Voilà : je sais à quoi pense ce fermier
qui moissonne son trèfle noir et sec
trônant dans sa cabine climatisée
sur un extraordinaire nuage de poussière ocre ( ou or )
qui brûle dans la lumière du soir
- un nuage qui le soulève et l’apparente à un Dieu - or
- je sais - il pense à la lame fourbie capable d’avaler
1,3 hectare l’heure fois tant d’heures, soit tant de graines
dans le réservoir, soit dix à treize fois plus que ne le
faisait son père
en 50 53, lui qui ne recevait pas les subventions
européennes,
tandis qu’à peine né, le fils ne résolvait encore pas les
problèmes
mathématiques qui l’ont révélé si intelligent, si
pragmatique aussi
que cette intelligence lui a permis de développer son
entreprise
et d’élever son blé ( 1kg de grain pour 1 kg de pain !
), son trèfle et son soja
en survivant aux années où les punaises et les coccinelles
sont pour dix pour cent
de la récolte.
Il pense à cet échafaudage, cet équilibre savant, et ses
pieds dans ses espadrilles conduisent touts seuls
et ses mains voltent en parlant, et il flotte.
Il dit c’est sa
cinquante troisième saison.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire