vendredi 25 juillet 2025
J'échafaude maintenant
J'échafaude maintenant un plan sol-nuage
je visualise, je gravis.
Accroche-toi.
Les seaux. Échos redistribués.
Les gravats dévalent déjà la goulotte flexible,
comme une artère jaune (déviée) sur l'écorché.
jeudi 24 juillet 2025
Le fruit des toits
Le fruit des toits, la falaise cuisante sur laquelle
ils raillent incessamment
m'oriente vers le ciel,
au ciel les rires et les pleurs réverbérés.
Un ouvrier balaie toutes les dimensions
sans démissionner. Son chant triste et vain
le ramène à lui.
mercredi 23 juillet 2025
Ici pour un échafaudage
Ici pour un échafaudage
et une volée de seaux (le concerto) :
cliquètements et chocs assourdis.
Une langue raboteuse ricoche
de plancher en plancher
qui se tient parfois
à l'échelle
parfois chute avec
les morceaux de crépi.
Et des rires rocailleux
des toux
le cri ascendant des mouettes
la plainte des goélands argentés.
mardi 22 juillet 2025
Stigmates accablant
Stigmates accablant la lenteur estivale.
Spectre visible exacerbé :
les pales barbelées foudroient l'œil.
lundi 21 juillet 2025
2ème concerto pour piano de Frantz Liszt
2ème concerto pour piano de Frantz Liszt.
Pour piano et éoliennes.
Un bouquet étincelant exhausse la plaine,
que je cueille en une brassée d'éprouvante ardeur
les fines pales tranchant le bleu plain lui aussi – plain contre plain –
La couleur du piano infuse les signes
de ce jeu de massacre intemporel
le bleu dans les tempes du paysage ainsi sabré bat durement,
sûrement estampé.
jeudi 17 juillet 2025
lui sous le tilleul entame une séquence de léthargie
lui sous le tilleul entame une séquence de léthargie,
il s'amenuise
il gît stationnaire à jamais
crucifié (sa raison implore l'indulgence)
il est comme le sphinx, se dit-il
qui se repaît de miel jusqu'à ne plus pouvoir bouger
et finit piégé
perclus de bombance.
mercredi 16 juillet 2025
– lui est debout sur l’escabeau
– lui est debout sur l’escabeau
tête plongée dans l’efflorescence et comme
oblitéré par elle, son tronc abouché à l’équerre
puisque c’est ainsi qu’ils voient le monde :
cercle, carré, triangle et rhombe,
puisque c’est ainsi qu’ils se le représentent –
et c’est une danse aposématique, le signe
de leur détermination
mardi 15 juillet 2025
Il collecte des intuitions
Il collecte des intuitions qu’il homologue.
Maintenant, quand il entend le miellat
goutter sous le tilleul, il pense à la femme qui pleure.
Il pleure aussi.
Sa vision est claire d’un monde autonome,
ce tilleul en fleurs, un dôme bruissant
d’abeilles et poisseux de pucerons, un
arôme plus entêtant dans l’air chaud,
touffeur que grimpereaux et mésanges avivent
sur la piste du tronc, monter descendre monter descendre
comme l’automate sur sa tige
ivre de mouvement, ou
ils l’ont vu (ils t’ont vu), ils délimitent
un terrain d’exercice
et une distance vitale (et ils ont vu à ses côtés le chat
envoûté)
lundi 14 juillet 2025
le temps qu’il se retrouve.
[il n’est pas de pierre
même lorsqu’il marque son empreinte éphémère,
elle
impavide dans la boue du sentier]
le temps qu’il se retrouve.
Il voit des visages dans les massifs
et les buissons fredonnent.
Abeilles charpentières parmi les épiaires
cétoines brutalement atterries dans les roses
qu’elles démembrent
aucune d’elles ne fait cas de sa présence à lui
car il n’est d’aucun monde finalement.
dimanche 13 juillet 2025
il écume comme il exulte
il écume comme il exulte comme
il désespère – alors que rien ne se perd –
assimilant sa vie à ces sautes
plutôt qu’à la gradation dite insensible
il n’est pas de pierre
même lorsqu’il marque son empreinte éphémère,
elle
impavide dans la boue du sentier
samedi 12 juillet 2025
un peu Sisyphe
[et il se sait un peu syrphe à son approche]
un peu Sisyphe
prisonnier des cycles
(mais cet inéluctable est son réel)
roulant sa chose interminable par monts et vallées
son roc son ouvrage
sa vie vivante (plus absurde ?)
