samedi 31 août 2024
Alors que / comme nous tous ici
Alors que
comme nous tous ici
j’ai grandi à coup de sûrs
tracés d’équerre
encadrée à mon insu
j’évoluais
dans une (froide) géométrie centrée.
Le spectacle humain prévalant
sur toutes choses
imposait l’unique distance
qui fût :
ce que l’on voit avec netteté
seul est vérité.
vendredi 30 août 2024
Combien cette puissance
Combien cette puissance
étire-t-elle les tiges
- attraction insensée gravitation lune
(je sais) -
quand moi-même
j’allonge
le temps
inapte à dresser
les plans
alors j’ajuste la focale
je regarde la lune
en face
en prenant bien garde
de ne pas perdre des yeux
le plantain
(c’est
la profondeur de champ
qui inclut toutes les questions, mêmes floues)
jeudi 29 août 2024
Moyennant cette distorsion
Moyennant cette distorsion
une autre dimension s’insinue
une possible
autre lecture
chorégraphique
mouvante, du champ
appréhendé comme
l’effort de végétation
intrinsèque
du vivant
et non seulement
comme
le fond (de mes pensées)
un fond
auquel nos vues
subjuguées
par l’horizontalité
(horizontales
basales rosettes ?)
forme et idée définies
prêtent un sens défini
là où il n’y en a aucun (sens)
(pas même de fin)
sauf plantain s’essayant
à la génération
est-ce bien assez clair ici aussi ?
est-ce ?
mercredi 28 août 2024
Avec l’œil neuf
Avec l’œil neuf
qui ne veut déroger à aucun horizon pourtant
(mais horizon sans objectif
et sans prémonition
si simple est le cercle qui borne la vue,
dont je croirais occuper le centre)
je leur sais gré d’intercaler cette beauté
candide intermédiaire
valeureuse.
mardi 27 août 2024
Pourtant ce ne sont / (plantains !
Pourtant ce ne sont
(plantains !
à ne surtout pas confondre
avec la mortelle jacobée)
que beautés
modestes et délicates
rosissant sous le pied
que nous disons vulnéraires
pour l’instillation oculaire et l’apaisement des paumes.
lundi 26 août 2024
Et surtout le soir
Et surtout le soir
l’oblique oblitère
l’unité
- vert granit
à perte de vue -
pour monter les détails en
épingle étincelante
(évaluons le mystère du
du comment
la comparaison
au champ puissante
et sonnante)
sur ces écus
l’œil trébuche
un par un par un
ils décillent le regard
en amont du paysage
du bouclier froid de l’horizon
ils remontent
sous nos paupières
de malvoyants
- remontées fatidiques -
(je sais où ils sont
la sente qu’ils
jalonnent
écouvillons
pour les orbites)
samedi 24 août 2024
dont la couleur adorable
dont la couleur adorable
dédorée
est néanmoins là
happée dans l’épi
(cette couleur
que la hampe formidable
hameçonne)
toute la lumière est faîte
où sont les sommités de juillet.
vendredi 23 août 2024
[des crêtes] de coq crient)
de coqs crient)
et ces détails
intermédiaires
crus
entre l’œil et le soleil
altèrent
la profondeur du
champ
le ciel tacite
(là plus que là-bas)
jeudi 22 août 2024
requis
requis
encore une fois
de faire fond
le paysage troublé
par l’émancipation
du brin
un par un par un
(tuteurs non homologués
mais tuteurs, des crêtes
mercredi 21 août 2024
d’éblouissantes / surbrillances qui
d’éblouissantes
surbrillances qui
éraillent
aussi la tunique
(lascive
flânant)
sur le glacis des verts
ce pâtis
indifférencié
mardi 20 août 2024
le voici
le voici
harceleur
qui persécute
l’horizontale
évidence
perfore l’étendu
paysage lacéré
par ces douces langues d’agneau
(imago : survivance imaginaire)
lundi 19 août 2024
le voici qui
le voici qui
vertige
vertical ce vif
d’un doigt ascendant
majeur
indicateur
dresse le champ
des filiations
(schème de croissance)
dimanche 18 août 2024
L’été
L’été est parvenu jusqu’ici
et hisse le plantain - haut l’épi -
pointilleux sur le vert indi
visible (bien plus haut que la ligne d’horizon
parcourue des yeux, lorsque nous sommes allongés au préau)
samedi 17 août 2024
Pendant que l’œil rivé à la margelle
Pendant que l’œil rivé à la margelle implacable
(la pierre de l’implacable :
refuserons-nous la modération et la sobriété,
refuserons-nous maintenant le prix du sang ?)
expie l’exorbitante prétention à régenter, j’oublie le bruit de l’eau
j’omets l’aridité qui ravit la souplesse aux tissus, j’omets le temps.
Le bruissement des feuillages donne sa consistance à l’espace.
jeudi 15 août 2024
La présence du chardonneret
La présence du chardonneret
et du signe sommaire
- un meneau, une croix grecque -
pour expier l’hybris humaine.
Nous voilà édifiés
nous, pourtant si prévoyants.
(toujours d'après Giovanna Garzoni, Figues dans une coupe chinoise, avec cerises et chardonneret, vers 1650, gouache sur parchemin, Florence, Galerie Palatine)
mercredi 14 août 2024
et composer avec la vie
et composer avec la vie, c’est consentir au collage
(au découpage et au collage, qui n’a pas à voir avec la colle
mais avec la sympathie, l’agrégat, la coordination).
