samedi 27 avril 2024

À la boîte blanche, vues 337


 

Et je suis ta voix

 

Et je suis ta voix

idiophone

 

s’amplifie ton air

quand pluie         trame

 

il pleut envers

 

poc poc (rouge adverse)

contre le bidon à fuel, la rouille exacerbée


vendredi 26 avril 2024

À la boîte blanche, vues 336


 

clôture et muret

 

clôture et muret varient leurs coordonnées

topographiques et perspectives

(piquets obliques à la mesure de la valeur angulaire,

de l’heure)

 

tout est dérouté

quand un jeune frêne outrepasse la ligne

et suit l’horizon

 

je rentre dans ton paysage

 

jeudi 25 avril 2024

mercredi 24 avril 2024

À la boîte blanche, vues 334


 

Vue enlierrée

 

Vue enlierrée : le poids de l’ombre-bien-avant-l’ombre

brisant les piquets d’acacia  

la clôture en chavirant

entraîna le naufrage d’une flottille de buis

 

(de faible tonnage qui mouillait là)

 

puis par ces pertuis a déferlé la brousse

 

sur un embâcle naturel dont le temps seul est l’artisan

et l’expédient

- le glissement d’un seuil permanent -

que la végétation elle-même comprend

et contourne par le haut

(toujours plus en hauteur, les câbles de la vigne-blanche

hissée aux mâts

et aux vergues qui s’inclinent jusqu’à la vague)

 

mardi 23 avril 2024

À la boîte blanche, vues 333


 

boucles flottantes

 

boucles flottantes

pétioles lascifs

 

on ne sait pas qui

des fleurs du cerisier ou des sarments de Clematis vitalba

contribuent le plus à la formule

 

de l’équivoque vernale

 

une éblouissante promesse à l’œuvre

autant que

la trahison complice de nos espoirs

(parce que nous pensions y retrouver ces petits buis)

 

et enlierrée.

 

lundi 22 avril 2024

À la boîte blanche, vues 332


 

Un monde pérenne

 

Un monde pérenne

qui se consacre (allègrement) à son économie,

il n’y a qu’à voir la liesse - chère li[é]e - de la vigne-blanche

dans les branches de cerisier

 

l’austère enserrement (mais l’enlacement pondéré)

les fleurs délicates sous-tendant ces rudes sarments,

 

en vue de la liaison fruitive

 

dimanche 21 avril 2024

À la boîte blanche, vues 331


 

Cette haie

 

Cette haie, d’une vitalité intensive,

à la dépense pourtant sobre et prudente,

- usage exhaustif de l’espace, de la lumière,

toutes dimensions déployées -

convertirait à la circonspection n’importe quel visiteur dispendieux.)

 

samedi 20 avril 2024

À la boîte blanche, vues 330


 

nulle interprétation cependant

 

nulle interprétation cependant quand

les capsules creuses des fusains pendulent devant l’œil

 

(toute interprétation étant abusive

il faudra éclaircir sans élucider,

ne cherchons ni ne rêvons de raison à cette structure profonde,

ni de présage pour nous.

 

vendredi 19 avril 2024

À la boîte blanche, vues 329


 

et ce paysage

 

et ce paysage est un concours de morts qui admet la vie

et qui l’étaye

la cépée écartelée du coudrier

la ramure passible d’un frêne pour l’ascension de lierre

 

qui perd gagne, et c’est l’éloge de la ruine

pour le socle solidaire, pour l’échelle infaillible :

rien n’achève jamais la chose achevée

 

(sauf peut-être mon œil épris de rationalité soudaine :

éclaircir pour relever ce muret)

la chose que je vois en championne toutes catégories de l’économie,

avec l’exaltation que cette art requiert

 

paysage vertical, monde profus, recomposé,

déjà ma phrase à vau-l’eau sur cet entrelacs éblouissant,

contre-jour

 

aveuglant de réalisme

 

jeudi 18 avril 2024

À la boîte blanche, vues 328


 

ma propre chair l’éprouve.

 

ma propre chair l’éprouve. Ma chair

en réponse, œil pour œil, pour évaluer

cette profondeur aggravée

(malgré ma difficulté à accommoder)

surtout qu’un automne s’est plu a glorifier la mort.

 

Là, il fait la roue, cet œil vulnérable

tout autour et au cœur de cette parade printanière

où ne reprend que ce qui l’entend

où ce qui est mort est là, pour autre chose,

entrelacs mystérieux d’utilités et d’usages,

 

avec un vieux seau et un ballon pour couronner

 

rentre dans mon paysage dit la haie

 

 

mardi 16 avril 2024

À la boîte blanche, vues 327


 

ce débordement par le haut

 

ce débordement par le haut

à tous les registres, bientôt indépassable,

que je devrai moi aussi tailler, yeux qui ne demandent qu’à voir,

gemmes miraculeuses, diaphanes dans le rai clair,

qui perlent à chaque embranchement

 

lundi 15 avril 2024

À la boîte blanche, vues 326


 

vers le coudrier

 

vers le coudrier qui redoutait le vent (ici aussi c’est

l’esprit de la vie qui taille dans la vie, ici aussi)

de plein fouet j’y vais, cinglée,

car de toute part la haie cerne le monde

et exulte (et m’exhausse, moi qui suis maladivement soumise à la terre)

 

dimanche 14 avril 2024

À la boîte blanche, vues 325


 

Je suis là.

