jeudi 30 novembre 2023
De galant à
De galant à
vaillant au jeu et au saut ingambe.
Sauvage assez pour gagner la forêt.
Il incendiait le cercle en cinq sec comme maintenant la lisière.
(L’esparcette lui va si bien.)
Alors que j’étais la première
à implorer la trêve sur la piste grondante,
aimante,
en première ligne,
lui reprisait son souffle
en ravaudant le trèfle.
mercredi 29 novembre 2023
Quelques feuilles
Quelques feuilles se prescrivant la lenteur
(anthropomorphiques visages de la lenteur
en descendant) - une danse oblique
raccroche le regard -
remémorent le temps :
il tournait sur lui-même, lui aussi,
dans les jacées, et il roulait, évasif
empreint de sensualité colorée,
galant.
mardi 28 novembre 2023
Voilà comme je le prolonge
Voilà comme je le prolonge, lui parlant,
- c’est à l’envi maintenant, et maintenu -
lui accordant tous les attributs de l’être,
je le convie à mon jeu - à l’épreuve de la durée -
et le tiens à bout de bras dans un poème de saison
où sa rousseur a teint la haie, la forêt
ou bien il me demande d’entrer dans la chambre - je l’entends, je t’entends -
tentant de garder la cadence
tentant de - intacte la sensation de sa tendre présence -
d’accueillir l’évidence de cette présence sans lieu aucun,
c’est ce qu’il me reste - lui ne demande plus rien,
(je le lui accorde sans façon)
ce rien qui ne requiert pas qu’on l’exhausse
n’en fais pas une montagne ! (précisément j’en fais mon point de vue
un champ, une bataille, mon poème,
mon chant de possibles et d’approche) -
un glossaire terrien évoque (affleure seulement)
la subtilité d’un être
(dont la vraisemblance cependant croît à mesure que le temps passe).
lundi 27 novembre 2023
C’est là le réalisme
C’est là le réalisme : lui
n’a nul besoin d’y être, il suffit que j’y sois, moi,
pour le voir caracoler (je surimpressionne
j’abonde, je redonde)
dans l’oseille crispée et le millepertuis
où l’herbe, sa complémentaire,
par capillarité l’attire : de quelle autre beauté
me rendre solidaire ?
dimanche 26 novembre 2023
Car il n’est plus d’aucun lieu.
Car il n’est plus d’aucun lieu.
Ce néant est son épaisseur, aujourd’hui
saturée de rousseur magnifique.
Sa vraisemblance réjouit.
Elle colore mes pensées plus que de raison.
samedi 25 novembre 2023
Nous reste la conversation ténue,
Nous reste la conversation ténue,
dans la rase campagne où il se tient.
Moi, privée du toucher, lui
tout à fait libre de ne rien laisser voir.
C’est encore moi qui parle près des pierres
qui sont sa voie de la pénétration.
vendredi 24 novembre 2023
engendre dorénavant des images
engendre dorénavant des images qui façonnent le réel,
lui qui n’a plus besoin des péripéties du visible pour être,
peut-être,
car l’introspection l’a gagné à sa cause.
Observant l’absence (et le silence), il comble ma région mentale
de sa douceur.
Elle colore déjà les haies.
L’arborisation de mes pensées, c’est lui.
Il sourit à la rouille implacable.
jeudi 23 novembre 2023
adventives, c’est ça je pense,
adventives, c’est ça je pense,
sa douceur adviendra, aérienne et subtile,
comme la tige vient à partir d’un bourgeon apical
je le vois comme un mirage au-dessus du délit
(flagrance, cette absence incommensurable)
(vivant, au fond
- il nourrit certaines espèces souterraines capables de le consommer, et s'il meurt il enrichit le sol en matière organique -
c’est ce qui le dispense de réalisme)
(et s'il meurt, par oubli, omission ou méprise)
ce chat plus qu’un autre déchirant
mercredi 22 novembre 2023
Dans la fosse de mes yeux
Dans la fosse de mes yeux, je vois fleurir un chat.
Mais devant moi rien,
(sinon des mottes, et des pierres disposées sur la terre meuble,
leur blancheur clame l’absence,
blancheur pour flagrance)
sous terre sont des rhizomes peut-être bien
qui tracent, ou propagules, structures de dissémination
toutes griffes allongées s’allongeant encore griffes se ramifiant
mardi 21 novembre 2023
(une douceur féline dans la fosse,
(une douceur féline dans la fosse,
un sourire en miroir duquel je survis
quand lui s’approfondit)
Ce point – je – (controversé je),
travaillant le corps du mobile
se laissant travailler par lui
(le même travail de transformation s’accomplit dans la fosse)
dans mes yeux évidés
un chat fleurit.
lundi 20 novembre 2023
Le chat revient.
Le chat revient.
Comme un membre fantôme térèbre le corps la nuit,
il hante et traverse le poème qui robore,
jusqu’à l’impudicité : libérant la forme il ramène la vie,
en totale impunité.
Le voir me dénude.
