jeudi 21 septembre 2023
il aurait même tendance à ne plus bouger du tout
il aurait même tendance à ne plus bouger du tout,
empêtré dans son opulence)
la chair est tellement proche de l’herbe
que le foin fait un gros corps buté,
obtusément beau,
du jaune faste d’un lingot :
objet de tous les désirs
mercredi 20 septembre 2023
Incendie
Incendie qui comme de l’herbe sèche embrase l’encéphale
ou dans le Livre des Psaumes 102, 12 : « Mes jours s'en vont comme l'ombre et je me dessèche comme l'herbe. »
et à observer ce ballot de paille, sphère et piédestal
(au pied duquel jusqu’à l’ombre s’altère)
(on devient chaume, ou autre chose, ou bien rien)
ou bien à se trouver au ralenti derrière la remorque à ridelles,
c’est à un autre chariot de foin, aussi girond, qu’on pense
(il compense sa rondeur (vaine) et sa blondeur (illusoire) par sa lenteur
mardi 19 septembre 2023
Envolé
Envolé, avec le même clappement bref que l’étoffe de l’escamoteur.
Restaure la demeure de l’illusion : le chaume à l’endroit insolé.
Restaure un vaste mirage ?
La famille de saltimbanques aux visages subtilisés par l’oiseau, éponyme
de toute cette séquence aride, habite désormais autrement la mémoire.
lundi 18 septembre 2023
Puis, sur ce chaume
Puis, sur ce chaume, je dis qu’il n’y aura pas que l’oiseau
qui se sera déployé comme un éventail, très certainement,
et ceci jusqu’à la circonférence de mon œil,
pour ensuite entamer une rotation complète. Comme Y Sang qui
en décrivant ses lignes a décrit des cerveaux
je décris des regards,
je décris des égards,
et, réactions convergentes ou pas, l’observation circonspecte bientôt
embrase tout l’encéphale par focalisation
alors que lui s’est déjà précipité à l’extérieur de mon cercle.
(ce miroir ardent ou lentille dont le point brûlant résulte de notre intérêt concentré)
Circus est déjà ailleurs,
expérimenté à la présence invisible autant qu’à l’esquive,
et à la bascule.
dimanche 17 septembre 2023
Mais de passivité, non.
Mais de passivité, non. Il tient lieu
de balancier peut-être, cet œil fixe à l’intérieur de l’orbite,
ou d’axe sur la bascule au long cours
et sa noirceur le cache aux yeux de tous. Où
regarde-t-il ? En dedans de son axe.
Noir et pourtant plus lucide.
samedi 16 septembre 2023
C’est cet équilibre
C’est cet équilibre - la juste proportion de mouvement
(indécelable dans l’impassibilité)
ou la pondération - qui est leur garantie de survie,
au-delà des espérances.
Voir le monde comme un fléau et en tirer parti !
Sans aucune précarité dans le regard.
vendredi 15 septembre 2023
Le busard de son nom circus,
Le busard de son nom circus, je l’ignorais,
subjugue le chaume.
Ils sont sur le champ eux aussi
le chaume exactement, et posant,
exactement comme lui observe le monde trémulant de chaleur et de poussière,
maintenant l’équilibre.
jeudi 14 septembre 2023
Il a la statique des saltimbanques peints par Pablo
Il a la statique des saltimbanques peints dans sa série par Pablo.
Ou eux ont le même œil fixe
qui possède sans montrer.
L’adresse est celle du regard,
puissance contenue
mesure d’équilibre mutique et les mains qui miment
l’attache
et contrebalancent la tension de l’immobilité.
mercredi 13 septembre 2023
Un busard Saint-Martin
Un busard Saint-Martin agriffé au ballot de paille
comme un bateleur
(mais sans les prouesses). Profil à l’affût.
Et la déroulée des chicorées mêlées au fenouil commun, au talus.
mardi 12 septembre 2023
et c’est ainsi que j’apprends du silence
et c’est ainsi que j’apprends du silence, sans objection
ni rétorsion,
la souplesse et la respiration. La cadence.
Où la main fraye l’écorce et l’aubier par endroits découvert
pour la reconnaissance.
Plus haut donnant-donnant
la branche me tend le point de vue.
lundi 11 septembre 2023
Mais rompu aux vents,
Mais rompu aux vents,
exercé à l’esquive et - que je sache - à la conversion
dans l’angle du mur - l’art de la courbe -,
mais ce coudrier m’enseigne.
Muettes instances bien plus convaincantes que tous les discours.
Je ne sais toujours pas ce qui arraisonne mais moi
entre ses branches j’accepte la condition
qui est de céder en retour la parole
dimanche 10 septembre 2023
et choit la bran / che
et choit la bran
che
en ouvrant dans le feuillage un puits.
La coupe est franche
comme l’eau peut être glaciale.
Moi je vacille
sous le coup de lumière
sous le coup
du coudrier
cédant une branche et gagnant la partie.
Moi dans l’arbre c’est lui qui embrasse
qui
par-dessus le mur
(ou racines plongeant dans ses fondations)
épaule le paysage.
