samedi 30 septembre 2023

À la boîte blanche, vues 132


 

(Plus près encore

 

(Plus près encore quand cliquettent les ridelles du chariot

que cahote l’ornière.)

Le busard s’esquive troublé dans sa hantise,

son accointance avec la proie dérangée.

 

vendredi 29 septembre 2023

À la boîte blanche, vues 131


 

Tournant le dos au centre de masse

 

Tournant le dos au centre de masse

ou au périgée de la lune absent,

mais que regarde-t-il ?

Voit-il la lumière ?

Il ne parle pas.

 

Il voit la lumière de toute chose.

Hasardé dans toutes, qui l’aimantent (dont la lumière l’expose)

il en partage la position (la vision).

On l’appelle ange.

 

jeudi 28 septembre 2023

À la boîte blanche, vues 130


 

Le monde est charrette.

 

Le monde est charrette. Au temps pour lui. Et l’indécis,

et l’indocile ?

 

Imbécile,

heureux sans charge vénale.

Bayeur aux oiseaux, veilleur, lent d’esprit,

débonnaire,

boiteux.

 

Au son d’une goutte ou à la vue d’une fleur il s’oriente.

 

mercredi 27 septembre 2023

À la boîte blanche, vues 129


 

Je te reprends, Y Sang

 

Je te reprends, Y Sang :

 

X

 

Qui dit que je suis seul ?

Regardez ces rivalités féodales

Regardez cette guerre

 

X

 

Je léthargise en pleine fièvre de leur conflit

Le temps s’écoule et quand j’ouvre les yeux

J’ imagine une calme nuit de lune après l’évaporation des cadavres

 

N’aboyez pas, chiens domestiques des hameaux innocents

Ma température est normale, de plus

Mon espoir est doux.*

 

Moi je suis derrière la remorque à ridelles,

je regarde le paysage,

le soleil brille avec éclat,

rayons convergeant en ce point précis du plan.

Tout espoir est fondé.

 

*Y Sang, « Le ventre vide –  », in L’étrange réaction réversible, in Plan à vol de corbeau, La Barque, 2019, page 90

 

mardi 26 septembre 2023

À la boîte blanche, vues 128


 

Quelle belle allure

 

Quelle belle allure donner à notre dessein ?

Quelle autre allure donner à notre responsabilité quant à une civilisation

de la planification  et de l’accaparement,

sinon cette mêlée, sinon ce complot (figure étymologique) ?

Or, en voici le terrifiant organigramme.

Le programme en est la détresse de tous et de chacun.

 

lundi 25 septembre 2023

À la boîte blanche, vues 127


 

L’ange qui passe

 

L’ange qui passe, lui aussi,

sur le chariot de foin qui passe au centre de la mêlée,

l’ange seul regarde le soleil,

mais c’est vers la masse éblouissante du foin, à sa place,

sorte d’hypertrophie encéphalique de la civilisation

que convergent les pensées et les actes de tous les autres

et c’est un désastre regardez ce désastre

 

regardez cette mêlée de tordus affairés à ne pas voir,

regardez cette guerre

regardez-nous

 

qu’avons-nous en commun ?

D’être innombrable, chair proche de l’herbe, (tout comme l’herbe

sèche et pressée)

éminemment inflammable

ou explosible.

 

dimanche 24 septembre 2023

À la boîte blanche, vues 126


 

Amoureux et jouisseurs

 

Amoureux et jouisseurs,

(littéralement) dans le foin

(commodité et confort matériel offerts)

tranquillement à leurs aises (qu’ils aiment comme on aime l’amour) :

la musique est pour eux,

ainsi que la littérature et l’amour.

 

Qui se préoccupe du soleil ?

 

samedi 23 septembre 2023

À la boîte blanche, vues 125


 

Tout le monde suit le chariot

 

Tout le monde suit le chariot,

plus ou moins volontaire, plus ou moins fier de figurer au tableau,

(du côté des puissants)

ou vindicatif (du côté des laborieux, des requérants et des militants)

ou encore bien au-dessus de tout ça,

amoureux et jouisseurs.

Le chariot passe emportant les générations.

