lundi 31 décembre 2018

Narcose 21


Son nom de "flambe d'eau"


Son nom de flambe d’eau - en Saintonge je crois -
m’éclaire et voilà
feu de ses fleurs que
- je crois le vent les a ôtés […]
tout ce qui m'était à venir
m'est advenu
- comme les amis,
le vent a fait tomber. Il faut faire sans.
pauvre sens et pauvre mémoire

dimanche 30 décembre 2018

Narcose 20


Et toi iris pourtant sans équivoque


Et toi iris pourtant sans équivoque, sœur
de mon hiver stérile ta réserve garde en vie
ma parole. ( De fait cette nuit talaire. ) Toi tu cultives un lieu de feu.
Dans la vigueur de tes rhizomes embourbés jaillit
déjà un coq, la crête du poignard d’or
- ou la pointe hirsute de ta flèche
hirsute comme un angon - .

samedi 29 décembre 2018

Narcose 19


De fait


De fait
la robe talaire bleue semée d’astres et de constellations
le cosmos unifié enfermé dans ses plis - un éventail brûlant
bleu et or -
la bannière semée de Lys flottant ce ciel fleuri,
évocation des élus dans la lutte pour une idée - parole de la sagesse
qu’ils servaient volontaires (et pourquoi non les sensations, la parole vécue ? ) -
ce que les preux Roland et Olivier ont vu en tombant
claironnant leur mort.
( C’était jour d’assomption - est-ce un hasard ? - Et : fallait-il nécessairement
que les poursuivants fussent Sarrasins ? C’est ainsi que des siècles après,
ont été justifiées les croisades.
Je peux bien, moi, croiser a posteriori l’iris pseudacorus, les freux picorant à proximité,
le coq voisin, Roland, Robert, Dante, Dupin, Rutebeuf et Dylan Thomas
qui l’a déjà si bien fait ! Cette histoire, je la peux tresser puisque je la vis)

Et ensuite il est dit
Le nom fleur de Lys apparaît sous le règne de Louis VII, dans Érec et Énide premier roman arthurien de Chrétien de Troyes ( et l’un des premiers romans courtois ) peu après 1160 et on peut remarquer que ce terme est phonétiquement identique, en tout cas très proche de « Flor de Loys » (Fleur du Roi Louis), Louis VII ayant en fait adopté comme blason l'Iris des marais mais l'assonance entre « Flor de Loys » (l'iris) et « Flor de Lys » a perpétué une équivoque historique



vendredi 28 décembre 2018

Narcose 18


C'est précisément toi l'iris


C’est précisément toi l’iris, l’aigrette trifide
le lys royal [qui] règna[a] du haut des sceptres étincelants
que chante Sedulius dans le De rosae liliique certamine, toi
déjà stylisé à la base des colonnes de Saint-Denis
et sous la forme de rinceaux ornant les évangéliaires et les capitulaires
carolingiens, associé au monde stellaire.
Tout droit venu des jardins mosaïques de Rome et de Ravenne
et de la tradition biblique, ton fleuron a proliféré sur les sceaux
les couronnes et les manteaux honorant l’homme de ton semis
d’or. Nulle plante n’est plus féconde avait dit Pline, nul
glissement sémantique plus efficient.
Agenouillée dans l’allée et m’occupant de tes rhizomes, Reine des fleurs,
j’ai bien conscience d’être reine.
( de ma crasse aurait dit R. Pinget. Certes.
Mais après tout, c’est encore un royaume.)

jeudi 27 décembre 2018

Narcose 17


Je parle ainsi


Je parle ainsi
à genoux dans la boue
occupée au feu de l’iris faux acore
une voix mortelle - fanes et tiges en allées dans la morgue du gel -
et j’entends le cor - son jaune pavillon et strident -
du preux de la chanson rendu au col
( peut-être à cause de La fleur des chevaliers ? Je ne sais, mais hardi, je crois qu’il
la chevauchait,
ne serait-ce pas en effet lui, le cavalier qui tombe en chevauchant la fleur ?)
Tous les freux sont au sol, leur œil vif surveille le mien leur bel
œil statique comme une perle dans l’éclat métallique du plumage et le bec - déjà nivéal - brille
dans l’herbe courte où ils cherchent sautillant des noix et des lombrics -  
lui, contre quoi résista t-il et contre qui ? Le savait-il ?
Ici se profile - une ombre une absence putréfiée - le gel :
ici s’ancre l’iris que trame au revers la vie