J’ai la sensation qu’il encourt -
bien que saigné aux ars -
son souffle près de mon oreille,
excorié.
samedi 9 septembre 2023
(quand j’attends dans les coudriers
(quand j’attends dans les coudriers que le bras)
cet accord autre,
le bras tendineux contournant le tronc
et la main gauche, son mouvement lent et appuyé
sur la branche l’enjoint de céder
(lequel des deux au juste, du bras ou de l’arbre, oscille)
de céder,
(son corps que la lumière parcellise déjà)
et il cède,
après qu’il a neigé dans l’ombre d’août
vendredi 8 septembre 2023
C’est cet accord
C’est cet accord - je sais et
je ne sais pas
ce qui se passe entre les choses et entre nous -
que passant j’entends, le tempo,
le mémorable front sylvain
rythmé de pins comme des portes
vers le cœur insondable,
que moi-même buissonnante je suis
et dépliant le gué,
c’est cet accord que j’appelle monde
jeudi 7 septembre 2023
L’amour est tout à la lisière de cette forêt
L’amour est tout à la lisière de cette forêt où
les pins raccordent leur figure à l’incommensurable profondeur
(l’impensable) - silhouettes à l’exergue
il n’est que de les consigner, le sens vient après
lorsque le paysage se déplie et s’épanouit à notre insu -
des pins comme des cytharèdes et
plus loin des feuillages dansent.
mercredi 6 septembre 2023
Cigognes-là
Cigognes-là qu’apportez-vous sinon vos signes ?
Vos translations m’exportent
obligeamment
tandis que le ciel aimante le regard -
vous y voir et c’est une image dont
l’évocation multiplie comme un scalaire
vos envolées
vos translations raisonnables - et votre grandeur tout autre
me remplit de puissance
vectorielle ?
mardi 5 septembre 2023
L’aérodynamique des cigognes.
L’aérodynamique des cigognes.
Le fuselage des têtes à l’envol.
Pins en lisière de forêt :
la frivolité du plomb à l’éclat du secret ou la futilité du secret dans la frontalité du plomb ou
la vitesse du clou
(par une vibration de l’air étonnamment vertical).
Ceci en passant, vous toisant ou cherchant à m’estimer en vous
(en cela témoins essentiels)
à mon ciel vous-même passant
et repassant.
Je vous suis.
Laissez-moi vivre des métaphores
et peupler mes transports de vos êtres discrets.
lundi 4 septembre 2023
Pourquoi cette sujétion ?
Pourquoi cette sujétion ? Qui me tient aussi ?
Mais voilà. Je me trouve sensiblement où je me cache.
dimanche 3 septembre 2023
Parce que je est langage.
Parce que je est langage. (Comme nous habitons le langage,
parfois introuvables dans son réseau,
comme l’aiguille dans la botte de foin
ce héron cendré dans les éteules, immobile,
qui attend sa proie, poignard pour l’instant rétracté.)
Je est le sujet du langage qui me sépare
mais me transporte heureusement,
exorbitant, je me cherche en toi chemin faisant,
Jacée, et je t’éprouve et me trouve près de toi
éveillée.
samedi 2 septembre 2023
Ce sang nouveau
Ce sang nouveau je l’entends qui palpite, penchée
vers le sol étoilé sans y prendre part :
invite-moi, fais-moi fleur à tes côtés ! :
mais impuissant à habiter la simple,
(la langue distancielle, toujours prévenante, me devançant
et maintenant l’écart)
je est ma limite.
vendredi 1 septembre 2023
en contemplant le mouvement des branches
en contemplant le mouvement des branches
je réalise le moment
bleu éblouissant par intervalle
l’ombre promouvant la vision claire, moi
c’est de feuillage vrai, tremblant au vent
et de la jacée, haillon d’étoile,
sanguine.
jeudi 31 août 2023
(Quand j’attends sous les coudriers
(Quand j’attends sous les coudriers la jacée qui)
je m’amourache
(j’ai soudain mollement courbée moi aussi
l’air dolent des regrets
mais c’est l’air seulement)
mercredi 30 août 2023
Et Centaurée jacée, Herbe d’amour
Et Centaurée jacée, Herbe d’amour,
Fleur de galant dit-on, dans la prairie exsangue de la mi-été,
mais elle, Jacée,
elle constelle
étoile
(que faire de ces ramifications sinon étoiler)
hémophile
(et toi, que fais-tu des tiennes, jamais assez
pour embrasser),
éclat d’où rejaillit
le lit de nouveau
amorce loin de l’hameçon de l’épi
et discrètement ubiquiste (toujours présente,
comme un amour)
elle revient hanter
- lambeaux filants sur toute paix -
(Manon
son chant déchirant
effile l’amour)
plus que chair rappelle
le temps
et sa couleur exhausse l’herbe.
mardi 29 août 2023
Une femme chante (ou pleure sur un ton déchirant)
Une femme chante (ou pleure sur un ton déchirant)
pensant au temps de l’amour révolu
et moi passant entre les chaumes plus aimante
d’être enroulée dans la tiédeur de l’air,
les vallons, la rondeur des bottes, bon, plus de gerbes plus de meulons,
le terme « bottes » ne convient pas, mais on y gagne le « round baller »
et sa grande gueule
(fascinante)
(un peu comme celle de l’oracle, bon
parole ronde comme le monde, et à la seconde bon bon)
Je pense amour en pensant ombelle, épi
épillet.
Chicorées en arrivant sur le plateau.
dimanche 27 août 2023
Pourtant rien n’est comparable.
Pourtant rien n’est comparable.
Ou c’est un lacis inextricable d’images interchangeables
agencées dans l’espoir d’être compris
(à défaut de saisir).
Ici, rempart, berme, fossé cernent
de leur rigueur défensive des champs couleur d’éteule
au relief désordonné.
samedi 26 août 2023
D’ailleurs le manque se laisse traverser
D’ailleurs le manque se laisse traverser,
soit un gué interminablement - infiniment - guéable,
infiniment secourable
comme les chaumes, la route, la moire des bermes,
le temps.
Comme est ce champ infini de métaphores qui nous suit
(voire de tournesols).