 

vendredi 22 septembre 2023

À la boîte blanche, vues 124


 

et on pense encore

 

et on pense encore : le monde est un chariot de foin certes, mais où va-t-il

à ce train, Nef des fous brimbalant insensée,

je suis derrière

(ils s’entredévorent et s’aiment, ils dansent)

ce trimbalage voyant et bruyant aimante les inconscients dont je suis,

les débonnaires dont je suis, allons !

le soleil a l’air de bénir tout ça, la route est jaune soleil

le foin est d’or chaud et odorant

 

il coule de source, ou non, y en aura-t-il pour tout le monde ?

et pour tout le temps ?

Peut-être le monde engrange-t-il seulement les générations, point.

 

L’homme est dans la parade (pour ne pas dire la panade) sans destin.

Que l’homme désespère ! Que l’homme naisse !

Que l’homme naisse ! Que l’homme désespère ! s’esclaffe Y Sang*

qui a saisi toute l’insanité avant de déserter son image,

ce lieu inane, masque mortuaire d’un certain pays**, à seulement 26 ans,

et nous l’aimons (pour ça aussi).

 

*Y Sang, « Note au sujet de la ligne – 2 », in Plan d’un angle à trois dimensions, in Plan à vol de corbeau, La Barque, 2019, page 114

* « Image de soi » in État critique, in Plan à vol de corbeau, La Barque, 2019, page 66

 

jeudi 21 septembre 2023

À la boîte blanche, vues 123


 

il aurait même tendance à ne plus bouger du tout

 

il aurait même tendance à ne plus bouger du tout,

empêtré dans son opulence)

la chair est tellement proche de l’herbe

que le foin fait un gros corps buté,

obtusément beau,

du jaune faste d’un lingot :

objet de tous les désirs

 

mercredi 20 septembre 2023

À la boîte blanche, vues 122


 

Incendie

 

Incendie qui comme de l’herbe sèche embrase l’encéphale 

ou dans le Livre des Psaumes 102, 12 : « Mes jours s'en vont comme l'ombre et je me dessèche comme l'herbe. »

et à observer ce ballot de paille, sphère et piédestal

(au pied duquel jusqu’à l’ombre s’altère)

(on devient chaume, ou autre chose, ou bien rien)

ou bien à se trouver au ralenti derrière la remorque à ridelles,

c’est à un autre chariot de foin, aussi girond, qu’on pense

(il compense sa rondeur (vaine) et sa blondeur (illusoire) par sa lenteur

 

mardi 19 septembre 2023

À la boîte blanche, vues 121


 

Envolé

 

Envolé, avec le même clappement bref que l’étoffe de l’escamoteur.

Restaure la demeure de l’illusion : le chaume à l’endroit insolé.

Restaure un vaste mirage ?

 

La famille de saltimbanques aux visages subtilisés par l’oiseau, éponyme

de toute cette séquence aride, habite désormais autrement la mémoire.

 

lundi 18 septembre 2023

À la boîte blanche, vues 120


 

Puis, sur ce chaume

 

Puis, sur ce chaume, je dis qu’il n’y aura pas que l’oiseau

qui se sera déployé comme un éventail, très certainement,

et ceci jusqu’à la circonférence de mon œil,

pour ensuite entamer une rotation complète. Comme Y Sang qui

en décrivant ses lignes a décrit des cerveaux

je décris des regards,

je décris des égards,

et, réactions convergentes ou pas, l’observation circonspecte bientôt

embrase tout l’encéphale par focalisation

alors que lui s’est déjà précipité à l’extérieur de mon cercle.

(ce miroir ardent ou lentille dont le point brûlant résulte de notre intérêt concentré) 

 

Circus est déjà ailleurs,

expérimenté à la présence invisible autant qu’à l’esquive,

et à la bascule.

 

dimanche 17 septembre 2023

À la boîte blanche, vues 119


 

Mais de passivité, non.

 

Mais de passivité, non. Il tient lieu

de balancier peut-être, cet œil fixe à l’intérieur de l’orbite,

ou d’axe sur la bascule au long cours

et sa noirceur le cache aux yeux de tous. Où

regarde-t-il ? En dedans de son axe.

Noir et pourtant plus lucide.

 

samedi 16 septembre 2023

À la boîte blanche, vues 118


 

C’est cet équilibre

 

C’est cet équilibre - la juste proportion de mouvement

(indécelable dans l’impassibilité)

ou la pondération - qui est leur garantie de survie,

au-delà des espérances.

Voir le monde comme un fléau et en tirer parti !

Sans aucune précarité dans le regard.

 

vendredi 15 septembre 2023

À la boîte blanche, vues 117


 

Le busard de son nom circus,

 

Le busard de son nom circus, je l’ignorais,

subjugue le chaume.

