samedi 30 juin 2018
Je ne sais pas s'il se pose
Je ne sais pas s’il se pose ou se suspend
à la luzerne minette léger
frémissant
miroir dioïque. Il est là. L’envers le prend
dans un souffle aigu de vent.
L’azuré fond dedans.
vendredi 29 juin 2018
L'Argus bleu
L'Argus bleu ou Azuré commun ou Azuré d'Icare ou Icare ou Lycène Icare ou Argus
Icare
bleu que veux-tu, bleu ! (le mâle)
vu en allant vers le fumier
Icare pour le bleu ailé ? Il volette dans l’herbe
coupée
s’arrêtant au fait (l’unique élévation du pré) l’axe
pointillé
des quelques plantains un à un
qui vacillent
Et encore une petite piéride du chou si délicate
en suspension entre le séneçon jacobée et le millepertuis
perforé
jeudi 28 juin 2018
Des cirses il a fallu/ que j'approche
Des cirses il a fallu
que j’approche que je voie brûlante
(brûlaient les avant-bras)
et j’exultais sous ces bouquets
corsetés qui intimaient
à la sécante rythmes
rythmes
brassées d’épines - la Fleur brûlant dans la lumière -
hurlait déjà
et qu’adviendra t’il
après,
rêvant en arrière -
lorsque j’arrêtai - répit visible sur mes mains
- encore que - l’urgence
à traverser la vie
une brassée de cette fleur - des charbons ardents -
explosible
serrée sur l’œil :
et ce champ qui m’aveuglait
c'était un feu qu’il fallait
mercredi 27 juin 2018
Abeilles bourdons et syrphes
Abeilles bourdons et syrphes affairés
aussi tournez faites tourner
et paissez ! Vous si
civils habiles pollinisateurs
alors qu’au vent consentent déjà pappus et vanesses
mardi 26 juin 2018
À présent
À présent : le flambement des molènes - le pré des sons -
molènes : ah ! Fléchissent les hampes
- en bout l’effet compressif - les boutons floraux
lourds d’accomplissement penchent
dans la couleur
jaune bouillon de laines
et de miels
Mes faims, tournez.
Paissez, faims
lundi 25 juin 2018
Rythme
Rythme
éprouvé et vécu
c'est-à-dire une sorte de course avec le solstice
effrénée - une danse que
la faux danse -
la Fleur brûlant dans la lumière
- le feu du couchant - la vision perdure longtemps perdure
son mûrissement vers l’Apocalypse lilas
- elle jaillit autour de moi - elle jaillit subitement
perfore la raison de bleu le fer
qu’ouvre la faux au toucher éclaire
dimanche 24 juin 2018
Croît tout un champ
Croît tout un champ de cirses mûrs
des astres épineux plus brûlants à l’ouest où des soifs
- à l’endroit potager de l’abondance -
éprouvent la faux et mes yeux
la brûlure
tant que s’élève depuis les mains - les reins l’usure - un
chant de lamentation
à Tammuz - rougi au fer -
quand bien même au solstice une danse
samedi 23 juin 2018
Cirse tubulé
Cirse tubulé - rose pourpré - par trois fois
quinze fois érigé
et rameux
en fait croît tout un champ de coiffes épineuses
un âcre parterre au couchant
de brûlants
mercenaires
vendredi 22 juin 2018
Millepertuis perforé et achillée millefeuille
Millepertuis perforé et achillée millefeuille
toutes deux également herbes de la Saint-Jean
innombrables leurs cimes nous nomment
innombrables bras
Corps à corps avec l’herbe solaire
puis bien plus tard l’air fraîchi
la lune nous suit
les gravillons livides abaissent nos yeux
jeudi 21 juin 2018
Dans le noir écho des O
Dans le noir écho des o
des roses renversées et des limbes cordés
du tilleul - en haut des écus scintillent -
au soir décuplé
de réplique en réplique rondement
les grillons assidus : redouble la tentative d’approche
chant d’appel ou chant de cour
dans les herbes furtives
mercredi 20 juin 2018
Des formes lointaines
Des formes lointaines
récidivent - l’espace danse discrètement dans
l’éblouissement -
j’épie l’intermittence du vocabulaire
comme du sang - au-dessus un alphabet tout bête caquette éperdument
-
c’est dans la rafraîchissante douceur des feuillages
et l’aplat de roses disséminées
sous les courbes des charpentières - sous les courbes
le sang évasé
inviolé -
l’invocation et le testament
qu’il
s’irradie
mardi 19 juin 2018
Et me voici tilleul
Et me voici tilleul
abusif abusée
à l’instant de l’aberration - miel à l’œil -
donnée en pâture à l’image
tandis que tu piétines telle
que tu me piétines
moi mes résolutions pour être
incrédulité qui se connaît
sur mes mains - ocelles
qui tremblent -
mémoire soudain disséminée qui
jette le discrédit sur elles
et que je laisse faire
plongée à la confluence des images
rythmes flous des foulées
pas un pas hors de la lie de ta lumière
cette brûlure
lundi 18 juin 2018
Des onagres
Des onagres - retour des onagres -
aucune n’est la même, mais seulement la semblable
voix claire de cor sélène qui brille ce soir de concert
éveillée au milieu de molènes
il a suffi de me retourner pour me souvenir
ce son
Et cela me rappelle la robe et les onagres
l’allée, la brûlure
comme tu as dit cela
(et comment)
qui m’a laissée intouchée ou intouchable
une chute tout au fond de la blessure
et sans retour
sauf, une fois encore, avec des mots
et le sphinx échoué à mes pieds
dimanche 17 juin 2018
Dans la ronce bleue
Dans la ronce bleue.