Oui les morts bougent.
Ceci, mais pas cela, est ombre, le freux à terre,
Le gisant, des ruines dans l’oreille,
La marée du jeune coq jaillissant du feu

Et

Sème les graines de la neige dans les vergers aux yeux
    rouges,
Et dans les jeunes années du siècle végétal.
Sois le père de tout, même de l’arpent du roi des
    mouches
 


mercredi 26 décembre 2018

Narcose 16


"Cultive les lieues de feu par temps de gel"


Cultive les lieues de feu par temps de gel

Où Roland de tout son cor
s’ancre dans la boue
ancre ta dormance avec un soleil tangent
et la couverture du gel
cette sorte de sceau
dont l’apposition cachette
ton signe arrache un rictus :
ton rhizome ( pourtant non pas mandragore )
garde la mort et la vie en une :
ton feu dans la noue

lundi 24 décembre 2018

Narcose 15


Feu de tes glaives


Feu de tes glaives
iris jaune faux acore dit des marais
feu de ta fleur si fine emportée sur la svelte
tige. Fleuron claironnant haut. Ou Roland de tout son cor.
Dans la boue tes rhizomes sont la réserve
un Enfer provisoire qu’il me faut visible pour continuer
sachant, clairon des bords de Lys,
enfin comment recommencer.
Enfin faire avec la dormance.


Pourquoi tiens-tu ? Pourquoi lâches-tu ?

dimanche 23 décembre 2018

Narcose 14


Comme par cette allée


Comme par cette allée empierrée
où je progresse lentement parmi
roses et chardons calcinés
onagres ou molènes iris faux acore
s’oublient un moment pour ne garder
de sens que les gestes précis :
rabattre pailler sarcler
Car même le vide se travaille.

samedi 22 décembre 2018

Narcose 13


Des mots des pailles


Des mots des pailles et sans souci du résultat
absorbée par ces -
détresse respiratoire
souffles éparpillés dans - ces cercles, le chevelu, la cépée
et l’érable
recréés en vérité :
sur la rive écarlate
insufflent au poème que je tresse
vie

vendredi 21 décembre 2018

Narcose 12


Devant le Doubs


Devant le Doubs.
Plate sur l’eau plate avec la pluie
qui crépite en cercles concentriques
japonisants. La brume amortit tous les bruits

La yole à damiers bleus arrimée au reflet d’un érable tête en bas
la gueule prête à mordre, à sectionner le fil continu du réel
ce réel un érable feuillu encore qui prend racines dans son reflet
chevelu d’un vieil or décoiffé dans les cercles où la cépée vient puiser

des pailles

jeudi 20 décembre 2018

Narcose 11


Elles gisent à présent


Elles gisent à présent
dans l’herbe grise
au pied du cerisier
les ailes disloquées d’un merle
humérus et cubitus la membrure si délicate
à la parfaite articulation et filetée de sang
un échantillon effiloché de la petite couverture alaire
aux reflets bleutés le bouquet d’alules asymétriques
puis deux rangées bien nettes de tectrices et de rémiges primaires.
Panoplie pensé-je en m’inclinant. Ou écorché. Le bec béant posé entre elles.
J’ai cherché l’épervier ou l'émerillon. Il n’y avait là que le soleil
descendant entre le frêne et le cerisier jusque sur ma charretée de feuilles
et le buisson dissonant de la clématite des haies.

mercredi 19 décembre 2018

Narcose 10


Piètres figures sous la houe


Piètres figures sous la houe
fourbues et rompues et qui rouillent
je prends la neige de vitesse
elle que son odeur devance au nord qui est partout
plus bleu impavide.

