samedi 7 décembre 2024
Je dormirai
Je dormirai - de ce point de vue-là -
tout une morte saison
qui n'a rien à voir avec la mort
mais avec l'introspection, voire l'intro-spéculation
du rêve.
vendredi 6 décembre 2024
J’essaie simplement de dormir.
- J’essaie simplement de dormir.
Mais l’herbe m’assaille, la parole remontante
gravit la nuit exhaussée par degrés insensibles
- une broussaille herbacée
et semi-ligneuse boucle dans le sas -
jeudi 5 décembre 2024
le verbe - verte geste d’une journée
le verbe - verte geste d’une journée
passée à réduire
(sans la résoudre) la force brute,
la vie débordante,
et l’assertion de sa capacité à tout couvrir,
à propager -
le porte en son flux.
mercredi 4 décembre 2024
ou c’est sa conviction qui l’emporte.
ou c’est sa conviction qui l’emporte.
Le grand vert (V viride, victorieux vert d’herbe - je dirais : V herbe)
renverse la vapeur, affloue le corps hypothétique
progressif glissant
vers le - rêve qui secrète son propre
polypier -
il lâche prise
l’herbe le porte en son lit rayonné
mardi 3 décembre 2024
Un nuage dont la base touche le sol
Un nuage dont la base touche le sol
m’enveloppe et arraisonne
je pense à Io perdant pied perdant
raison et feuillages et
herbe coupée sous le pied de la rationalité,
renversée par tant de persuasion
ici c’est un rapt aussi
lundi 2 décembre 2024
Une lente incoercible crue m’impose son rythme
m’impose sa couleur comme une main,
sa couleur crue elle aussi
visible encore sous l’eau météorique
juste avant sa déposition.
dimanche 1 décembre 2024
Jeunes pousses « tendres » dit-on
Jeunes pousses « tendres » dit-on
mais tendre aussi est cet herbier, images
et pensées de l’avant sommeil,
juste avant l’affluence du rêve
(le verbe qui enraye la raie du rêve).
Cette herbe lourde à travailler
imbibe le corps
que je laisse dériver.
Une lente incoercible crue m’impose son rythme
samedi 30 novembre 2024
je mâche herbe je broie du vert
je mâche herbe je broie du vert
je bois jus d’herbe (la tasse), je pense
herbe air viride bâillon d’herbe
embâcle (bronches)
compacité verte dans poumons (végétalisés)
je visualise des talles.
vendredi 29 novembre 2024
L’oreiller d’herbe
L’oreiller d’herbe dont la grandeur
à en délinéer les lés toute une après-midi durant
- un aller, un à revers -
démesure le corps (lui irréversible)
est précisément celui qui endormira la bête
que je suis, (animale)
noyée dans la couleur
submergée de vert
pensées du premier sommeil, puis rêves
jusqu’au sang teint dans les artères
jeudi 28 novembre 2024
Lorsque me revoilà face au
Lorsque me revoilà face au
cyclamen de Naples - le havre à jamais -
l’éternel de retour, encore une fois, en ce lieu
(lieu entre tous, cyclamen à l’oreille opportun
me ramène à ma propre révolution).
Un cercle évident, amène.
mercredi 27 novembre 2024
Qu’as-tu à démontrer, toi,
Qu’as-tu à démontrer, toi,
comment dire ta reconnaissance
envers sa démonstration de hardiesse
et sa tempérance
l’œil prudent jaugeant les alentours
au mieux
(au mieux de sa grâce et de l’expédient,
au mieux de l’usage du monde).
mardi 26 novembre 2024
Rien ne bouge plus.
Rien ne bouge plus.
Rien n’est plus.
Un court instant il m’avait convaincue
du transport : sa reptation ce rapt
de mon attention (gravir/ravir)
(regardeur et regardé intimement
liés dans le motif, un nœud de serpents
l’un par l’autre enlacés)
Restée seule dans sa ligne diagonale
(pas si sûre de ma présence cependant)
cet air pensif, dis-tu ?
lundi 25 novembre 2024
Ma pensée stupéfie
Ma pensée stupéfie
si vite (ce frisson parcourant,
à la vue simple d’un couleuvreau inoffensif)
Hierophis débordant son espace
allongeant le corps
se repliant dans un lacet de discrétion
(un entrelacs
entre là et lui, lui & lui)
& soudain là c’est : un sursis
l’œil projette sa sortie, sa métaphore s’effile
et il s’évanouit.
dimanche 24 novembre 2024
C’est la révolution de ce petit corps
C’est la révolution de ce petit corps topique,
irréductiblement là, au bord du chemin humain
se hasardant parmi les graviers
(exactement) furtivement se montrant
en se dérobant
alors que nous passions innocents
et sans rien voir.
