mardi 30 avril 2024
et moi l’écheveau
et moi l’écheveau
de trop
la cavale
(mais veaux, vaches)
assourdie sur le sol mou.
lundi 29 avril 2024
(et s’égosillent)
(et s’égosillent)
informe élancement résurgent
de sous la souche
le terreau amortit la chute
chut !
l’ortie vite
l’ortie retrace
trame elle aussi
s’étoffe
suit les ondulations de la paroi métallique
c’est ainsi qu’un chablis nous cache le jour
tout près
la mer houleuse des ronciers
où j’ai longtemps rêvé un chat
accuse la pluie
poc
dimanche 28 avril 2024
(des floraisons complices
(des floraisons complices
s’époumonent)
ça sonne creux
ça sonne là
sous les ronciers fertiles, poc
poc, écument les vies tambour battant
ça bouillonne
samedi 27 avril 2024
Et je suis ta voix
Et je suis ta voix
idiophone
s’amplifie ton air
quand pluie trame
il pleut envers
poc poc (rouge adverse)
contre le bidon à fuel, la rouille exacerbée
vendredi 26 avril 2024
clôture et muret
clôture et muret varient leurs coordonnées
topographiques et perspectives
(piquets obliques à la mesure de la valeur angulaire,
de l’heure)
tout est dérouté
quand un jeune frêne outrepasse la ligne
et suit l’horizon
je rentre dans ton paysage
jeudi 25 avril 2024
des ronciers
des ronciers, une mer
sombre
embrasse l’embâcle
des houles l’éloignent
le ramènent
le malmènent
surnagent le seau et le ballon, le bidon métallique
mercredi 24 avril 2024
Vue enlierrée
Vue enlierrée : le poids de l’ombre-bien-avant-l’ombre
brisant les piquets d’acacia
la clôture en chavirant
entraîna le naufrage d’une flottille de buis
(de faible tonnage qui mouillait là)
puis par ces pertuis a déferlé la brousse
sur un embâcle naturel dont le temps seul est l’artisan
et l’expédient
- le glissement d’un seuil permanent -
que la végétation elle-même comprend
et contourne par le haut
(toujours plus en hauteur, les câbles de la vigne-blanche
hissée aux mâts
et aux vergues qui s’inclinent jusqu’à la vague)
mardi 23 avril 2024
boucles flottantes
boucles flottantes
pétioles lascifs
on ne sait pas qui
des fleurs du cerisier ou des sarments de Clematis vitalba
contribuent le plus à la formule
de l’équivoque vernale
une éblouissante promesse à l’œuvre
autant que
la trahison complice de nos espoirs
(parce que nous pensions y retrouver ces petits buis)
et enlierrée.
lundi 22 avril 2024
Un monde pérenne
Un monde pérenne
qui se consacre (allègrement) à son économie,
il n’y a qu’à voir la liesse - chère li[é]e - de la vigne-blanche
dans les branches de cerisier
l’austère enserrement (mais l’enlacement pondéré)
les fleurs délicates sous-tendant ces rudes sarments,
en vue de la liaison fruitive
dimanche 21 avril 2024
Cette haie
Cette haie, d’une vitalité intensive,
à la dépense pourtant sobre et prudente,
- usage exhaustif de l’espace, de la lumière,
toutes dimensions déployées -
convertirait à la circonspection n’importe quel visiteur dispendieux.)
samedi 20 avril 2024
nulle interprétation cependant
nulle interprétation cependant quand
les capsules creuses des fusains pendulent devant l’œil
(toute interprétation étant abusive
il faudra éclaircir sans élucider,
ne cherchons ni ne rêvons de raison à cette structure profonde,
ni de présage pour nous.
vendredi 19 avril 2024
et ce paysage
et ce paysage est un concours de morts qui admet la vie
et qui l’étaye
la cépée écartelée du coudrier
la ramure passible d’un frêne pour l’ascension de lierre
qui perd gagne, et c’est l’éloge de la ruine
pour le socle solidaire, pour l’échelle infaillible :
rien n’achève jamais la chose achevée
(sauf peut-être mon œil épris de rationalité soudaine :
éclaircir pour relever ce muret)
la chose que je vois en championne toutes catégories de l’économie,
avec l’exaltation que cette art requiert
paysage vertical, monde profus, recomposé,
déjà ma phrase à vau-l’eau sur cet entrelacs éblouissant,
contre-jour
aveuglant de réalisme
jeudi 18 avril 2024
ma propre chair l’éprouve.
ma propre chair l’éprouve. Ma chair
en réponse, œil pour œil, pour évaluer
cette profondeur aggravée
(malgré ma difficulté à accommoder)
surtout qu’un automne s’est plu a glorifier la mort.
