mercredi 31 juillet 2019
Après l'orage et à minuit
Après l'orage et à minuit ils sortent en nombre de l'insu
euproctes ( euproctus montanus ) et
discoglosses ( discoglossus montalentii )
rendus hagard par le coudoiement fortuit.
Eux qui évitaient notre présence
nous qui ignorions la leur
nous leur laissions l'espace de notre ignorance.
Les voici propulsés à la lumière des dénominations.
mardi 30 juillet 2019
Sûr
Sûr
de son faîte
il nous scrute
jusqu'à fondre subitement
en un point : quant
cist oiseax vole et quiert sa proie,
si crie soventet torne
son col et regarde tot environ
lui sur la terre por
veïr se il peust trover rat ou boel
ou altre ordre
caroigne qu'on eust geté fors et qu'il peust prendre
tot abandoneement.
Car c'est li oiseaus
del monde qui plus est en esperance de trover sa proie,
que sa nature est tele
que totes les ores que il vole si regarde il desous lui
et quide proie trover,
dontil avient sovent que il crie si con il vole por la fain
qui l'argüe. Et, quant
il voit sa proie, si descent et le prent, si s'en vole atot.
( Bestiaire attribué à Pierre de
Beauvais, 1246,1260 )
Point n’est détail, déjà :
toutes les ores,
précieuses ores passées à survoler
en cercles définis, en lents contournements de l’approche
- notre perdition, à nous rampants terriens, car nous
finissons de l’oublier -
font de toute proie un trésor. L’occasion
toujours belle ne fait pas du milan un larron.
lundi 29 juillet 2019
de / nos souffles.
de
nos souffles.
Tête renversée
scrutatrice l'inspiration si
difficile précipite le ciel noir en sa contrepartie
éblouissante
soudain élucidée.
Sûr
que
c'est lui.
dimanche 28 juillet 2019
Là / quel milan
Là
quel milan
royal escoufle
plane sur nos têtes
qui plus est en
esperance de trover sa proie
et domine par ses cercles
aliénants
la con-
centration
samedi 27 juillet 2019
Dans le couchant la fourmi
Dans le couchant la fourmi
dont l'ombre est une pouliche au galop
court le long du pédiluve.
Elle enlève le temps, prompts jarrets
exultez le !
vendredi 26 juillet 2019
L'ancien chemin est pris dans les ronciers
L'ancien chemin est pris dans les ronciers.
Ombre noire des mûriers à l'arôme de figue
et d'urine qu'il faut contourner.
C'est là que les temps
ne sont jamais sûrs* et
les savoirs enlierrés, le mécompte cuisant.
On marche donc au soleil. Mais comme nous instruit
cette brûlure ! Je l'accomplis.
L'eau des tissus bouillonne. Dans les plis,
communicante humeur rafraîchie
par l'accommodation même à l'exercice.
Vers la rivière
la sueur bleuit à l'approche des genévriers et des
chênes où nous attend encore un geai.
Le vent s'est mis dans les laines lustrées des chèvres.
Une pierre dévale la pente.
* les temps ne sont
jamais sûrs
Isabelle Sancy, Ronde
d'éclats
jeudi 25 juillet 2019
Il y avait un geai sous le figuier
Il y avait un geai sous le figuier
son armure métallique brille dans l'attente.
Dans la rue les chiens trapus ces Corsinos (j’apprends qu’on écrit Cursinus)
au pelage marbré rêvent
tout haut sous les voitures,
enchaînés. Le belvédère à ocres balustres
m'évoque un théâtre. Tout pense et respire, William.
Bien voir est-ce
une question de point de vue ?
mercredi 24 juillet 2019
Pensée qui me parcourt
Pensée qui me parcourt
et me parcourent aussi
- en tous sens dessinant comme une lame sur la peau bleue
la carte de l'écorché ou des fissures peut-être -
le vent et de farouches lézards. D’un seul coups de lame.
Si c'était la propulsion, ma force ? Je les sens palpiter
ventre fluide et
œil figé, et bondir d'un bloc à l'autre - d'un cœur à l'autre -
tandis qu’à moi c’est l'unique organe de propulsion,
répétitif et encore !
( le sang afflue à l'ouverture, la plus petite lézarde
échancrée
à la lame ). Et comme ils l'échancrent de leur trait rapide,
ma surface
éblouie !
Page par un violent
désir d'observation ( à y inscrire )
éclairée et chauffée à
blanc, c'est exactement cela.
Je reprends donc l'argument.
Mon roc éclairé en arrêt - sous le lézard ce désir -
écorché.
