jeudi 28 février 2019
Fidèle au nord finalement
Fidèle au nord finalement - la fenêtre est
la mesure de l’attente, une sorte
d’abandon au pivot central - à l’ouest la forteresse
des bois, départ écarlate derrière les frênes,
et l’est à grands cris et renforts - les silhouettes
longues et talonnées des bouleaux et des pins
attigent - au mur de la pièce -
ce qui est exactement comme l’axe dont l’obliquité s’impose
- et l’oiseau qui perche
sur l’écume rameuse s’adresse
aux variations du manège -
L'inclinaison de l'axe
ou obliquité est une grandeur qui donne l'angle entre l'axe de rotation d'une
planète (ou d'un satellite naturel d'une planète) et une perpendiculaire à son
plan orbital
mercredi 27 février 2019
Comment par quel chemin
Comment par quel chemin arriver jusqu’à
si jamais j’y parviens
- ni William ni Guillaume ni aucun autre -
sinon par la voix de mille autres :
cendres fleurs examinées oiseaux et chiens
c’est le théâtre vrai dans lequel
un comparse avec une lanterne, un
buisson et un chien, ne signifient
pas
le clair de la lune mais une coupure d’électricité
sur le quartier, au mieux la promenade nocturne
pour les fonctions du chien, et où la lune est
la lune, satellite orbitant né de la collision
d’un petit corps avec la terre dont chaque soir la montée
toujours aussi belle est attendue entre les sapins
Et
moi aussi de près je suis sombre et terne
mais je sais reconnaître un astre - pas seulement à sa
luminosité -
d’ailleurs comme la lune j’emprunte la clarté
pour restituer plus
réelle la nuit j’entends le bruit de
leurs pas
maître et chien profitant de la magnitude et de la
gravitation
marchant derrière le halo de leur lanterne qui oscille
Après ils auraient
traversé les prés, peut-être
pour rejoindre les bois d’ici à moi plus proche
hypothétique matière sombre
( avec, pour cette fois-ci :
Chateaubriand, Essai sur la littérature anglaise, t. 1,
1836, p. 216
G. Apollinaire, Cortège, Alcools,1913
Isabelle Sancy, Apollinaire, sans prix )
mardi 26 février 2019
Où les oiseaux picorent
Où les oiseaux picorent
le sol bleu - bleu de
très très riches heures - aussi vite que
les miettes dispersées
sur ce
- s’envolent -
et qu’avive le gel
Alors je la vois
la tête rouillée du clou
qui fut forgé
et enfoncé dans le mur
- le moindre recoin
aura été visité -
œil - spire solitaire - qui dure perçant
juste au-dessus de l’endroit
où la neige intacte
recèle le semis
de ces chiffres
lundi 25 février 2019
Cueilli côté nord
Cueilli côté nord
là où la neige tient encore
ces fleurs inopinées :
stigmates cunéiformes
en parterre.
dimanche 24 février 2019
Puis lentement
Puis lentement
- plus ils sont écrits
plus ils disparaissent - se lient
ces précieux indices
en des colliers de clous
et de coins controversés
plus ou moins décisifs
- la question reste pendante -
qui se dilatent et s’accolent
jusqu’à ne plus rien laisser paraître
de la délinéation de leur trafic
d’autres traces d’un bestiaire plus vaste
- un récidivé sous les appâts -
sont à déceler dans l’herbe et la boue
mais plus difficilement
samedi 23 février 2019
Oiseaux dans la neige
Oiseaux dans la neige
ah !
Le rouge-gorge cisèle ténues
sous la gouttière et sous l’arbre des ombelles
avant l’heure
les preuves de sa venue
incises
( des indices de fleur et des cercles astreints
au pied des cerisiers )
vendredi 22 février 2019
Ce que je ne vois pas bien
Ce que je ne vois pas bien c’est qui portait - écarlate -
cette égide cémentée par la lumière du soleil.
Ou semant la terreur parmi les mortels, ou galvanisant les
plus véhéments…
Pour dérouter qui et quoi ?
J’entends que la lune cuivrée était considérée jadis
comme annonciatrice - comment en douter ? - des
désastres
les plus terrifiants. Lune
de sang. Et aujourd’hui
nous tournons nos regards médusés
vers celle qui momentanément
nous distrait d’une autre terreur - chute inéluctable - recommencement
de collision annoncée avec des murs : fin en soi.
[Athéna] jeta sur ses
épaules l'effrayante égide
Aux poils mouvants, où s'étalaient, en un grand rond, Déroute,
Et Discorde et Vaillance et Poursuite glaçant les cœurs,
Elle porte en son centre la tête de Gorgo, ce monstre épouvantable,
Terrible, grimaçant, signe de Zeus le Porte-Égides
Aux poils mouvants, où s'étalaient, en un grand rond, Déroute,
Et Discorde et Vaillance et Poursuite glaçant les cœurs,
Elle porte en son centre la tête de Gorgo, ce monstre épouvantable,
Terrible, grimaçant, signe de Zeus le Porte-Égides
jeudi 21 février 2019
Lune née de la collision d'un petit corps avec la terre
Lune née de la collision d’un petit corps avec la terre
me dit-on - aujourd’hui je la sais seulement pleine dans le
parfait alignement
d’éclipse totale -.