(des Oh ! et des Ah ! clamés devant tant d’obstination
à se hisser)
jeudi 10 juillet 2025
et lui la voit, il embrasse / sa micro vérité
et lui la voit, il embrasse
sa micro vérité, ce soulèvement
(à rebours de son nom Tradescantia)
de trois pétales issus de nulle part
l’exaltation d’une fleur giratoire
qui l’aspire en son centre comme une éolienne
en papier par son activité cinétique
et il se sait un peu syrphe à son approche
mercredi 9 juillet 2025
Un petit monstre syncarpe
Un petit monstre syncarpe cette misère,
(nullement miséreuse)
étamines dardées anthères jaune d’or
vers sa face interpellée
questionne le visage de la durée :
toute fleur égale – c’est pourquoi
on la dit éphémère, on devrait dire tenace
car chaque jour renouvelle
la splendeur apicale d’une autre
(ou nycthémère
mesure d’une rotation complète de la terre sur elle-même) –
elle éclate comme la vérité dans l’ombre
mardi 8 juillet 2025
C’est ce déséquilibre qui l’anime
C’est ce déséquilibre qui l’anime
il n’est bon qu’à ce je incliné
penché sur elle, son départ
non plus comme le pal sans appel
mais comme la pile d’une arche large (et libérale)
dont la courbe endosse la vie,
tout à sa réponse qu’il mûrit
en descendant lentement vers elle.
lundi 7 juillet 2025
Lui qui vit de cette attente
Lui qui vit de cette attente
sur son seuil permanent exposé à l’altération (aussi bien)
il ose un geste, est-ce indicible ?
il se réalise
il va fleurir avec elle
qui donne le ton et le son – cette petite misère
voyez-vous, dite Éphémère de Virginie, sans savoir
l’oriente vers son mobile –
dimanche 6 juillet 2025
Maintenant tout se refait
Maintenant tout se refait
une fleur revient à elle – bisannuelle
il l’attend à ses pieds, vivace elle
l’accompagne de sa place
fleur qui lui tient tant à cœur
et à l’estomac, centrale et solaire
comme le plexus reçoit les branches afférentes
et donne (les branches efférentes)
sa causalité (cause et effet, dans leur corrélation) de fleur solaire
cause et arde en lui
et réalise (à jamais) ce qui apparaît
– comme une aubaine (une éclaircie) –
samedi 5 juillet 2025
La rafale qui le fouetta
La rafale qui le fouetta lui arrache
– cet arbre-là qui lui donnait tant –
sape d’un coup bref son espoir de fruition
sa séquence sensée
il cherche à la domestiquer
il élabore un souvenir qui puisse se substituer
à son désarroi,
il assimile des conséquences qui seront les lendemains.
vendredi 4 juillet 2025
et il passe, et repasse
et il passe, et repasse tendrement, en veilleur obligeant
il salue, il recueille
– le jour où la branche de prunier cassa
il sut immédiatement interpréter ce cri
l’averse d’obus verts et d’écus luisants
un essor inversé, une remise,
les mains propres de l’arbre ne trahissaient rien
aucune faiblesse mais un vertige le prit
et je déplora seulement son pal austère
et sa tutelle assurance – un si j’avais pu
qui n’est pourtant d’aucun temps
fut sa réponse inappropriée.
jeudi 3 juillet 2025
des possibilités d’espoir
des possibilités d’espoir, entend-il,
dans des variations infimes de l’être –
et il les reconnaît – il reconnaît oui des visages
en lieux de roses maintenant
il s’accroche à ces visages
portés par des inflexions bénévolentes
– le rossignol aussi –
leurs hochements quand il passe
mercredi 2 juillet 2025
Il cherche un geste
Il cherche un geste, il cherche une fleur
(son habitus disent les botanistes)
le geste qui la rend à elle-même en le dévoilant lui
à lui-même, comme un amour (non une explication
ni même le début d’un savoir quelconque sur, non,
mais avec, peut-être, ou parmi). Je le vois s’éveiller
trèfle ou ortie et se coucher plantain, rose,
autant de lieux comme des de non-lieux
mardi 1 juillet 2025
Il s’approche ainsi des faits croit-il
Il s’approche ainsi des faits croit-il (le croit-il ?)
mais il sait sa douleur (il l’aime ?) comme il chérit
la désillusion : il n’espère pas toucher véritablement son but.
Il prend acte et s’attelle
il s’essaye
il tente de déjouer les leurres.
Accepter, sans jamais ramener Eurydice, ni une seule fleur.
Il chérit ce non-sens aussi.