisait
les lances. Mon fils en porteur de sarisse
traverse le préau.
vendredi 29 avril 2022
(Ou l’inverse)
(Ou l’inverse). Campagne au si doux visage,
qui fut le théâtre d’opérations, chaque buisson
- oh ! la fatale anthropisation -
bruisse exubérant d’histoires,
chaque arbre frémit dans les haies, les dépressions
et les dolines immémoriales, non trous de mémoire
mais puits
et caches aux troncs tors
et branches contortées, et haut chevêtre
où si des jambes gambillent
ce ne sont pas pendus mais jeux d’enfants,
et vigne-blanche qui faseye.
Feux de broussailles parfaitement résolus, non
demi combustion des corps et des ruines
(par manque ou excès de comburant).
jeudi 28 avril 2022
Soit chacune d’elle le pavillon
Soit chacune d’elle le pavillon du
printemps en action.
À ce théâtre d’opération (le verger)
nous convoquons la vie, ses ombres divisées.
(Ou à chaque théâtre sa campagne).
mercredi 27 avril 2022
Errer.
Errer. Emprunter le paysage, doucement
approcher les fleurs au verger : il sera toujours temps de.
Considérer les charniers. Avide et
claironnant,
le monde est là repris dans chaque fleur de
pommier.
mardi 26 avril 2022
Maintenant
Maintenant le ciel est encerclé
par ce mouvement conversant de
l’aigrette
pivotant sur elle-même
et la volte des rameaux.
Un bleu détouré louvoie sur son herbe.
(il est vrai que la sensation
n’a pas de forme). Une
vérité par jour, a-t-il dit,
un monde par sensation.
Gérer l’épars,
le poème a cette économie.
lundi 25 avril 2022
Mais ce n'est pas avec l'esprit d'escalier
Mais ce n'est pas avec
l'esprit d'escalier qu'on élève sa vision !
Oui. Avec l'esprit d'escalier la concaténation
de cause en effet (de nez de marche en nez de marche)
se poursuit sans observation. Nous voici à la chaîne
(des chaînes aux pieds de la lettre, en le descendant),
tandis que celui qui va le nez au vent, sans chercher la
répartie ?
Prendre l'air. Voilà tout ce qu'il veut.
Et restituer (n'est pas rétorquer, en aucune façon).
La semence dans sa légèreté germe où elle atterrit.
Séquence d’accommodations, enchevêtrement indécent et
arrangements
alors, valse-oscillation lente des ramilles,
exposition charmante, herbe longue
(qui majore l'eau et délie l'aigrette)
oiseaux oiseaux
oiseaux
(toute chose dont j’ignore la forme sinon passagère,
variation de lumière et d’air)
je m’égaille avec vous et j’ajuste brièvement ma forme passagère
(l’affilant comme l’est l’aigrette)
à la forme qui réjouit.
dimanche 24 avril 2022
(C’est ère que j’aurais dû dire
(C’est ère que
j’aurais dû dire. Voici l’ère
de l’aigrette.
Voici l’aigrette qui s’affranchit,
après qu’a éclaté la sphère parfaite - la somme
des aigrettes est une espèce de joyau indivis qui orne le
présent
au pieds de cippes déboulonnés, couchés dans l’herbe - mais fragile.
Si cette sphère manifestait l’espace à travers sa figure,
à travers la congrégation des parties,
l’aigrette fait voir la forme des mouvements de l’air.
grâce auxquels elle s’émancipe.
Couchés dans l’herbe alors
sous l’arbre vertébral et la ramille légère - la grille
qui nous ressasse - alors,
- nous aussi sommes occultés par l’herbe - je voudrais qu’on
fasse (juste un instant)
fi des figures et des images, des morts immortalisées
-tu voudrais
quoi ? Un peu de désorientation
et de grâce - de grâce ! -. Un peu d’anémochorie !
(qui n’est pas un
sport mais un transport)
Paroles en l’air !
Paroles éparses ! Vivez !
samedi 23 avril 2022
Ici ici ici.
Ici ici ici.
Et là.
Le soleil brille. Voici
venir le règne de l’aigrette.
L’acuité éparse en suspension.
vendredi 22 avril 2022
Plus près.
Plus près.
La boue s’accroche aux bulbes. Obus non.
Trous, non. Turricules abondamment dispersés
parmi l’herbe, symptôme de la bioturbation verticale
dans le substrat.
Et puis dru. Poussée à
la volonté verticale - mais au ras des pâquerettes
vraiment -, cette gloire des champs de bataille
s’écrase pour mieux briller.
