mardi 8 juillet 2025
C’est ce déséquilibre qui l’anime
C’est ce déséquilibre qui l’anime
il n’est bon qu’à ce je incliné
penché sur elle, son départ
non plus comme le pal sans appel
mais comme la pile d’une arche large (et libérale)
dont la courbe endosse la vie,
tout à sa réponse qu’il mûrit
en descendant lentement vers elle.
lundi 7 juillet 2025
Lui qui vit de cette attente
Lui qui vit de cette attente
sur son seuil permanent exposé à l’altération (aussi bien)
il ose un geste, est-ce indicible ?
il se réalise
il va fleurir avec elle
qui donne le ton et le son – cette petite misère
voyez-vous, dite Éphémère de Virginie, sans savoir
l’oriente vers son mobile –
dimanche 6 juillet 2025
Maintenant tout se refait
Maintenant tout se refait
une fleur revient à elle – bisannuelle
il l’attend à ses pieds, vivace elle
l’accompagne de sa place
fleur qui lui tient tant à cœur
et à l’estomac, centrale et solaire
comme le plexus reçoit les branches afférentes
et donne (les branches efférentes)
sa causalité (cause et effet, dans leur corrélation) de fleur solaire
cause et arde en lui
et réalise (à jamais) ce qui apparaît
– comme une aubaine (une éclaircie) –
samedi 5 juillet 2025
La rafale qui le fouetta
La rafale qui le fouetta lui arrache
– cet arbre-là qui lui donnait tant –
sape d’un coup bref son espoir de fruition
sa séquence sensée
il cherche à la domestiquer
il élabore un souvenir qui puisse se substituer
à son désarroi,
il assimile des conséquences qui seront les lendemains.
vendredi 4 juillet 2025
et il passe, et repasse
et il passe, et repasse tendrement, en veilleur obligeant
il salue, il recueille
– le jour où la branche de prunier cassa
il sut immédiatement interpréter ce cri
l’averse d’obus verts et d’écus luisants
un essor inversé, une remise,
les mains propres de l’arbre ne trahissaient rien
aucune faiblesse mais un vertige le prit
et je déplora seulement son pal austère
et sa tutelle assurance – un si j’avais pu
qui n’est pourtant d’aucun temps
fut sa réponse inappropriée.
jeudi 3 juillet 2025
des possibilités d’espoir
des possibilités d’espoir, entend-il,
dans des variations infimes de l’être –
et il les reconnaît – il reconnaît oui des visages
en lieux de roses maintenant
il s’accroche à ces visages
portés par des inflexions bénévolentes
– le rossignol aussi –
leurs hochements quand il passe
mercredi 2 juillet 2025
Il cherche un geste
Il cherche un geste, il cherche une fleur
(son habitus disent les botanistes)
le geste qui la rend à elle-même en le dévoilant lui
à lui-même, comme un amour (non une explication
ni même le début d’un savoir quelconque sur, non,
mais avec, peut-être, ou parmi). Je le vois s’éveiller
trèfle ou ortie et se coucher plantain, rose,
autant de lieux comme des de non-lieux
mardi 1 juillet 2025
Il s’approche ainsi des faits croit-il
Il s’approche ainsi des faits croit-il (le croit-il ?)
mais il sait sa douleur (il l’aime ?) comme il chérit
la désillusion : il n’espère pas toucher véritablement son but.
Il prend acte et s’attelle
il s’essaye
il tente de déjouer les leurres.
Accepter, sans jamais ramener Eurydice, ni une seule fleur.
Il chérit ce non-sens aussi.
lundi 30 juin 2025
Peut-il vénérer son objet
Peut-il vénérer son objet, ou l’ingérer à satiété,
il ne sait de toutes façons faire autrement qu’en le passant par sa bouche,
autrement qu’en goûtant ce qui de prime abord
a été vu et senti, sucer le doigt qui décela le mobile, sucer
les graviers uns à uns, gargariser l’arrière-bouche
– le chant du rossignol –
mâcher la feuille comme l’enfant qu’il a été, qu’il est
très certainement encore. Honorer avec le métabolisme.
dimanche 29 juin 2025
parfois c’est un don de charme
parfois c’est un don de charme
et il tombe. Ce fut une feuille de charme apportée
par les vents d’hiver, il en est comme sous l’effet
d’un philtre tonifiant, embarqué dans cette navette,
un philtre qui l’exalte ou l’exacerbe c’est selon.
