lundi 16 mai 2022
Avec avec avec
Avec avec avec
tout ce qui est. De par la vicissitude ne serait-ce que des
heures,
des jours, toujours plus vivant - car plus touché -
et plus conscient de sa trame.
Car sa voix lui vient - aussi - de ces révolutions.
Ses joies d’ébahi devant le signe
- d’éternel retour -
réduit à la plus élémentaire vesce
quas vices peragante
(elementa) docebo*,
œil, simultanément perdu dans ce retour et trouvé,
je te suis. D’un pas
timoré d’abord, est-ce
sur la route - la déroute - de carnages
toujours plus virides ou de naissances
et co-naissances, reliefs, décompositions
dont tous les signes demeurent.
*Ovide, Métamorphoses 15, 238 (je vous montrerai comment ils (les éléments)
se succèdent alternativement,
Gaffiot numérisé, à vicis)
dimanche 15 mai 2022
D’un œil prévenant
D’un œil prévenant seulement apte à tolérer
(rien de ce qui se clame, se crie,
se hurle plus vivant,
ne l’oblige ni l’oblitère) et non à discriminer,
voici l’incessant repartir sait-on de quel pré de quelle
haie,
un matin jaune tremblant
sous les fusains les coudriers
avec chats épousant la terre
à l’endroit fraîchement dessouché
et pierres affleurant.
samedi 14 mai 2022
(En voilà une vitalité
(En voilà une vitalité médiate !
Soient sur la table natures mortes ou mobiles,
- haie dodelinante, indolentes perdrix -,
j'observe ces
motions exhaussées de lumière et de vent
et rends compte,
mais la plus simple horlogerie m'échappe,
sa mécanique troublante pour
qui prend vigueur
de ses mots la
touchant* et dont la musique désoriente.
C’est sans amertume,
le simple constat de délabrement par lequel je dévie*.
Sur le métier d'un si
vague penser* - est-ce encore penser ?
-
Mais quoi, que penses-tu
? Je danse, je vague,
corps et âme désempare, raison décontenance.
Mais que
fais-tu ?
Je fais passer.)
*après avoir retrouvé (et avec) Voici le bois, poème 159, Les amours, sur le blog de Claude Chambard Un nécessaire malentendu
Pierre de Ronsard,
Les amours et les
folastries (1552-1560), 159, LE LIVRE DE POCHE classique, 1993, p. 192
vendredi 13 mai 2022
Qui de nous
Qui de nous retourne aux ronciers, aux lierres,
aux épines et douces fileuses (dignes épigones d’Attila),
qui aux bûchés ? J’orchestre un massacre prévenant
- pour contrer la mort - je minimise, j’accorde
l’indéfendable,
je glorifie le petit, l’irrecevable, (je trébuche) et tout
cela
jusque sur la table, où ma dévotion se poursuit à la vie
à la mort si furieusement, si suavement mêlées.
À foison vient le monde. Pauvre numération inopérante,
et rythmique bizarroïde. Voici les jeunes cornouillers mâles
qui
m’activent en métronomes.
jeudi 12 mai 2022
Ou ces pilleuses
Ou ces pilleuses d’œuf (et de bœuf, non ?) en douce
s’esquivent
pendant que naïvement j’explore mon bestiaire,
je sanctifie la fugacité. L’inanité de nos vies liées par
instinct,
oh la farce tragique ! où horreur et beauté en
d’étranges coïncidences,
et entrelacées - oui tu perds ton fil ! -
s’interfèrent.
mercredi 11 mai 2022
Donc deux perdrix
Donc deux perdrix nonchalantes
traversent la scène. Ni empreinte
ni bruit,
leur indolence passe sans faire d’éclat.
À peine foulée, l’herbe se referme sur l’erre amortie.
Quelle suprême oisiveté vient là contredire le
cortège de feu du retentissant ?
mardi 10 mai 2022
Un ange passe
Un ange passe, c’est un ange à deux têtes,
pensé-je (un boulet ramé sensé abattre le gréement,
déchirer la voilure, couper les manœuvres, bref, une calamité de plus !)
-Ah ?! C’est
toujours le mot lège, riant, qui
s’amène l’air de rien,
volant à votre secours ! Votre vie de bonheur, c’est ça : l’arroseur
arrosé.
lundi 9 mai 2022
mais c’est nous
mais c’est nous qui nous embrasions.
qui d’une bonne haie faisions l’arme
et la poudre et d’une plaine le théâtre de nos campagnes.
