mardi 29 novembre 2022
Le gyrophare
Le gyrophare des secours enlace si régulièrement
la cime des Douglas. Leur faîte épars
comme asphyxié halète.
S’agitent les vitres effleurées de bleu elles aussi
mais l’alerte vagit et la nuit de marbre
retombe après leur départ.
Au loin, bien plus loin que la trop courte focale,
la forêt est une réserve de noir.
lundi 28 novembre 2022
Qu’est-ce qu’on va graveler
Qu’est-ce qu’on va graveler,
avançant ainsi,
quelle voirie vicinale pour quel motif courant :
percer les halliers et courir les haies, battre campagne,
haler le vent. Le voisin n’en reste pas moins inapprochable,
violent
envers femme et enfants.
dimanche 27 novembre 2022
Pourtant le pré blanchi
Pourtant le pré blanchi - plus papal - dépare
la mémoire de ses lianes
convolvulacées, et même chrysanthèmes, la lune
seule rassure
et assure le pas toujours trop sombre sous les
chevilles.
samedi 26 novembre 2022
Ah le gravier !
Ah le gravier !
D’ici on voit bien son étendue dormant
sous la couverte de la lune - une glaçure sans conteste -
et sans conteste l’allée coule implacable vers
nulle autre destination que son bout, l’objet c’est le gravier,
son poids sans demi-mesure de pierre angulaire
roulée dans la boue.
vendredi 25 novembre 2022
Un feu à la fenêtre
Un feu à la fenêtre.
Tournant le dos au foyer
je tourne le dos à la contemplation :
me voici assumant la responsabilité de l’action.
D’un geste plus ou moins sûr je propage l’incendie
aux arborisations et aux ombelles factuelles du
poème.
jeudi 24 novembre 2022
Celle qui sillonne
Celle qui sillonne mieux
que l’arme le champ consacré au doute. Erigeron
canadensis, la
Vergerette du Canada, s’emploie
bien heureusement à tout couvrir. Des
jardins de la Fenotte ses torches
éclairent le peu. Ainsi, le chariot en suspension (ici sans Polaris) n’a pas froid aux yeux. Qui cille ou scintille dans le noir -
bien à propos - pour borner nos pas, qui d’un œil catadioptrique et multiple
achemine l’égarée.
mercredi 23 novembre 2022
(À propos d’or
(À propos d’or, entre chien et loup une force - centrifuge -
écarte à grand débordement le flot de lumière. Soudain on n’y voit goutte sauf
quelques menus graviers qui continueraient longtemps à brasiller).
Mais pas de rivière - pas de batée non plus - le gravier
fait seulement place nette (et pied sec). Les braises sont pour la question -
élémentaire - (pour lors comment traverseriez-vous l’endroit à genoux, si près
de votre objet que vous l’en omettriez).
- Veuillez
revenir au droit chemin de l’allée.
mardi 22 novembre 2022
Palomena prasina
Palomena prasina
ausculte le parquet. Un doigt suit l’insecte, capsule si légère qu’un filet
d’air nous l’enlève - trop vite - dans un vrombissement disproportionné. J’ai
cru - pourrai-je jamais ? - entrevoir de plus près le bouclier de
guerrière pentatomide.
lundi 21 novembre 2022
Les faits sont là.
Les faits sont là.
Mais si tu n’y es pas, vivant
et lumineux témoin ?
Le rouge-gorge s’escrime sur la crosse exiguë,
l’effort pour inverser l’optique reste vain
et demeure l’impression de vide magnétique.
Le double-vitrage n’a pas son égal de bouclier
sensoriel.
dimanche 20 novembre 2022
Faits et geste.
Faits et geste.
(J’aurai beau dire, il me faut une source.
Le rouge-gorge lui
me souvient toutes les Toussaints
- à la fenêtre qui s’aurifie
cette obsession chère à mes yeux,
pas plus la mort que la vie, surtout le feu -.)
samedi 19 novembre 2022
Riche est le mot
Riche est le mot qui vient
tandis que la gorge abonde sa voix liquide.
Qu’affloue t’elle de nouveau ?
La perspective inversée des fenêtres
fait ressentir plus fort le désir de flamme.
La lave coule au carreau.
vendredi 18 novembre 2022
Puis soudain
Puis soudain :
vertige de l’irruption. Le rouge-gorge survient. (Ce qui se produit - une fois - et modifie la situation de fait). Puis il fait le siège de la poignée forgée (mais comme à chaque
Toussaint), son levier pour entrer dans nos vies, visibles seulement dans le
rectangle or de la porte vitrée.
jeudi 17 novembre 2022
Mais enfin
Mais enfin, elle, virevoltante, elle, sautillante
elle papillonne d’un mot à l’autre
la répétition est sa raison, et oh ! oh !
l’écholalie pourquoi pas sa réflexion
sur l’inhomogénéité des plans.
