lundi 21 octobre 2024
tandis que l’éclair
tandis que l’éclair
à intervalles très irréguliers
brièvement aligné sur le chéneau qui le répercute
reconduit sa torture
(brûlante, suspend l’horreur en la révélant)
brandit sa lumière.
L’œil subit des torsions
des séquences pétrifiées
- noir et blanc minimal qui impressionne (à chaud) -
dimanche 20 octobre 2024
comme les deux mâles pipistrelles
comme les deux mâles pipistrelles
au dessus de ma tête
et je sais la barque rouler et tanguer
sur le bras tourmenté
de rivière
les vents contraires trousser les frondaisons
(saules blancs et aulnes de la ripisylve)
ici c’est un charme pyramidal qui vrille
sur lui-même
samedi 19 octobre 2024
La voix pour jouer
La voix pour jouer
interjeter
c'est-à-dire autre chose
- je disais entrer dans la danse alors -
la voix éruptive
break voice (ce qui n’est pas un croassement
sur la glace
en nous)
(non, ni un pet sur la toile cirée du sens)
autre chose que la raison poétique
ne sait pas énoncer
un battle ?
du fond du lacs de la langue
(laisse dériver la barque
comme ça veut laisse venir
hennir le cheval au pied sonore)
lui sait (avec le pied)
faire remonter l’eau
un beat (refus ou affront pulsatif
itératif)
(tout ce qui sourd)
éclair et tonnerre ordonnés
à la seconde près
il hennit
je l’entends au loin
je le sais tourner dans la nuit maintenant
(la nuit d’orage)
vendredi 18 octobre 2024
- la vocation de la sensation -
- la vocation de la sensation -
de se laisser glisser
au gré de
bien des tourmentes
et des intempéries
une prédisposition à la passivité
et à la perte de tout pied
pourquoi nous brassons et embrassons le monde
dans les parenthèses sympathiques de nos bras
pourquoi nous errons
ballottés
subjugués par la raison
soumis au pouvoir de notre volonté collective
: la sujétion a coupé nos ailes
en toute logique (en toute logique
je parle) et nos branchies ont été arrachées
restent les poumons pour toute surface d’échange
et la voix pour l’appel ?
jeudi 17 octobre 2024
cigognes aussi sûrement
cigognes aussi sûrement surprises
dans le couloir
mon corps petit est un objet terrestre
orbitant autour du motif
tourbillonnant (avec lui ce corps fragile
dont les émissions - vocables poussières
littérales apostrophes b a ba de la logique
vocative vocations
appels appels -
Hé ! attendez-moi ! Je vous suis !
se mêlent à son système)
petit corps consentant
plus exactement dépendant de l’ensemble
- conscient de l’être -
le mouvement général est son optique
(son bien vivre).
Abandon de soi pressenti
(un pré requis) comme art de cultiver cette vocation
mercredi 16 octobre 2024
Abandon de soi.
Abandon de soi. Abandonne. Va.
Laisse faire.
Comme sur une passerelle malmenée
par le mouvement de toute part
l’assaut des vents
de l’eau
le soir se déversant bruyamment
sous l’auvent, les pipistrelles
et moi faisons partie des éléments
mardi 15 octobre 2024
(haut les couleurs)
(haut les couleurs) du mouvement
et de la perturbation.
Ai-je un corps ?
Avec quelle bouche obtuse
(hagarde, du O de la stupéfaction)
avec quel œil versatile
(comme l’épée au double
tranchant ouvrant le motif bifrons)
me faire connaître d'elles ?
jeudi 10 octobre 2024
un ciel de tourmaline noire
un ciel de tourmaline noire
fibreuse
se déversant à seaux soudain
brisant sur les obstacles (murs
vitrages carrosseries automobiles)
des milliers de sequins
scintillants éclats bruyants réfléchissant
tout le tumulte
restituant les variations de quantité de mouvement
trombe à laquelle j’ai pu être
assimilée, monition obscure
en même temps que j’étais touchée
(puisque dehors sous l’auvent
concomitante avec l’orage ?)
Deux pipistrelles et une humaine
et onze cigognes aux mêmes météores
rendues
portant les mêmes couleurs
mercredi 9 octobre 2024
Un spectre un effet / de l’orage
Un spectre un effet
de l’orage qui trouble
les raisons (la mienne, la leur)
canarde nos vulnérabilités.
Alors que j’erre sous l’auvent
aimantée à la couleur noir gris de Payne
violet de Mars subitement éclairé
elles (peut-être) fuient les transferts
verticaux
et les vents cisaillants
le son de la pluie
martelée à grands coups
sur le toit de zinc
le fouet des branchages
dans la lueur des réverbères.