 

Je suis là. J’avance vers le camérisier.

Une infime chose, puis une plus insignifiante encore

(l’humble perpétuation de son intensité vernale -

le si fin dessin de ses jeunes feuilles, la modicité

du feuillage mais d’intense clarté -)

 

samedi 13 avril 2024

vendredi 12 avril 2024

À la boîte blanche, vues 323


 

J’approche de la mancienne

 

J’approche de la mancienne, maussane,

pour ses cordons (pour mes fagots)

la fleur de lait caille déjà au centre

d’un déploiement de feuilles gaufrées.

Fuis en raison du parfum la viorne lantane !

 

jeudi 11 avril 2024

mercredi 10 avril 2024

À la boîte blanche, vues 321


 

comme en visitant la haie

 

comme en visitant la haie,

on relève les manques

 

on s’étonne des nouveautés

 

on devra questionner le fusain

comment vont tes hyponomeutes ? et de l’érable champêtre

 

scruter le haut lignage

(toi cocher qui tient la haie au cordeau

 

diligent aurige, maître

à la parade, de main de maître)

 

et où vas-tu ?

 

mardi 9 avril 2024

À la boîte blanche, vues 320


 

Printemps :

 

Printemps :

non non

le monde ne s’exilera pas du monde

(c’est seulement l’humain, lequel quelquefois…)

mais voilà l’illusion nous fait dire : rien n’est perdu,

alors qu’on le sait bien, c’est plutôt : tout n’est pas perdu qui s’avère l’expression

adéquate (nous nous rendrons bientôt compte du retentissement

par le vide,

ce pur scandale,

de tout ce qui n’a pas repris)

 

lundi 8 avril 2024

À la boîte blanche, vues 319


 

Attends attends attends

 

Attends attends attends

comme le rat dans l’âme

enroulée sur toi-même

que la fumée te porte dans une autre réalité ?

 

À coté une haie frémit qui est bien vivante.

 

dimanche 7 avril 2024

À la boîte blanche, vues 318


 

J’endosse la nuit

 

J’endosse la nuit, là, devant ce feu

il est 20 heures en mars

un trop vaste pardessus d’où mon transi

discerne de menues connivences entre les flammes.

 

Bien sûr ce feu est un lieu intense

- pas un sujet -

 

(et moi qui l’ai initialement allumé je suis l’accident,

la contingence (au mieux l’agent de liaison)

dans la nuit confondue en ce lieu -

rien moins que radicale -

 

ou bien étant la racine divertie

détournée de sa fin

j’incendie, j’affabule, je diverge)

 

qui a le pouvoir de mener à un autre lieu

de transfigurer le geste


mais l’expérience demeure incomplète

- infléchies les intentions

déviée la sensation -

(le procès suit la combustion des aromates et des sarments

se tortille avec eux et s’effondre en brasillant)

 

(c’est là la progression de mon histoire)

 

emportant tout le ressentiment


mais pas jusqu’à l’affliction.

 

samedi 6 avril 2024

À la boîte blanche, vues 317


 

alors je cède à la tentation de la chaleur

 

alors je cède à la tentation de la chaleur et je rêve.

 

Je tends les mains. Affres de tisons et d’épines, tandis

que le dos tourné vit l’autre effroi.

                                                                Tandis que toute la nuit vient se regrouper là,

il arme sa courbure - ô combien,

                                     combien porteuse -

et lui fait une monture consentie.

 

vendredi 5 avril 2024

À la boîte blanche, vues 316


 

car le feu est feu

 

car le feu est feu et n’a pas besoin de mon ardeur

- ma présence quémandant son motif comme gage d’authenticité -

pour brûler

et, à la rigueur, je devrais pouvoir me passer

de la réflexion - sans parler de la rétrospection -.

 

Car je choisis de me faire face en veillant ce feu

sentinelle de moi-même avisée

ou plutôt non

démunie

(puisque me manque toujours le fondement animal)

 

puis la flamme attisée relance - ce tétraèdre dont

rien ne manque -

alors je vois que le feu a sa fin dans la flamme

comme l’expérience dans la formule

 

jeudi 4 avril 2024

À la boîte blanche, vues 315


 

C’est que l’incendiaire que je suis

 

C’est que l’incendiaire que je suis

n’est ni tout à fait réfléchie

ni assez hardie : téméraire, non,

insouciante ?

Responsable. Je réponds de ce brasier

comme de la pensée

 

j’ai le feu au bout des mains : valide

ton feu de toujours

(mais n’en fais pas trop)

n’en remontre pas, gare à l’emphatique

flamme, voici

 

(voici comment je me parlai)

 

mercredi 3 avril 2024

À la boîte blanche, vues 314


 

thyms, marjolaines et sarriettes

 

thyms, marjolaines et sarriettes brasillent et elle rougeoie


tout un maquis dégueule

la lave incandescente jusqu’au noir profond

dévale la pente

 

optique à peine régulée par ma fourche

(ma vigile attentive qui resserre la focale)

 

mardi 2 avril 2024

À la boîte blanche, vues 313


 

Feu d’herbes

 

Feu d’herbes

(des foulées d’aromates à pied comptés)

ce sont les thyms, marjolaines - temps, tempos, en moult versions d’offrandes

et bouquets de l’antique absente -

que nous brûlons maintenant

 

que je regarde ainsi boursoufler la nuit