Cependant c’est d’une joie grave,
- cet art de l’ancrage - qu’elle survit.
(oh et l’anancasme subtil que cette guerre,
goutte à goutte, distille,
humblement l’enracine.)
mercredi 16 novembre 2022
Forme de son pas
Forme de son pas. Son chant l’importe.
Pieds effilés, la cheville est une fleur aussi,
un cyclamen de ses ailettes sanguines articule le monde sur
lequel
elle ne se brise, sur le cercle duquel
son pied ne s’abîme.
Et même l’imprécision de son pas
est une précision, l’approximation
une démarche valide.
Voici qu’elle l'enrichit.
De son trouble, et de son œil humide parfait le monde.
mardi 15 novembre 2022
Ô le bel orient
Ô le bel orient des perles de symphorine !
Scintillation des passementeries - pourquoi seraient-elles
trompeuses ? -, rutilantes arilles des fusains, ô
la nitescente
réflexion de ces bras ronds
dans la douceur du soir !
(dont les variations l’enchantent - on a
pas fini de l’entendre !
- Mais Célimène, rien ne finit.
Son sujet ne
t’essouffle t’il pas ? Le sujet respire,
tous les pourquois s’estompent au rythme de la danse
la forme seule l’emporte.)
lundi 14 novembre 2022
Ces fleurettes
Ces fleurettes, ce sont des lys ? Des liserons !
Bien sûr ! Liserons, chrysanthèmes, cyclamens !
Célimène réfléchit la saison,
mieux qu’un miroir son regard suspend le signe,
sous le tabard l’armure reluit de tant de
compassion. Sous l’armure le cœur
léger, repart la
énième foi
en l’automne, la énième fois l’amour
reprend, le pas se prend dans le rai tiède
herbeux où erre la cheville ouvrière ; elle danse.
Il n’y a pas de coup de grâce. Pas
de traque et plus rien n’enjoint ni n’assène.
Le chant de l’oiseau amplifie l’air,
lui qui tout d’abord s’était tu,
les buissons s’ébrouent sous la dorure du
coucher.
dimanche 13 novembre 2022
Et elle entra en lice
Et elle entra en lice - bien décidée -
vêtue de son tabard à charge de fleurettes.
Sa houlette pouvait-elle lui servir de lance ? Pourquoi
pas.
(Éventuellement.)
L’oiseau de passage la précédait.
samedi 12 novembre 2022
On ne peut pas toujours tout déplorer
On ne peut pas toujours tout déplorer.
Non. On ne peut pas. Rameurs d’une fonction dépassée
- on ne s’acquitte plus de rien, sauf de repartir -
d’une fictive progression au sein du domaine,
mais la méthode est éculée et de toute façon malapprise.
Cette fonction aura satisfait diverses propriétés,
portant sur la régularité, les variations, l’intégrabilité.
La génération. Oui
mais.
Affine elle promouvait le procès, la voie rationnelle.
(Célimène décida d’aller par les prés et les bois.
Parée de ses armes. Des atouts.
Elle entra donc sur le terrain par la méthode extensive
croquant par là même du fruit de l’Inconscience
- car la vie n’est pas à une incohérence près -
qui requiert la digression, l’observation et la
vérification par des expériences appropriées.)
vendredi 11 novembre 2022
Mais toi
Mais toi, Célimène, ta voix t’étonne.
d’un mouton l’autre
éprouvant la suspension de ton cœur
- éprouvant la constance -.
Appelle-moi paysage,
appelle-moi plaine.
jeudi 10 novembre 2022
Grande muette
Grande muette, incrédule, elle n’a
qu’une seule phrase, et c’est pour ses amours !
Sa disposition élective.
Le timbre métallique de son appel, un chant flûté,
la fait passer pour niaise.
mercredi 9 novembre 2022
Aime suivre au bord des taillis
Aime suivre au bord des taillis
l’oiseau de passage,
(déjà rencontré en quelques armoiries)
qui panse les blessures et, lucifuge, annote la nuit
de son émoi.
mardi 8 novembre 2022
Le meuble héraldique
Le meuble héraldique
ne reflète pas
toujours la réalité du terrain.