Qu’est-ce qui bouge exactement
du chemin ou de lui ?
samedi 23 novembre 2024
Lieu ouvert
Lieu ouvert (qui ne contient pas
ses points limites) le corps de Hierophis distord
l’allée, déplace avec lui le sol
sous mes pieds
lui si flexueux emporte l’espace dans sa fuite.
Fuit… : d’avoir été plus là.
vendredi 22 novembre 2024
Une autre ligne
Une autre ligne (courbe ouverte celle-ci,
mais supposée tout aussi dérivable)
sinue entre nos pieds sur le gravier : juvénile
Hierophis viridiflavus ne sait pas seulement
où aller pour conjurer ma présence.
Tête levée par préoccupation d’espace,
les propriétés d’humilité et de prudence
de ce corps continûment déformé dans le mouvement
servent sa topologie.
jeudi 21 novembre 2024
(ce dont j’ai besoin
(ce dont j’ai besoin
certainement)
(ce dont je manque). Un poème
dans chaque poche du tablier,
je quitte l’aire du noyer
un peu plus satisfaite.
Saisie par la noix
qui rassasie ma faim de poème.
mercredi 20 novembre 2024
Que je scrute et soupèse
Que je scrute et soupèse,
plein des cerneaux lobés,
comme une proposition de passation
(comme un masque passeport contient
dans sa loge réduite
l’esprit, et la force de le léguer)
noix, poème tout court, est un visa pour
la relation avec le monde :
cervelet et esprit d’appoint
mardi 19 novembre 2024
ou la courbe fermée
ou la courbe fermée du poème.
Encore que ce soit un cervelet qui tombe là
en quelque sorte, tiens !
(organe qui permet entre autres l’ajustement aux variations
dans les relations sensorimotrices)
un cervelet de secours ! Pourquoi pas ?
lundi 18 novembre 2024
Tel un poème est cette noix
Tel un poème est cette noix
ou ligne dure du poème
(ne le prenons pas mal)
dure à pénétrer et dure à embrasser
état sans cause échue à mon insu
(discrètement détonant dans mon dos)
dimanche 17 novembre 2024
- SA chute, hein, pas la mienne
- SA chute, hein, pas la mienne
intempestive redite
toujours intempestive, à contretemps
de mon geste pour l’intercepter
mais non voyons ! Elle tombe dans mon dos
lorsque que je regarde ailleurs
après avoir longtemps guetté l’ébranlement
le tressaillement de l’écale
elle tombe à point nommé lorsque j’ai le dos tourné
pour faire sursauter la glaneuse
allez ! tombe de son ciel
pour le suspens dont je suis la chanceuse nominataire.
vendredi 15 novembre 2024
J’attends
J’attends
(mais gare à la chute !)
de la noix
que sa trajectoire me montre
(le ciel et la terre
font un aujourd’hui)**
la concrétion - en un point, ponctuelle
(le raccourci en quelque sorte) - de ma réalité présente
(l’image par excellence) :
tel un poème est cette noix
que je ramasse.
et toucher (alors) d’un inexprimé
geste subit légèrement mes yeux ?
touch(now)with a suddenly unsaid
gesture lightly my eyes ?
E. E. Cummings, font 5, traduction et postface de Jacques Demarcq, éditions NOUS, 2011, p. 97
le neuf est le vrai
**(le ciel et la terre
font un aujourd’hui)
E. E. Cummings, 95 poèmes, traduit et présenté par Jacques Demarcq, Points/Seuil, 2006, p. 128
jeudi 14 novembre 2024
projet de liaison des mondes
projet de liaison des mondes
la noix par terre te fait tendre la main
vers son monde
fermé comme un
un œuf, un nœud
un monde neuf ?
un pré-clos et coi
sans quoi rien ni pourquoi un pré quoi ?
néanmoins
noix c’est un monde poreux
sans jamais la gauler j’attends le saisissement
par la noix
de toute mon attention
mercredi 13 novembre 2024
[Intermède. Chaumont.
Bovins langoureux très placidement
posés sur la courbe sinueuse de l’horizon
blancs comme des œufs.
La ligne de crête ondoie sous eux.
Dessous, sur les pentes
la gesticulation des vergers musculeux
désarçonne le regard somnolent
cahoté contre la vitre du train.]
mardi 12 novembre 2024
Cependant très vite
Cependant très vite
très vite
grâce à la pluie (ce moment de grâce)
plus rien ne (pan !)
pend.
Au sol ce vœu
extrême puissance
d’attraction
baisse-toi, nodale !
valence et
e (comme un œuf, un nœud)
se donne à qui veut bien se baisser
(au plus près des pieds les yeux)
et la noix comme un e valentiel atterri
(projet de liaison des couches externes)