Beauté accumulée
soudain déchargée
avec la violence convective des contrastes
mardi 8 octobre 2024
bien là
bien là
et vigilants
se demandant (peut-être)
ce qui fait obstacle
à leur patrouille
sinon mon corps ultraphone
et sans défense aposématique
(ce qui ne fait pas de moi un ami
ni une proie intéressante, non)
sinon un mur (aveugle)
sans réflexion (peut-être)
écholocalisant pourtant mon inanité
baladeuse et naïve
mais en silence (ou suis-je sourde aussi ?)
sans crainte donc de fenêtre aveugle ?
Sans espoir de faille ?
Pipistrelles dans la parenthèse de leurs ailes
refermées
mutiques
et dans la parenthèse de la fissure
retranchées
au mur que je scrute curieuse
de leur devenir
interrogent ma réalité :
je suis une image aveugle, pensé-je encore
(peut-être)
désensibilisée ?
lundi 7 octobre 2024
(évanouis à mes yeux déficients
(évanouis à mes yeux déficients
seulement)
car ils sont là dans la cavité où je les ai vus s’enfouir
effectuant un périlleux (à mes yeux seulement)
quart de tour d’une vélocité époustouflante
la versatilité de leur vol m’éblouit
pour se conformer à la fente
m’évoquant les vertigineuses conversions des
chasseurs intercepteurs de Star Wars
ou
(« l’image parlait
sans parenthèses »
dit Claude Royet-Journoud
dans Pour énigme, in Le Renversement)
ou
la plasticité de leur corps
membres et doigts, pourtant (à mes yeux) entravés
par l’aile qui les relie tous
dimanche 6 octobre 2024
et nous laisse / désemparés
et nous laisse
désemparés
bien qu’amarrés à la terre
du poème.
Combien on s’y entend
pour rater les évènements
les phénomènes !
De l’autre côté je peine
à suivre des yeux
deux mâles pipistrelles
voltigeant sous l’auvent
détourant mes cheveux
leur vol orbital
affolerait n’importe quel
œil désastreux
foyer embobiné je gire puis les perds
évanouis dans l’anfractuosité
du mur
samedi 5 octobre 2024
Il n’y a plus qu’à saluer.
Il n’y a plus qu’à saluer.
Cigogne
signe de rien d’autre
que sa présence
sur place tel soir
au relais des épicéas (immenses
à l’ombre tenace)
Sa majesté
nous prend de court
vendredi 4 octobre 2024
au faîte
au faîte
claquètement rompu soudain
tout comme l’équilibre patient
qui les maintient
vent debout
et d’un coup
(de drap blanc brièvement tendu
détendu) clap aussitôt suivi de la désolation
d’une place nette
hypnotique.
Le blanc translucide et nacré
de ciel
surligné de rose-orangé
et la silhouette découpée des épicéas
comme par l’intervention d’une main
prestidigitatrice
relance le soir
l’air de rien.
jeudi 3 octobre 2024
ces effigies
ces effigies
quand je ne vois rien
qu’un océan d’inanité
ciel trop blanc comme absent
leur immobilité
un jeu précaire
sur l’extrémité d’une brindille
mais leur attente
finit d’un coup - on ne sait quand -
mercredi 2 octobre 2024
en passes avec le vent
en passes avec le vent
en chevauchées de masses humides
et crêpelées.
Cigognes ici
des surf fish statiques qui composent leur session
avec le ciel
apposées sur sa blancheur
qui contrecarrent le soir
et trompent mon œil
mardi 1 octobre 2024
Une danse que nous ne menons pas.
Une danse que nous ne menons pas.
C’est lorsque les onze cigognes
juchées sur les épicéas noirs
ont commencé leur claquètement
que j’ai convenu de mon absolue contingence.
Je n’avais qu’à suivre le rythme
- au temps pour moi - tant elles
s’y connaissent en bruitage avec le bec
(rythme que je ne parviens pas même à tenir avec le pied).
lundi 30 septembre 2024
Nous n’avons peur de rien.
Nous n’avons peur de rien.
Plus rien ne peut nous dissuader
de prendre part
(ou pas)
de contempler - c’en est une façon -
l’incontemplable objection
que nous opposons à la vérité
et de composer la dissidence.
C’est une autre danse dans laquelle heureux nous entrons.
dimanche 29 septembre 2024
de glisser dans le champ
[... La sensation de faire partie
d’un mouvement plus général]
de glisser dans le champ
incorporés au remous
ou ballotté par le ressac
sinon la communion,
à pleine bouche l’air piqué d’akènes
(ces pointes à l’accent phatique
qui aiguillonnent les corps
et les paroles)
nous sommes rattrapés
par le regain des herbes
lourdes
pleines
orantes odorantes
plein champ
et le plantain de nouveau
libère les langues ensablées
la prolificité.
samedi 28 septembre 2024
Les ombres se touchent.
Les ombres se touchent.
Les bouleaux sèment
et nous nous aimons dans leur ombre.
Que peut-on chercher ainsi
durant toute notre vie de sable
toujours plus amenuie ?
Sinon cette vision simple ?
La sensation de faire partie
d’un mouvement plus général