Dans la nuit du 19 novembre 1985
la neige tomba sur les pins filiformes
à ce moment aussi l’obliquité était une variation
de la perpendiculaire, chose ordinaire à regarder et
représenter.
Comme un hourdis tout neuf elle accusait de sa clarté
l’oblique des colombes noires derrière la vitre noire.

mardi 18 décembre 2018

Narcose 9


Car les graines éclatent


Car les graines éclatent sous
les mains gantées
sèment ce que l’ivresse arbore :
une promesse ou bien plus un appel
comme un arbre que l’on plante hisse
ostensiblement ses gemmes.
Vous ne vous lèverez désormais que pour un regard.
Pour l’instant ce que les mains détiennent :
poussière, akènes. Vent brûlant au nord. Cet instant même.

Là, je n’ai de mains qui se tiennent
De ce qui est accordé pour la disparition
Ni pieds qui pèsent sur tant d’oubli
D’os morts et de fleurs mortes
Et les fleurs t’appellent de ma voix

lundi 17 décembre 2018

Narcose 8


Un enchevêtrement dans sa voix


Un enchevêtrement dans sa voix
contre le mur - que mes mains,
dont mes mains se sont saisies -
que l’outil brûle. Un rein
pour deux hurle encore dans le ravin
à sec de l’été précédent. Ici aussi
les fleurs attendent dans la resserre.

Népètes. Exténuation de ce mur d’étoiles
que je dissémine en tournant
Tout est arme et tout désir.

dimanche 16 décembre 2018

Narcose 7


Par une allée d'iris


Par une allée d’iris et de lilas
de rosiers calcinés, d’Echinops - toutes absentes -
où népètes et calaments sont les manants
plus robustes ébouriffés
je vais non soustraite au vent
vers où il prend
source déchirée dans le lierre et le roncier

samedi 15 décembre 2018

Narcose 6



Ah, le bel outil


Ah, le bel outil
que cette houe
fourchue ou carrée
donnée pour l’interrogation
- binage et sarclage de la terre -.
Fleur en dedans nombreuse
il n’a pas été nécessaire d’être ivre - je l’étais pourtant
suroxygénée, sans rien attendre de cette narcose -  d’autres fleurs ont failli me perdre -
pour prendre ce fer lustral pour un astre
- le tridenté - puisque je vois un ciel quand je m’incline vers
elle

vendredi 14 décembre 2018

Narcose 5


Aujourd'hui le brouillard


Aujourd’hui le brouillard suce mes doigts actifs
sur les fanes et les feuilles. Et de ma bouche sort une buée
en forme de poire qui tombe mollement et
peut-être se mêle t’elle à la terre noire qui a eu si soif cet été.
Je les vois, cette poire et les gros palets bruns des cyclamens
couchés côte à côte enfouis sous les feuilles d’or du charme.

jeudi 13 décembre 2018

Narcose 4


Mais rien n'atténue la chute


Mais rien n’atténue la chute. Et comme les émotions
se suivent et bouleversent la vision - collisions des faits discordants -
il est nécessaire et salutaire - perdurer comment ? -
de transformer ces émotions, les dynamiser
en une forme : beauté incidente travaillée et acceptée.

Mondes - intérieurs et extérieurs - accordez vous de cette collision
sur la table de dissection dans l’incarnation des images et des mots !
Ne faites qu’un ! Ne faites plus qu’une réalité ( non dédoublée )
immédiate et active
transmuée en énergie, tremblements, joie motrice.

mercredi 12 décembre 2018

Narcose 3


Je fais sécher ce bouquet


Je fais sécher ce bouquet sur du journal.
La dessiccation des chrysanthèmes me ramène
au jonc fleuri de cet été allez savoir ! D’opulents globes
à la blancheur lustrale ils deviennent autres
hirsutes étoiles brunes et crépues brandies au bout
de tiges lignifiées, des moulins de foire qui ne girent plus.
En fait c’est le follicule du jonc qu’ils me rappellent, son allure
échevelée dans la roselière explosible