Qui chargions la fleur et l’animal de nos mots.
(j’en suis là de mon feu quand passe imperturbable,
aussi imperturbable que l’intermède glissant -
le divertissement littéral entre les tableaux ou les actes -
la distraction nécessaire d’un troupeau d’oies altières
dans un film d’Emir Kusturica, ou la photographie de John
Mohr,
une couple de perdrix rouges, de cour à jardin).
dimanche 8 mai 2022
Vois-la
Vois-la de sa loge débusquée.
Si froide qu’elle éteindrait le feu selon Pline L’Ancien
(dans son Histoire
naturelle).
Un contre-feu ? Une
devise (l’aliment et l’antidote)
lui fait porter le lourd programme de la passion,
samedi 7 mai 2022
Au soir
Au soir je le vois, traîné derrière son char
(opportunément celui dont beaucoup dépend, à côté des
poulets blancs
et luisant de pluie) harassé, couvert de terre,
est-ce que nous vivons avec autre chose
que des images, pensé-je ? Maintenant le poème s’assombrit.
Les chats rôdent sur la terre remuée, d’où monte une odeur
putride, et une myriade de petits insectes danse
en orbite au-dessus des trous, qui les agace.
Dans sa prodigalité inintelligible,
par deux fois
elle a exposé la salamandre.
vendredi 6 mai 2022
Un essaim
Un essaim de souches là encore éparses.
Coupées du sol nourricier, énervées. Et médusées,
mais c’est que s’amuse le garçon, quel héros fait-il,
(quel défricheur, ou quel clair-semeur)
quel héros fait mieux que lui, sans affaiblir
son objet, résonner l’intervalle ?
jeudi 5 mai 2022
Mais quoi ?
Mais quoi ? L'héroïsme
est une pose de théâtre*
il le sait bien, lui qui joue et convoque les tragédies,
tout à la fois phalangite et hétaire acculé,
il vient mourir dans
la pâquerette et se consume humblement
vaincu, … et souillé de vantardise*.
Car les souches ont sauté comme des têtes.
Échevelées, entière[s]
dans la poussière**, elles gisent
tout autour sur la
terre dissidente. Naguère charmante[s]**.
Il finit son jeu. Pauvre cœur poussiéreux. Combien de pertes ?
Eh ! Pourquoi tu
fais ça ? Il fallait l’éclaircir.
*Simone Weil, L’Iliade
ou le poème de la force, publié dans Les Cahiers du Sud [ Marseille ]
de décembre 1940 à janvier 1941 sous le nom de Émile Novis,
p.19
**ibidem, p.2, citant L’Iliade
mercredi 4 mai 2022
Lui
Lui (mon garçon),
combat cette formation
serrée en « tortue romaine », à la machette ! Comme il y va !
Voici le printemps que nous menons, ici aussi,
et feux de tous bois, cornouillers et troènes, fusains
entoilés de soies solides des chenilles fileuses
d’hyponomeutes.
mardi 3 mai 2022
Des fagots
Des fagots étayent la voûte.
Fatras d’épines imputrescibles dont
les voussures obscurcissent le sol.
Le lierre ici aussi surpique. Matelasse. Rapetasse.
Solidarise l’abri. On
y survivrait !
(s’il le
fallait !)
-Mais on y vit !
Cette haie hirsute, refuge des turdidés,
grives et alliés,
rossignol philomèle
rouge gorge et merles, sa durabilité triomphante
loge leur clameur,
rampante, tu veux
dire ? Rampante,
et triomphante : pérennité exemplaire à travers
la succession d’individus. Le marcottage
stratégique en ordre de marche : chaque souche pied à
pied
gagne du terrain.
lundi 2 mai 2022
Et le bouclier
Et le bouclier de ronces formé à la défense,
tandis qu’agressent les premières lignes,
adroites au tir et rompues au siège.
Cette beauté architectonique le phagocyte
et digère longuement sous ses cintres tactiques.
dimanche 1 mai 2022
La haie l’éprouve
La haie l’éprouve, son front hérissé.
La haie le gagne. Comme si elle attendait son heure,
son front hâtif de réaction en chaîne, de motif déflagrant :
flèche trempée à la flamme, poudre noire,
sarisse effilée, léger xyston pour la joute.
Inscription à :
Articles (Atom)