À la mitraille se prête.
jeudi 21 avril 2022
Un dos que caresse l’œil
Un dos que caresse l’œil. Forêts de poils
et festons. Les respirations sourdes et la vapeur
dépaysent. La lente percolation des terres
irrigue aussi subtilement les images surimprimées
de fosses communes et d’ossuaires à ciel ouvert.
mercredi 20 avril 2022
Ici les sillons
Ici les sillons suivent doucement le relief,
grassement déversent
sur l’absent (nez en l’air) leur prodigieux flanc.
Au soc et au versoir ciselée la prodigieuse fertilité
de cette (paisible) triade heureuse, terre, pluie, vent.
L’anticlinal graphique s’y lit comme
un lit de signes paisiblement couchés, loués
pour leur forme animale.
Et les syllabes entendues rivent l’œil errant,
la pluie fait le reste.
mardi 19 avril 2022
Parmi les fleurs
Parmi les fleurs je suis.
Je progresse, je consigne (l'acceptant) l'implacabilité
printanière.
J'observe le procès du vivant, ses prolongements, et
de la réserve se déduit ma méthode. C'est
elle qui me préserve de l'inconséquence.
Si au moins j'avais l'implication du chien ou de l'escargot.
(l'ai-je, ou non ?) Avec un chant pour chacun
plutôt que le mécompte de ces pertes, ces répétitions
indéfinies, indéfiniment listées. Ça ne suffit pas.
Et puis comment comptabiliser la souffrance ?
La pauvreté des proverbes ne résout pas le procès.
Il y a toujours la digression (mieux vaut la digression,
l'adjectif capiteux incarne mieux la brièveté des visages,
l'interminable saccage des vies. Les plus prosaïques
variations
du paysage.) Tu ne veux pas courir le risque de l'indigence
?
Qu'est-ce qui suffirait ? Une pincée de sel ?
Un lavage de mains ou
une bonne sanction ?
Le chant (comment) purge les peines.
Depuis toujours il suffit.
lundi 18 avril 2022
Prétention, non.
Prétention, non. Tension ? Vocative attention ?
Sinon, comment rappeler les volatilisées ?
Comment relever tant de morts ?
Et les sapins, leur audience haute
inaugure la haute saison des amours.
dimanche 17 avril 2022
Allons quel bon sang ?
Allons quel bon sang ? Bon sang ! (y en a-t-il
seulement du mauvais ? Ou est-ce encore et toujours
la même atroce farce, qui sème quoi ? En
l’occurrence rien.
Qui sème derrière soi la désolation et la table rase est
mise.)
Et toi postée sous les sapins avec ta prétention
à la narration.
samedi 16 avril 2022
Arbres,
Arbres, c’est votre intégrité qui se répand-là.
On dit que la floraison coule.
(quel bon sang abreuve le sillon
de notre joie printanière)
La charpie vous confond et nous libère.
vendredi 15 avril 2022
(Et tu n’es pas
(Et tu n’es pas tout à fait surprise
quand la neige vient te secourir. Le silence
tombe fragmentaire sur la cerisaie, décorrèle la vue
de l’appréhension.
Chaque corolle te hante, fille de l’air.)
jeudi 14 avril 2022
Elle m’éblouit
Elle m’éblouit - par sa charge dont l’insolence -
dévale la pente
(le verger tout entier s’immole,
la brûlure l’innocente tout en assurant
son triomphe).
mercredi 13 avril 2022
Sapins
Sapins, c’est mon programme envoûtant,
branches incurvées chargées de nouveau
- de haut en bas le bleu -, s’y insère à travers
la braise indécente des cerisiers
une forme de blanchiment des bannières.
mardi 12 avril 2022
Voici les détails
Voici les détails (cet instant donné
- de grâce -) : aiguilles entre les racines résurgentes,
un lit d'écorces, le lierre y est matelassier pour
l'indolence
(un artisan compagnon en la matière),
et la manière, lumière tamisée,
pour toi, pour moi. Au faîte les ébats déliés
des tourterelles je les entends sans les voir. Un
étendard flotte. Instant quelconque par sa fréquence,
sa douceur - la douceur est commune - mais néanmoins réel.
Cela qui fait appel. Quelle fatalité
voudrait que douceur et lumière accordées
ne soient pas relevées ? Non. Aucune.
Être - l’inlassable - invétéré en ce jardin
- qui n'est pas un refuge, ni une formule trop simple -
qui est un
point de comparaison et de départ.
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