Ce que je sais rude et vulnérant
est si pâle au revers !
Le tremblement des feuilles
me tire un sourire attendri
indigne dernière ruse d’épineux !
- miniature délicate -
entre les flambes défleuries
les molènes et les onagres :
ce bouquet tentant
- bleu glauque, gris des laines, jaune soufré -
juste opportun pour les yeux
samedi 16 juin 2018
Le vent dans le tilleul
Le vent dans le tilleul
parle ma langue
avec, lui aussi, quelques hésitations
dont je tiens compte
J’oscille avec
sombres dessous, claire
floraison qui va s’évidant
je tourne sans cesse la question s’altère
vendredi 15 juin 2018
Dans la nuit
Dans la nuit l’allée se lève
blancheur devancée du matin sur les dalles
ses bordures d’onagres, de fins voiles
expirent - soufre subtilement ailé sur l’air palpable, il
s’inverse
poudroie -. Le chien de ma voix accepte alors
le sommeil - la main secourable -
et soupire
- doute quand même qu’il
y ait un lendemain !
jeudi 14 juin 2018
Je reviens au jardin
Je reviens au jardin où tout est autrement
ou bien c’est en moi-même.
Les fleurs, le fléchissements des têtes sur l’axe, la déhiscence,
sans question ce qui a toujours été est.
L’énigme des graines, et sa divulgation.
Car regarder c’est déjà être
je semble ce soir ce que je vois : une arborescence
innombrable sans pourquoi.
Ici intensément.
mardi 12 juin 2018
Justes là en passant
Justes là en passant :
troènes en fleurs
seule avec ou en eux passe encore la cour d’une école avec
sa haie - espèce-hôte disent les botanistes
du Sphinx ligustri (la chenille du Sphinx : une perle
millefiori verte marbrée de mauve)
et des petits enfants donc -
et viornes manciennes (aussi en fleurs)
- du latin vieo :
lier attacher tresser -
et je pense à ce qui se
passe juste en passant se tresse
allant simplement - tout doucement - aux commissions à travers le parc familier
avec toi à mon bras
je pense alors que le présent est la pointe de cette fleur -
le stigmate - plus sûrement
que l’aberration du souvenir
me dis-je
Je me dis parfois que je prolonge - possiblement -
j’étire un pré contingent chaque soir ou même l’après-midi
je dévide - me dis-je - entre mes doigts un fil lentement
jusqu’à son terme - mais des fils tissent - ainsi
le présent est là qui vit entre les brins je le sens
- entre mes doigts - passer - tangiblement -
Il s’ouvre au toucher
(ce que fait sensible - et nécessairement - le stigmate de
toute fleur)
lundi 11 juin 2018
Grande passe des écluses de Bougival
Grande passe des écluses de Bougival
à cause de travaux sur le radier
asséché sous le
pertuis à tampes
- l’eau déroutée vers d’autres biefs une eau séparée -
laisse voir l’ossature de la mécanique dans le sas
une complexe horlogerie
nous fait remonter le temps - à défaut de fleuve -
de concert et en accord avec
d’altières Bernaches canadiennes un couple et leurs oisons
devisent sur la rive entre des madriers et de grandes pièces
d’acier
et que ne perturbent pas le mouvement de la grue
ni les ouvriers.
Une poutrelle flotte dans l’air
- vol millimétré par des moulinets de chef -.
Tout tombe à pic près des grands tilleuls où le chantier
va comme une chorégraphie ralentie - la poutrelle lentement
dévie -
au-dessus des portes busquées
l’homme mouline nonchalamment regardant le fond.
Chantier de ta marche aussi
tu voudrais marcher sur le sol sélène tu marches esquissant
des pas
- attentive - qui ne te portent pas tu marches à mon bras apprenant
à marcher
près des écluses où peut-être tu m’as menée enfant
La pluie - chaque goutte décomptée - tombe aussi - rarement
-
sur les grandes herbes qui brillent
où sont couchés des blocs d’acier
dans le feu de leur rouille
- des animaux embusqués - que nous débusquons
Te souviens-tu de ce
lièvre de cette lucane cerf-volant ?
J’étais étonnée comme
une enfant nous avons si peu d’insectes ici !
Si peu de tout. Nous avons tout
sans même nous rendre compte.
Et sans rendre compte
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