Tout cette rougeoyante projection solaire que la nuit très
noire développe à 6h
sur la face visible - entrevue soudain au plus près la face historiée
de bouclier ardent
alors que vient d’être arpentée la face cachée du satellite
-
cette rougeur je reconnais en elle notre visage sensible notre
abondance née du hasard
ou de la température du désir - chaleur : somme des énergies, potentielle et
cinétique, des molécules d'un corps, perceptible à nos sens -
c’est un miroir que je vois et
je pressens la loi des échanges de chaleurs
mercredi 20 février 2019
Bien qu'obsolète
Bien qu’obsolète
cet iris me regarde je vois
déjà le départ sous l’écaille
qui préfigure l’aigrette
cette géométrie - plus aiguë
plus nette sensation d’œil
à travers le givre - qui émaille
- le diamant acéré de - ma vision éblouie
mardi 19 février 2019
Je ne voudrais pas
Je ne voudrais pas rester muette devant elle.
Répondre à l’impulsion par un engagement avec l’objet
- poème ou autre - me voici encore une fois toute à toi
tentant de rendre la complexité et l’évidence
l’ardeur et l’indolence ou l’indifférence. Pourquoi ?
Parce que je est partie
intégrante, une, qui voit
et qui est vue.
Cette alliance en un point qui me regarde
un peu douloureuse comme un iris de plus
lundi 18 février 2019
"Une composition ne doit pas avoir l'air d'en être une"
Elle dit qu'une composition ne
doit pas avoir l’air d’en être une
- non sans ironie - mais tout n’est il pas agencement
imbrication de formes et de substances en nature ?
Cette lumière d’hiver éclatante - une verrerie, acuité de petites
coupures - qui transmue
en couleurs les moindres particules de surface : éclats
violents
qui s’avèrent orangers, bleus, des verts crus d’une nature
criarde.
Les couleurs déterminent surface et structure.dimanche 17 février 2019
Pas seulement le grès
Pas seulement le grès - qui est sable consolidé -
se dissocie et s’évase en or graduel
fleurissant tantôt. Aussi s’écoule à travers la concavité
de deux mains associées la lumière du soleil
composant les motifs variés de notre nature
samedi 16 février 2019
Ainsi la vie
Ainsi la vie est une cause - une -
entrevue ( avec l’écriture ) - cause
qu’on approche seulement
balbutiant -
Qu’entend-on ?
Ce que rien n’arrive à
dire
en une seule fois - pour toutes je veux dire : une -
est - heureusement !
-
heureusement est à redire
toujours sans présumer du résultat. Du jeu dans la fonction
vitale et relative de toutes nos questions.
( il est probable que ce jeu soit une réalité plus
vraisemblable )
vendredi 15 février 2019
Tout parle
Tout parle.
Les marches aussi parlent
en fondant avec la neige qui les recouvrait.
Ce qui - ce rien - s’écoulant en particules infinitésimales
est la force qui rénove la terre, en premier lieu l’herbe
au pied de ces blocs, sera verveine sauvage
et violette cordée.
L’ancolie colletée tu la verras aussi.
Est-ce ainsi que les pierres fleurissent ?
Au froid soleil, veux-tu bien
caresser avec moi l’herbe qui a déjà digéré la pierre ?
jeudi 14 février 2019
Par temps clair, que dire ?
Par temps clair, que dire ?
Sous le figuier dénudé ressuient lentement trois marches, des
blocs de grès émoussés
- comme la sensibilité au temps qui s’écoule - usure polie,
verte semonce :
- Vite cueillir ce qui n’est pas du sable ici mais le givre en
paillettes dans l’ombre d’un triangle de terre violette !
Mais voici ce que fait le temps : ces blocs un peu plus
disloqués
dégueulent sur l’herbe mouillée le matériau qui les fonde.
Bientôt résolues ces marches comme l’est neige au soleil !
mercredi 13 février 2019
Arbres sans question
Arbres sans question
et mots - dont le
mystère n’est pas la définition
mais l’association
indéfinie vertu inhérente et non réservée -
Je, je dis bien je
est une clef qui n’entre pas dans tout
- loin de moi l’idée - mais qui permet d’essayer,
dépose l’émotion dans un poème - une forme objective -
te dis, donc : la nuit vient quand sous le cerisier,
non loin du Douglas aux longs bras
- un géant qui vibre avec le vent et dont le tronc sinue
comme l’eau, effet de chute inéluctable, aux
aiguilles démultipliées de la pluie mille étroits pertuis
brillent - je suis inclinée
dans l’obscurité déjà, à ramasser le bois pour le fagot,
où je vois - par le grand sapin qui l’enrichit - que la nuit
appareille
à toutes profondeurs, saluts, le houx, la houe
qui luit aux côtés, bonheur de la consonance, et majesté de
la clématite
dans le vent de poupe, comme une gigantesque mue
mardi 12 février 2019
Des chiens hurlent
Des chiens hurlent
- au nombre de sept -
sept dogues de fer (gris de Payne ou noir de vigne ) - mais
pas dogues d’armure -
perclus de saisissement dans le chenil exigu
qui gît derrière la lune
et dans l’ombre qui tangue
cette fois-ci d’un grand Douglas - grand mât
de hune pensé-je -
le châssis craque
et à terre s’entrechoquent
arcs et quadrilatères
migratoires
en portiers de nuit apeurés par le lièvre qui tremble
lundi 11 février 2019
Ces akènes
Ces akènes - pourvus d’arêtes plumeuses, pâles et fébriles
comme des poussins -
( tes yeux, fleurs de
glace et de neige
semées par des vents
déchirants sur les cordages de navires avariés ; ta main levée,
une signature ambiguë
) -
bruissent dans le gréement du vaisseau qu’il m’a semblé -
lui -
Je suis comme l'eau qui s'écoule et
tous mes os sont disjoints ; mon cœur est comme de la cire, il se fond dans
mes entrailles.
Rien ne s’épanche hors l’émotion - sensibilité thermique et dilatée
-.
Il appareille
et moi de trembler - Tu me réduis à la poussière de la
mort - en regardant dans le houx le vent
et la clématite à la frontière d’un champ.
Ce que j’entends ce sont des abois.
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