Je regarde le fil que lie le poème, du corps au mobile au corps au
mobile.
Ne regarde-t-il que moi ?
Que vois-je ?
dimanche 19 novembre 2023
On pourrait dire
On pourrait dire
(tout ce que tu veux)
Est-ce un poème ? Est-il vivant ?*
On pourrait dire (je ne dis pas je pose simplement la question)
(car le cerveau superpose les images)
et le rire accompli à l’envers
dans la profondeur**
*Pierre Drogi, Les Fulgurés, Les Lieux-dits éditions Cahiers du Loup bleu, p.6
** idem, p. 9
samedi 18 novembre 2023
vendredi 17 novembre 2023
Mais qui à l’épicentre
Mais qui à l’épicentre s’est trouvé
- propulsé-je -
déflagré, qui ?
Qui au point où prend naissance la rupture,
a vu l’image ?
jeudi 16 novembre 2023
Autour d’une fosse florissante
Autour d’une fosse florissante
rousse expansive
il arrime,
l’amour ravive la forme
la vie doucement reprend aux reins brisés et ravaudés
auxquels le cerveau adjoint un esprit
(un geste).
Le roux comme couleur acquiert un goût de fleur
infiniment sapide
et perd son statut d’image raidie
(arrêtée dans l’instant).
mercredi 15 novembre 2023
et la Suzanne aux yeux noirs
et la Suzanne aux yeux noirs la veille
- ailleurs -
images télescopées c’est comme ça qu’il fait
le deuil peut-être
(ou la vie)
c’est comme ça qu’il fait (que le cerveau anéanti
par l’image tout d’abord
intègre le manque).
mardi 14 novembre 2023
Mais l’image fleurit.
Mais l’image fleurit.
La couleur éclabousse le cerveau
l’image rejaillit en images
métastases aisément identifiables
que le cerveaux transporte dans tout le corps
(au bout des doigts, et la paume sensible,
l’oreille en alerte - viens comme je t’ouvre encore
la porte)
lundi 13 novembre 2023
Soie dormante
Soie dormante
lovée dans sa fosse, (hypocentre soyeux)
je la revois sans cesse, Misu,
son sourire persistant.
L’héritage de douceur porté
au rang d’image.
dimanche 12 novembre 2023
temps, / terre pour tous
temps,
terre pour tous
dont nous ne connaissons jamais qu’un seul point, que le poème excède
comme devant moi l’eupatoire excède la noue.
L’exacerbe-t-il pour autant
l’exaspère-t-il alors qu’un beau chat roux, manquant,
dans son ombre cherche à se retourner ?
samedi 11 novembre 2023
et relativise le paysage
et relativise le paysage
péripétie - eupatoire -
d’une plus vaste trame hydraulique
laquelle immanente
affleure ici
en mouvement (j’aurais bien
du mal à décrire le cycle à la périphérie duquel
je me tiens)
vendredi 10 novembre 2023
beautés surnuméraires
beautés surnuméraires et vacantes
occupant sans tarir
et, pour comble de discrétion
contribuant à la fixation de la berge ?
Que voit-on ? Chacune pour la vague
s’inscrit dans la vague, écume et
réalise
jeudi 9 novembre 2023
Des noues évasées
Des noues évasées regorgent de leurs lumières
avec ce pouvoir - discrétionnaire -,
d’éclairer l’imprévisible, le déroutant.
Élégamment monstres de clarté et de loyauté.
Mais que voit-on de celles qui se pressent,
mercredi 8 novembre 2023
Élancements de lumière
Élancements de lumière
dont les échos longtemps
ravivent la mémoire.
(Eupatoires, ou la taille-douce
arbore les failles et les ravines
en bonnes enseignes ou emblèmes
de la trame d’eau)
mardi 7 novembre 2023
qu’elle délinée ainsi.
qu’elle délinée ainsi.
Têtes douces en tête, têtes
dirais-je de bonne augure
sur l’axe commun de l’eau
de la lumière, les corymbes équitables
s’adonnent à la largesse.
lundi 6 novembre 2023
pourtant elle est là
pourtant elle est là
(et encore aujourd’hui)
rose moire saumonée sinue colonne en
marche devant l’orée plus noire
la prairie devant moi
profile son offensive délicatesse
dimanche 5 novembre 2023
Rien ici pour envenimer
Rien ici pour envenimer le sang du despote
que l’eupatoire abandonne à son sort.)
Pourtant elle a empli toutes ravines,
toutes fosses, et rus
au-delà de l’ombre - ivresse de l’ombre tachetée -
immunisant l’œil
une fois pour toutes
en bouquets entêtés
samedi 4 novembre 2023
Fosses débordées
Fosses débordées
à grandes enjambées
de tiges bruissantes, voici venir
à nous bruyamment la mégaphorbiaie galopante
(Mithridate en tête espérant l’immortalité
y trouva seulement la défiance et l’ombrage,
l’amplification de la défaite .
Aucun toxique assez puissant pour l’assister.