samedi 31 juillet 2021
C’est mon affaire.
C’est mon affaire.
Cette petite chose chancelle dans l’air asséché
ou sur la pierre méridienne le gnomon forgé
oriente un hasardeux lacertidé podarcis muralis, mais si peu,
la chose est si imprédictible !
Est-ce que la brûlure est une fatalité ?
Le sol ressuie, le mur blanchit. De nouveau
l’ombre habite
l’édifice qui a failli par le ventre
de nouveau il arpente
la page ensoleillée
sur laquelle je suis alitée.
vendredi 30 juillet 2021
Et j’honore le vivant instinct
Et j’honore le vivant instinct de leur raison. Fais
une construction réaliste à partir des choses vues,
si petites soient-elles, qui sont chaque fois un tremblement
du réel.
Chacune est le passage unique d’un réel perpétuel, commun
et si singulier : communauté de péril et de
solitude, dit l’autre.
jeudi 29 juillet 2021
car la nature
car la nature est quête de contentement.
La seule gloire est de
survivre, voilà ce que nous disent
ceux qui côtoyèrent la mort au quotidien.
Et les fleurs, et les chiens. (Au-delà de la gloire : ce sont les mots de la réalité.
La mort en est.) : alors je révère la
gloire des fleurs et des chiens.
mercredi 28 juillet 2021
La mort se sait
La mort se sait plutôt qu’elle ne se vit,
mais quand on y pense, ce savoir, c’est lui qui donne précisément
son goût
et sa température à la vie que nous nous faisons : la
réalité.
Et toi, tu ne changes
donc pas ? Si, bien sûr que si, me voici,
variations de l’attente, joyeuse par nature,
mardi 27 juillet 2021
Qu’est-ce que ça veut dire ?
Qu’est-ce que ça veut
dire ? Rien. Toujours la même chose.
Le réel ne change pas, quoique nous prenions soin de changer
le décor.
Je me suis partout où je vais, je suis comme la mort
présente en chaque souffle, chaque effleurement.
Un goût de détrempe dans le ventre des murs.
Ne disais-tu pas « perpétuelle
première fois » ? Perpétuel
est réel, première fois est réaliste : c’est ce que
nous éprouvons,
ce que nous transcrivons, sentiment de la nouveauté,
surprise,
émerveillement (éventuellement) : une représentation.
« Première fois » évoque la vie
élaborée, décomptée, ordonnée.
lundi 26 juillet 2021
rien ne peut se comparer
rien ne peut se comparer, dit l’un. Alors ?
C’est une question de placement et de sonorité.
Il y a un mur nouveau où il y avait un mur, bâti dans
ses fondations mêmes, avec les mêmes pierres qui ont déjà servi,
mais autrement agencées,
et qui rendent un son différent.
C’est dans ce fruit-là que nous mordons, espérant
trouver le goût singulier - ni meilleur ni moins bon -
du présent dans le temps de la fabrication.
Nous ne nommons rien, a fortiori rien de neuf.
dimanche 25 juillet 2021
Scellé
Scellé, dans un geste d’imposition.
Puisque tes mains se retirent. Le mot du mur
contient les pierres, le mot contentif n’attend
maintenant plus qu’un point d’orgue : une faîtée de
dalles
comme de cloches secrètes. Pourtant
samedi 24 juillet 2021
de réparation
de réparation. (pas de consolation cependant quand je te
vois
apparier ces pierres, tes mains font les rapprochements,
elles seules suggèrent la forme et le fruit est donné
finalement
dans la hauteur. Mais la contention à toucher, à chercher,
l’occulte satisfaction de l’élévation.)
Je vois tes mains qui sans voir contestent la rugosité des
faces,
jaugent les largeurs. Angles et arêtes avivent ce que les
jointures craignent :
crudité trop crue. Au moindre choc - un mat ébranlement de
l’espace -
descend la fourrure. C’est que sondée l’âme résonne dans ses
vides.
Quand tes mains s’arrêtent cesse le chant.
vendredi 23 juillet 2021
(je rêve encore
(je rêve encore d’un rouge -
ronce ou pavot - dans la matière de l’été,
mais non. Mots noirs de pluie.
Le fruit est noyé avec les murs,
nous, inondés sous les sarments.)
jeudi 22 juillet 2021
La forme
La forme fut trouvée en amont de nous, bien en amont.
- Chaque moellon à peine ébauché renferme sa fonction. -
Nous, avec la boutisse et la panneresse, ou encore la
parpaigne,
on cherche l'alliance, retournant le geste à des fins d’accord,
de complicité, d’entente avec les éléments
mercredi 21 juillet 2021
Car chacune
Car chacune, bien qu’elle se taise, convoque dans l’opus
l’opus tout entier : souvient et soutient la précédente et
la suivante.
Nous allons avec les pierres, nos mains ne voient pas
mais entendent l’accord qui se lie avec la clef
afin que remonte l’été.
mardi 20 juillet 2021
(C’est de la dynamite !
(C’est de la dynamite !