Mais comment laisser dire ce transport, sans emphase, sans exagérer
son enthousiasme sincère ?
Sans enfler son visage ? Il a les tropes
il a l’amour
il s’adonne
il vivifie le motif et se vivifie dans le travail d’approche
il voit soudain beaucoup plus loin : les Alpes, le Taurus ou la Cordillère des Andes
à l’horizon, par exemple, de la baguette
que la réaction de Maillard forma dans le four
en ligne de crêtes (en ligne de crête ténue pour l’amateur sensible,
entre dévotion et dévoration)
samedi 28 juin 2025
Mais faut-il qu’il ait erré longtemps
Mais faut-il qu’il ait erré longtemps
comme aveugle et à tâtons, oui,
avant de reconnaître en cette feuille
son motif (c'est-à-dire
possiblement son visage fondamental
– non pas le sien propre seulement mais
le visage d’une humanité – et sa raison)
qui l’isole du monde en même temps qu’elle l’incorpore.
C’est là qu’il se rend, que la forteresse cède,
d’un je hanteur, soucieux d’une seule chose
(une chose qui le précède et l’ignore, à coup sûr,
mais lui parle) et qui se trouve portée sur un même pied.
En épée au-dessus de sa tête (de sa vision plutôt)
finalement moins menaçante que prometteuse (et motivante)
sa pointe acérée un don du ciel dirait-il s’il y voyait
un dessein à son intention, mais non, un don d’arable
vendredi 27 juin 2025
ll l'écoute
Il l’écoute
l’investit pour se la représenter.
Aiguë elle acère son esprit opiniâtre,
ses nervures, un faisceau des routes
pour xylème et phloème, délinéent un projet
mieux appréhendé en ce contre-jour.
Ici elle lui enseigne le dessein
(là où il peut simplement le voir)
cette feuille, une d’érable (acerabulus/l’arable
du Roman de la Rose et de la langue d’oïl – la langue du oui selon Dante – ),
la voici feuille qui se montre arable en effet
et il fourbit aussi sa pointe aratoire.
Ce simple éclat, comme tout un sol fertile,
devient son mobile
(et le soc et la terre en même lieu),
(une histoire d’armes et d’amour dit-il au prologue)
jeudi 26 juin 2025
Et nous persuade qu’il y a quelque chose d’inouï
[(et nous persuade que ça et là, un éclat)]
Et nous persuade qu’il y a quelque chose d’inouï
et d’irréductible
qui s’invite à la table des discussions
cette chose indemne tremblant
comme une feuille en suspens dans l’angle de la fenêtre
juste après l’orage
que déjà il investit – sans achèvement, chose-là que nul art
n’achève, jamais –
mercredi 25 juin 2025
Je s’ébranle de nouveau.
Je s’ébranle de nouveau. Nous parlions-nous ?
Nous voyions-nous ? À force d’ajustements –
il cherche l’entre-deux, le vide médian,
il reconsidère l’agencement –
il voit des choses nouvelles (ce n’est pas une affaire
de vision, de toutes façons il n’y voit plus,
il n’accommode plus, et il n’y a rien à voir,
pas plus qu’à dire)
il interjette, et les choses se mettent à parler
comme le rossignol, paroles mêlées que tous
n’entendent pas, mais dont la profusion inachevable
constitue ce qu’on nomme silence
un bruit blanc, bas et continu comme le bruit
d’une chute d’eau. Ceci dans une seule goutte ?
Dans l’écart entre deux, entend-il
(et nous persuade que ça et là, un éclat)
mardi 24 juin 2025
au même titre
[Il a une vie singulière dans le poème qui est sa réalité]
au même titre – au même titre que
le plan de leur carrière, leurs affaires, réformes et guerres –
ce long poème sans (presque d’) interruption sauf respirs et répits (regards en arrière)
(car la vie n’en a pas) fait la vie
grammaticale – (haut les tropes comme haut les cœurs !)
figures en avant, autres figures
qui s’essayent à vivre recèlent bien des liaisons
refondent un monde –
et idiomatique (chacun l’aura compris,
le comprend dans sa langue)
ces faits qui sont des moments perdus pour la perception
génèrent d’autres faits (gagnés pour la perception)
c’est que toute l’après-midi
il a écouté le seau s’emplir goutte à goutte
– le seau sur la palière remplit sa coupe
encore une fois, et il la porte à sa bouche –
cette eau cette poire musicale donnée pour la soif de rythme
affluait vers sa bouche
- abreuve l’asséché dans ses intervalles, pensait-il
ce n’était pas accomplissement mais commencement.