Vois tes blancs moutons
tout dispersés
sous l’œil humide, voici qu’ils blasonnent
pour rassembler le corps-paysage, ainsi ce sont tes armes,
bergère,
mais rengaine l’inadéquate rancœur,
et la vindicte, Célimène, (ta baguette majeure)
exerce-la seulement pour orchestrer
la fuite, ainsi la plaine
est une sorte d’amplificateur de l’oubli.
lundi 7 novembre 2022
De fines éoliennes
De fines éoliennes percent le brouillard où il n'y avait
rien,
plus loin les aiguillées de longue portée entre les monts
font monter la tension.
Le jour se lève sur de franches coupes,
courbes arasées où se simplifie l'asymptotique pression des
chants.
Des chants quand même, où file l’air,
la partition des gouttes sur la vitre.
Prise de vitesse elle pointille, grésille,
crépite à l’envers du transport.
L’œil aérien pleure.
Des moutons, des en pièces
détachées,
des moutons épinglent la nappe de verdure,
proposent des linéaments de paysage, reliefs rapides
vite recouverts de la buée des paroles.
La loupe d’une seule goutte pour toute entrée.
Elle cahote un peu puis fléchit.
L’asymptote est dans ton regard filant doux
doux avec la plaine,
(avec la peine)
(sinon son silence)
dimanche 6 novembre 2022
Laines ravies
Laines ravies à leur doux paître
ici dans le matin froid.
Ton chant feutré ne les berce pas.
La pluie, Célimène,
entraîne
la dernière méprise.
samedi 5 novembre 2022
Le chiffre
Le chiffre de ton témoin
- le peintre, homme
simple et habile -
c’est un lacs d’amour
le nœud coulant du monde.
Pendant ce temps là
(exulte le temps, le moment
- l’intervalle souriant -)
dans l’uniforme silence de la plaine
l’épervière piloselle reprenait du terrain.
vendredi 4 novembre 2022
La limicole barge à queue noire
La limicole barge à queue noire dans le soir
t’inspire quoi, elle ? Le flasque engoulevent
écorce le crépuscule et il grince, tu ne sais pas même
si c’est une menace (et pourquoi le serait-ce ?) tu ne sais rien.
(Si tout est
musique, exulte aussi son intervalle.)
Ce son, ce soupir. Ce soir.
Vivante tu vis la foulque macroule, l’écusson blanc
- frontal silence -
avant que sa roue ne s’enraye, que le klaxon
ne capote.
La lône était toute noire et brasillait doucement.
Parce que toujours
tout s’écroule ?
Tout retombe t’il ?
Tout roule,
rondement va le monde, globe non seulement
de ton œil mais cercle de ta danse très terrestre,
une ronde.
jeudi 3 novembre 2022
Ton acquiescement
Ton acquiescement le plus infime. Voilà.
Très vivante
Célimène ! Unique reine à l’œil unique, en joie
ou en berne, tu soulèves d’étranges notes et des laines
mirifiques ondulent sous ta main.
Puisqu’enfin c’est musique.
mercredi 2 novembre 2022
Tout se désire, rien ne se possède.
Tout se désire, rien ne se possède. Du vent,
une pleine brassée, de l’eau. C’est le point de vue
qui fait le témoin - et le passeur, non ? -. Renomme-
toi selon l’endroit où tu te tiens, comme l’ont fait les «hommes».
Algonquin :
la proue du canot depuis laquelle il harponne le monde.
L’amour te fait trouver l’endroit plus beau.
L’amour te fait désirer rester. (Ou être là
te fait désirer l’amour : c’est le tropisme
irréfrénable,
émue que tu es par l’oscillation lente des feuillages,
ces lueurs flirtant sur le bras et sur la lône)
Renomme-toi berge ou
barge ou lône.
Immodeste amoureuse, Célimène,
évidemment,
si tu côtoies les vasières, les gravières !
Pardonne à l’engoulevent qui viendrait à la nuit tombée
téter tes brebis. C’est une histoire ancienne
dont tu n’auras pas le dernier mot.
mardi 1 novembre 2022
Ou ce sont ces feuilles
Ou ce sont ces feuilles sagittées
- des socs en vérité vers toi pointés -
qui font de son collet une chausse-trappe !
Ou bien l’innocence, Célimène qui
t’a fait en vain
désirer posséder le vent.
- En vain le vent. L’eau. La terre.
Feuillages tremblants dans la lumière. Ocelles.
Cent yeux : gouttelettes ou larmes, qu’importe,
exulte-les toutes
comme manifestation de l’analogie et de la variation.
Ce bon usage de l’ingénuité.
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