Ils sont sur le champ eux aussi

le chaume exactement, et posant,

exactement comme lui observe le monde trémulant de chaleur et de poussière,

maintenant l’équilibre.

 

jeudi 14 septembre 2023

À la boîte blanche, vues 116


 

Il a la statique des saltimbanques peints par Pablo

 

Il a la statique des saltimbanques peints dans sa série par Pablo.

Ou eux ont le même œil fixe

qui possède sans montrer.

L’adresse est celle du regard,

puissance contenue

mesure d’équilibre mutique et les mains qui miment

l’attache

et contrebalancent la tension de l’immobilité.

 

mercredi 13 septembre 2023

À la boîte blanche, vues 115


 

Un busard Saint-Martin

 

Un busard Saint-Martin agriffé au ballot de paille

comme un bateleur

(mais sans les prouesses). Profil à l’affût.

Et la déroulée des chicorées mêlées au fenouil commun, au talus.

 

mardi 12 septembre 2023

À la boîte blanche, vues 114


 

et c’est ainsi que j’apprends du silence

 

et c’est ainsi que j’apprends du silence, sans objection

ni rétorsion,

la souplesse et la respiration. La cadence.

Où la main fraye l’écorce et l’aubier par endroits découvert

pour la reconnaissance.

 

Plus haut donnant-donnant

la branche me tend le point de vue.

 

lundi 11 septembre 2023

À la boîte blanche, vues 113


 

Mais rompu aux vents,

 

Mais rompu aux vents,

exercé à l’esquive et - que je sache - à la conversion

dans l’angle du mur - l’art de la courbe -,

mais ce coudrier m’enseigne.

Muettes instances bien plus convaincantes que tous les discours.

Je ne sais toujours pas ce qui arraisonne mais moi

entre ses branches j’accepte la condition

qui est de céder en retour la parole

 

dimanche 10 septembre 2023

À la boîte blanche, vues 112


 

et choit la bran / che

et choit la bran

                         che

en ouvrant dans le feuillage un puits.

 

La coupe est franche 

comme l’eau peut être glaciale.

Moi je vacille

sous le coup de lumière

sous le coup

du coudrier

cédant une branche et gagnant la partie.

 

Moi dans l’arbre c’est lui qui embrasse

qui

par-dessus le mur

(ou racines plongeant dans ses fondations)

épaule le paysage.

J’ai la sensation qu’il encourt -

bien que saigné aux ars -

 

son souffle près de mon oreille,

excorié.

 

samedi 9 septembre 2023

À la boîte blanche, vues 111


 

(quand j’attends dans les coudriers

 

(quand j’attends dans les coudriers que le bras)

cet accord autre,

le bras tendineux contournant le tronc

et la main gauche, son mouvement lent et appuyé

sur la branche l’enjoint de céder

(lequel des deux au juste, du bras ou de l’arbre, oscille)

 

de céder,

(son corps que la lumière parcellise déjà)

 

et il cède,

après qu’il a neigé dans l’ombre d’août

 

vendredi 8 septembre 2023

À la boîte blanche, vues 110


 

C’est cet accord

 

C’est cet accord - je sais et

je ne sais pas

ce qui se passe entre les choses et entre nous -

que passant j’entends, le tempo,

le mémorable front sylvain

rythmé de pins comme des portes

vers le cœur insondable,

 

que moi-même buissonnante je suis

et dépliant le gué,

c’est cet accord que j’appelle monde


jeudi 7 septembre 2023

À la boîte blanche, vues 109


 

L’amour est tout à la lisière de cette forêt

 

L’amour est tout à la lisière de cette forêt où

les pins raccordent leur figure à l’incommensurable profondeur

(l’impensable) - silhouettes à l’exergue 

il n’est que de les consigner, le sens vient après

lorsque le paysage se déplie et s’épanouit à notre insu -

 

des pins comme des cytharèdes et

plus loin des feuillages dansent.

 

mercredi 6 septembre 2023

À la boîte blanche, vues 108


 

Cigognes-là

 

Cigognes-là qu’apportez-vous sinon vos signes ?

Vos translations m’exportent

obligeamment

 

tandis que le ciel aimante le regard -

vous y voir et c’est une image dont

l’évocation multiplie comme un scalaire

vos envolées

vos translations raisonnables - et votre grandeur tout autre

me remplit de puissance

vectorielle ?