Là, il fait la roue, cet œil vulnérable
tout autour et au cœur de cette parade printanière
où ne reprend que ce qui l’entend
où ce qui est mort est là, pour autre chose,
entrelacs mystérieux d’utilités et d’usages,
avec un vieux seau et un ballon pour couronner
rentre dans mon paysage dit la haie
mardi 16 avril 2024
ce débordement par le haut
ce débordement par le haut
à tous les registres, bientôt indépassable,
que je devrai moi aussi tailler, yeux qui ne demandent qu’à voir,
gemmes miraculeuses, diaphanes dans le rai clair,
qui perlent à chaque embranchement
lundi 15 avril 2024
vers le coudrier
vers le coudrier qui redoutait le vent (ici aussi c’est
l’esprit de la vie qui taille dans la vie, ici aussi)
de plein fouet j’y vais, cinglée,
car de toute part la haie cerne le monde
et exulte (et m’exhausse, moi qui suis maladivement soumise à la terre)
dimanche 14 avril 2024
Je suis là.
Je suis là. J’avance vers le camérisier.
Une infime chose, puis une plus insignifiante encore
(l’humble perpétuation de son intensité vernale -
le si fin dessin de ses jeunes feuilles, la modicité
du feuillage mais d’intense clarté -)
samedi 13 avril 2024
Allez ! De viorne lantane en troène de Chine
Allez ! De viorne lantane en troène de Chine
(de Charybde en Scylla)
fuis la beauté pure,
ses minuscules fruits épinglent là
tes doutes, toi, tes questions purement questions !
vendredi 12 avril 2024
J’approche de la mancienne
J’approche de la mancienne, maussane,
pour ses cordons (pour mes fagots)
la fleur de lait caille déjà au centre
d’un déploiement de feuilles gaufrées.
Fuis en raison du parfum la viorne lantane !
jeudi 11 avril 2024
sur le motif
sur le motif
sur ces lieux de lumière, je viens
alors que supervisant la haie
il conduit de main de maître (bientôt maître
de l’ombre) l’avancée printanière.
mercredi 10 avril 2024
comme en visitant la haie
comme en visitant la haie,
on relève les manques
on s’étonne des nouveautés
on devra questionner le fusain
comment vont tes hyponomeutes ? et de l’érable champêtre
scruter le haut lignage
(toi cocher qui tient la haie au cordeau
diligent aurige, maître
à la parade, de main de maître)
et où vas-tu ?
mardi 9 avril 2024
Printemps :
Printemps :
non non
le monde ne s’exilera pas du monde
(c’est seulement l’humain, lequel quelquefois…)
mais voilà l’illusion nous fait dire : rien n’est perdu,
alors qu’on le sait bien, c’est plutôt : tout n’est pas perdu qui s’avère l’expression
adéquate (nous nous rendrons bientôt compte du retentissement
par le vide,
ce pur scandale,
de tout ce qui n’a pas repris)
lundi 8 avril 2024
Attends attends attends
Attends attends attends
comme le rat dans l’âme
enroulée sur toi-même
que la fumée te porte dans une autre réalité ?
À coté une haie frémit qui est bien vivante.
dimanche 7 avril 2024
J’endosse la nuit
J’endosse la nuit, là, devant ce feu
il est 20 heures en mars
un trop vaste pardessus d’où mon transi
discerne de menues connivences entre les flammes.
Bien sûr ce feu est un lieu intense
- pas un sujet -
(et moi qui l’ai initialement allumé je suis l’accident,
la contingence (au mieux l’agent de liaison)
dans la nuit confondue en ce lieu -
rien moins que radicale -
ou bien étant la racine divertie
détournée de sa fin
j’incendie, j’affabule, je diverge)
qui a le pouvoir de mener à un autre lieu
de transfigurer le geste
mais l’expérience demeure incomplète
- infléchies les intentions
déviée la sensation -
(le procès suit la combustion des aromates et des sarments
se tortille avec eux et s’effondre en brasillant)
(c’est là la progression de mon histoire)
emportant tout le ressentiment
mais pas jusqu’à l’affliction.
samedi 6 avril 2024
alors je cède à la tentation de la chaleur
alors je cède à la tentation de la chaleur et je rêve.
Je tends les mains. Affres de tisons et d’épines, tandis
que le dos tourné vit l’autre effroi.
Tandis que toute la nuit vient se regrouper là,
il arme sa courbure - ô combien,
combien porteuse -
et lui fait une monture consentie.
vendredi 5 avril 2024
car le feu est feu
car le feu est feu et n’a pas besoin de mon ardeur
- ma présence quémandant son motif comme gage d’authenticité -
pour brûler
et, à la rigueur, je devrais pouvoir me passer
de la réflexion - sans parler de la rétrospection -.
Car je choisis de me faire face en veillant ce feu
sentinelle de moi-même avisée
ou plutôt non
démunie
(puisque me manque toujours le fondement animal)
puis la flamme attisée relance - ce tétraèdre dont
rien ne manque -
alors je vois que le feu a sa fin dans la flamme
comme l’expérience dans la formule