Trois ou quatre orages à propriétés brisantes
combinés à la matière absorbante - inerte ou active, au
juste ? - du temps,
ce vide ourdi entre les lits comme un complot :
l’énième explosible
a raison de nos murs. Ils crèvent comme des bulles,
s’écoulent mais sans disparaître, causant une solution
de continuité dans la vision déterminée des confins.
Alors au pied du souvenir on retourne chaque pierre
- toutes présentes mais muettes (ou inaudibles), murées
elles renferment leur fonction -.
Nous, avec ces ébauches, on tente une
reconnaissance.)
lundi 19 juillet 2021
(alors que
(alors que tenue par le programme, l’intention morcelle
l’émotion), parce que je ne suis pas la simple spectatrice
de la débâcle. Parce que, ferme et constante, durable aussi
par l’instinct et le maintien mêmes de la fleur et de la bête,
je peux jouer tout comme toi, Amelia*, avec la tête de mort !
*Amelia Rosselli, Document, La barque, 2014, p. 136
dimanche 18 juillet 2021
Lequel érode l’âme des murs
Lequel érode l’âme des murs.
Les pierres se délitent et coulent. Alors qu’attends-tu
pour t’émier avec
elles ?
Mais justement on y vient. Et j’essaie de relever
tout ensemble, pierres et mots en rangées de sonorités
samedi 17 juillet 2021
Est-ce qu’une fleur abandonne jamais ?
Est-ce qu’une fleur abandonne jamais ? Le plantain
est solidement ancré pour le témoin oculaire
- il n’y a que lui qui résiste au régime que nous infligeons
à l’herbe
(l’égalité de mise à chaque brin, la table rase au nom de
l’œil) -
Approche pour
voir ! (sa poudre
aux yeux fertile, pour voir si se consume la mèche).
Regarde mieux !
(et il y a ce désaccord de violons
qui fait rage sur le pré, un vaste réquisitoire,
sérotinal, unanime). La main est rouge orangé,
explosive.
Mais moi je l’ignore ; je reste devant sa beauté apicale,
étroite et sourcilleuse. Sous le poutrage menaçant (
pour la gloire de personne).
Le tilleul, qui est de la couleur charpentée contre le soir,
prévient l’orage.
vendredi 16 juillet 2021
t’empêtres dans ta petitesse.
t’empêtres dans ta petitesse. La vue est basse,
avide de profits vite pris, ni vu ni connu tu suis l’idée
qui te précède, au doigt et à l’œil, servile jusqu’à l’os.
Mais si tu refuses toute préconception, tu t’exposes à errer
longuement parmi les voix dans le paysage mouvant,
mi fantôme mi femme (ou oiseau) - visage en cours - la
réalité
que tu produis en l’exaltant te constitue en retour, toi
exemple humain d’indécision de genre et de fonction,
d’indolence et d’ardeur, de veulerie et de ténacité.
Tu t’instruis en observant l’œil des pavots
dans l’intervalle de sa dissipation
pris qu’il est comme toi dans la palpitation
de l’espace magistral, un corps qui s’évertue
et se défend. Contre
quoi ? De, plutôt de. Se
défend
de la tentation d’abandonner par anticipation.
jeudi 15 juillet 2021
Et est-ce qu’on a seulement l’air de ce qu’on est ?
Et est-ce qu’on a seulement l’air de ce qu’on est ?
Le plus clair du temps, on contribue à se brouiller la vue
soi-même
avec le programme, lui-même régi par l’intentionnalité.
Peut-être est-ce notre façon à nous, humains,
de nous maintenir à flots, l’air de rien - le maître-mot -,
peut-être, oui, mais
que faire ?
Rien. Laisser le poignard du réel fouiller la plaie,
regarde-toi, en
quête de lui, curieuse de ce qui touche
et avive,
et tu l’invites à venir plus profond, regarde-le.
La catastrophe, c’est quand tu le perds de vue :
tu perds la face,
mercredi 14 juillet 2021
qui s’empare de nous
qui s’empare de nous : voyons comment démarrer. Démarrons !
Déroulons (on peut dire que c’est le paysage, précisément, ce qu’on en fait.)
Réverbération multiple d’un visage humain comme sur la vitre
d’un train.
Et cette question : qu’est-ce
qui reste là, un homme ou un poème ?*
Ah ! Ou bien un paysage.
*Cees Nooteboom, Le Visage de l’œil, Actes Sud, 2016, traduit du néerlandais par
Philippe Noble
poète et poème que j'ai découverts sur le blog Beauty will save the world
mardi 13 juillet 2021
ou plutôt
ou plutôt comme la conque marine où est reclus
le son de la mer, mais notre oreille c’est celui du monde -
corvée aux bords de millepertuis et de chicorée plus
laiteuse,
euphorbe Petite Éclaire « celle qui regarde le soleil », rouge-queue
discret couleur de cendre sur la table rouillée,
des rencontres familières, héron, chat marron au fond du
jardin,
chiroptères traversants avec le moyen duc -
c’est le son varié du monde qu’elle amplifie, faisant
la synthèse d’éléments simples - eh bien ! -
être tout entier fidèle à cette oreille et à ce
son
lundi 12 juillet 2021
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