Giovanna Garzoni a peint à même les cerises rutilantes
la fenêtre fermée sur la margelle exportée de laquelle,
grande ouverte, nous voyons l’oiseau becqueter ce foie.
Ou assister la peintre grâce à cet étalonnage voyant ?
L’étendard coloré de gueules pour prémonition ?
(le sacrifice et le sang pour étendard
l’ardeur et le feu pour rédemption).
(toujours d'après Giovanna Garzoni, Figues dans une coupe chinoise, avec cerises et chardonneret, vers 1650, gouache sur parchemin, Florence, Galerie Palatine)
mardi 13 août 2024
notre crédulité mise à l’épreuve
notre crédulité mise à l’épreuve de cette optique
qui est pensée. Mais après tout il n’y a pas d’inconséquence logique
à peindre pour témoigner de la vie ET pour créer une réalité,
- de concert -
la peintre étant maître de la trivialité, elle préside aux carrefours
de la pensée la plus complexe
qui concerne les faits de la vie la plus courante, la plus quotidienne
et satisfait manifestement à une définition et aux conditions d’une image,
(toujours d'après Giovanna Garzoni, Figues dans une coupe chinoise, avec cerises et chardonneret, vers 1650, gouache sur parchemin, Florence, Galerie Palatine)
lundi 12 août 2024
et de recomposer à la surface du parchemin
et de recomposer à la surface du parchemin notre vie
ses affinités
ses liaisons fortuites qui intriguent l’œil
et égarent la pensée
(fenêtres à meneaux dans l’orbe d’une cerise écarlate
à même la margelle de pierre, sur fond blanc
comme toujours, ou presque, abstrait comme toujours,
ce qui fait paraître l’image pour ce qu’elle est,
un plan de motifs concordants
au centre trivial - non sans distinction pourtant -
de son cadre réflexif. Une section de la pyramide visuelle,
selon une distance donnée)
(toujours d'après Giovanna Garzoni, Figues dans une coupe chinoise, avec cerises et chardonneret, vers 1650, gouache sur parchemin, Florence, Galerie Palatine)
dimanche 11 août 2024
et c’est un sacrifice
et c’est un sacrifice - c’est le sacrifice dont
nous fait offrande Giovanna Garzoni s’attelant
au réalisme, au défi de donner vie à des taches de
gouache colorée disséminées et conjuguées sur parchemin,
comme les six cerises en conjonction (telles des planètes),
reflètent et révèlent (presque) toutes la source de lumière
à travers meneau et croisillons simplifiés de la fenêtre.
Comment l’a-t-elle peint ? Quel point de vue peut nous laisser
croire que le chardonneret consentant posa près de la coupe de figues fraîches ?
Plus becquetés d'oiseaux que dés à coudre
la peintre harcelée par le mobile fatidique
n’a d’autre ressource que de composer avec la vie
(toujours d'après Giovanna Garzoni, Figues dans une coupe chinoise, avec cerises et chardonneret, vers 1650, gouache sur parchemin, Florence, Galerie Palatine)
samedi 10 août 2024
Le chardonneret donne la couleur
Le chardonneret donne la couleur à la création
comme Prométhée fait don du feu,
mais aussitôt il becquette la figue-foie de celle
qui rivalise avec le créateur en réalisant cette peinture,
(toujours d'après Giovanna Garzoni, Figues dans une coupe chinoise, avec cerises et chardonneret, vers 1650, gouache sur parchemin, Florence, Galerie Palatine)
vendredi 9 août 2024
Tout en bas
Tout en bas six cerises liées par trois
comme des points de suspension s’alignent
pour la terminaison.
Le chardonneret sur le côté gauche de la coupe
étalonne la couleur, sorte de palette témoin,
voyons-le comme le nuancier de toute émotion
(une fiction, un jeu, voici dans cette effigie polie
- polissée -, la mesure que nous attendions,
figés dans cette scène aride,
affamés sans pouvoir tendre la main
c’est la mesure de feu, le tison sacré qu’il porte avec lui
qui se rappelle à notre léthargie,
et réétalonne pour nous la résolution colorée,
sensitive et musculaire.)
jeudi 8 août 2024
Une demi-douzaine de Dottato
Une demi-douzaine de Dottato (ou Dalla goccia) charnues
vert paille à la pulpe ambrée
ou plus sûrement des Verdino, les tardives d’Ombrie, délice miellé
portant les stigmates de l’été,
disposées dans une coupe chinoise à décor paysagé et liseré bleu lavande
plus une violette au sommet de la composition
(brune plus exactement, par mimétisme avec le chardonneret
qui sur la margelle picore le réceptacle offert
- de la forme d’une navette -
d’un sycone éventré de l’ostiole au pédoncule,
sillon central plus sombre évoquant la fente palpébrale,
sa ligne doucement convexe jusqu’au larmier
où perle un suc rose)
il y a aussi la branche noueuse
comme un doigt pointé vers l’extérieur du champ
et deux feuilles trilobées font l’obole de peinture - deux bons poids visuels -
sur la balance colorée, qui marque l’équilibre précisément.
Le grené de la pierre l’apparente à un cuir.
D'après Giovanna Garzoni, Figues dans une coupe chinoise, avec cerises et chardonneret, vers 1650, gouache sur parchemin, Florence, Galerie Palatine
mercredi 7 août 2024
confond le sang
confond le sang par sa frappe syncopale
ses contretemps
les bourrasques soudaines déplacent l’accent,
d’un cran descend le lambrequin dans le figuier)
tandis que le fruit dilué de nos ferveurs
pend axillaire.