Lui ne happe t'il pas l'instantané ( quelle mouche le pique
) en propulsant son corps ?
Puis nous disparaîtrons. Le lézard dans une de ces failles
obscures
et moi sous l'eau absolument et provisoirement contentée.
Et l'homme des
répétitions, ange ou bête
tremble.
Puis je disparaîtrai.
Page par un violent
désir d'observation ( à y inscrire )
éclairée et chauffée à
blanc
Francis Ponge, Le
lézard
Et l'homme des
répétitions, ange ou bête
tremble.
Puis je disparaîtrai.
Isabelle Sancy, Ronde d'éclats
mardi 23 juillet 2019
Et ils me percent ( Vallée de la Restonica )
Et ils me percent, les noyer, figuier
gainier silicastre et aulne cordé :
ils percent ma respiration grenée mon pouls
de pierre couchée depuis des lustres
- la granitique corvée d'immuabilité -.
Rien moins qu'inébranlable pourtant
et fidèle non -
dégager l'idée,
elle ne pèse en rien dans ce défi de fermeté
et de constance -. Mais non, si je suis pierre
un peu - Tu brûles, à
ce jeu tu sais des choses portraiturées
ta perspicacité brûle
et les étapes manquent exactement
comme ici les pierres manquent
pour traverser
la Restonica à pied sec, si je suis pierre c'est
juste pour être quelque part, assidue à la
question
lundi 22 juillet 2019
Comment dire l'inchangé ? ( Vallée d'Asco )
Comment dire l'inchangé
perdu et retrouvé sous les genévriers ?
Au bas du ravin on tombe sur les blocs
- déboulées depuis des siècles les rondes
rondes bosses de granite veiné rose ou vert flottent
comme des oreillers abandonnés.
Ou bien des bombes - ainsi soit-il - désamorcées
s'entend en îlot de constance accumulée -
En moi-même cet îlot brûlant
tombé à l'eau. Je plonge avec lui
dans l'espoir de prendre forme - forge
glaciale où je m'applique à devenir forme -
puis j'écoute l'eau qui jaillit
du lit de pierre, déjà devenue pierre
Aux bords sont les frêles caloptéryx
demoiselles aux ailes noires comme des
mantilles dont les ébats secouent sous le roc
dans la souche d'un chêne vert ( Quercus Ilex
qu'on nomme Yeuse ) les frondes capillaires
Je suis ici ce bloc.
Je vois de mon je
l'indigence, aussi,
mais la massive pénétration
et la profondeur tendre. Pensée qui
me parcourt comme dans les veines
l'autre flux. Je me vois ductile épouse
de l'eau.
Le dur Asco frappe à mon cœur.
dimanche 21 juillet 2019
Tafoni ( Agriates )
Tafoni : des creux
de dissolution où
se perd - se dissout - l'œil trop bref
roule dans le noir de zones humides - une orbite
cave - et la courbe fermée de la compréhension
la pensée cette sorte d'astre aussi placée sous l'action
de l'attraction et des forces d'inertie.
Parfois c'est la consternation du côté de l'ubac.
samedi 20 juillet 2019
Au port d'incompréhensibles manœuvres
Au port d'incompréhensibles manœuvres
guidées par un plan - au sol - de blocs mobiles
et contredits de bandes de damiers et de cônes
parmi lesquels des pigeons impavides picorent des leurres
Le matin il y a des phalènes nombreuses
échouées sur le pont ouest
rabattues dans les flaques d'eau salée
qui font comme des écailles dans la laque
du pont - je croyais voir des écailles de la déflation
éolienne - seules leurs antennes fébrilement
agitées
vendredi 19 juillet 2019
S'il y a des signes ?
S’il y a des signes ?
liseron et mercuriale pour la direction de notre existence
- un sens nôtre à la saison -
dans le circonvolutoire retour d'images
lundi 1 juillet 2019
Adresse raréfiée
Adresse raréfiée - comme l’air -.
La chaleur porte et pourtant en roulant ainsi
sur cette petite route au bord de la gravière
je vois le monde plus net. Opportunité
dans les talus, opportunité redoublée
dans la lenteur d’un jeudi ascendant
et les détails, ce détail : la crosse de phacélie
Tous les détails, sur le même chemin toujours
une seule fleur m’arrête et me convainc
- victoire du fait - Arrête
et vois ! Comme elle roule
elle aussi sous l’abeille, comme elle ouvre
la possibilité de tout dès lors qu’elle rassasie
sa couleur entête comme preuve de vie
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