mardi 17 juin 2025
il – mais non, c’est sans intention de distraire – égaie le lieu
il – mais non, c’est sans intention de distraire – égaie le lieu
par son évasion désordonnée – sa débandade –
ou : la résistance viscérale supplée
au manque de tout
incontrôlée centrifugeuse de corolles pourpres
à roses… à blanches – dit rouge –
quels subterfuges pour une mission
de camouflage
des corolles fluettes mais bien là
en discrètes lanternes signalétiques
sur la piste d’atterrissage
de l’armée des ombres.
lundi 16 juin 2025
Ou spécifiquement humaine ou.)
[(Est-ce sur un pied d’égalité ? La question ne se pose pas.
Elle est question humaine seulement.]
Ou spécifiquement humaine ou.)
Il n’y a qu’à voir comment ces axes secondaires
prennent le relais de la floraison : l’union
pour la survivance
fait du compagnon rouge un grand dégingandé
qui fait la roue, s’échevelle et s’arque
plus voyant que le pivot qui l’ancre pourtant
profondément
(que la tarière, la question – spécifiquement humaine –
de la nécessité, de la justice – sinon de la justesse –
de nos actes – nos gestes –
mesures mesurées)
lui, sans (il ne se jauge/juge pas
à la nuit, à un vers, une allée de simples, et
l’orage ne l’effraie pas – puisqu’il ne perd pas)
il s’égaille en rouge compagnon de la misère
dimanche 15 juin 2025
Mais enfin !
Mais enfin !
Lui, le silène, n’attend rien de ce témoignage,
la croissance sympodiale de sa cyme bipare –
stratégie de survie, pourrait-on dire – inclut
la reprise d’un axe secondaire, un autre, uni
sur un même pied.
(Est-ce sur un pied d’égalité ? La question ne se pose pas.
Elle est question humaine seulement.
samedi 14 juin 2025
Là est le silène dioïque
Là est le silène dioïque
dont la première fleur – apicale, terminale –
arrête et définit l’axe principal,
une fin qui engrène aussitôt la ramification :
voyez tout l’art du contournement, de la diversion et
de la démultiplication des forces dans un simple !
Alors je, touché, s’en remet à la fleur qui dans sa fin sans ruine admet l’équivoque,
plutôt qu’à l’abomination des discours d’intention.
vendredi 13 juin 2025
– dimension constamment sous-évaluée
– dimension constamment sous-évaluée
leurrés que nous sommes par les couleurs
car l’œil s’habitue à la lumière
je se prend pour l’axe –
l’axe de ce qui fut / et de ce qui sera
l’axe (non laxe) et, s’il n’y prend garde, pour la lame
(à double tranchant, et fatale)
Mais voyez donc le compagnon rouge* !
* Vélimir Khlebnikov, « le compagnon rouge… », Zanguezi & autres poèmes, traduction du russe par Jean-Claude Lanne, 1996, Poésie/Flammarion, p. 98
jeudi 12 juin 2025
Elle se déroule entre les fleurs aussi
Elle se déroule entre les fleurs aussi
ici microcosme fidèle aux grands principes
parmi la rumeur d’insectes
le spectacle effarant et jouissif de la descension
mercredi 11 juin 2025
Féroce est la bataille
Féroce est la bataille sur ce champ – hantée
par l’image des précédentes –
il s’en dit à coup sûr de métaphores médiatiques
l’estoc est fréquent.
mardi 10 juin 2025
ce n’est pas qu’il n’a rien à voir là-dedans
ce n’est pas qu’il n’a rien à voir là-dedans
– il fourbit ses larmes, en faire des loupes,
probable un instrument d’optique, probable –
et encore lorsqu’il écoute une ultime goutte
chuter sur la feuille souple et encore lorsqu’
il retrouve le rossignol, il retrouve le rythme
de l’atelier, la lente avancée sans autre objectif
que le mouvement. Mobile, mobile
est le monde – normal, il tourne – et la parole
versatile, « à deux tranchants » comme l’épée
(bien qu’on la dise une, contrairement aux ciseaux)
(mais on n’attend pas de la parole qu’elle tue proprement)
la bataille se déroule sur ce champ-là aussi,
c’est pourquoi il est extrêmement attentif à n’y pas prendre part,
non par lâcheté ou indifférence, non,
mais par souci de véracité, de fidélité à la sensation – les faits, l’effet – plutôt qu’à l’idée.