Ce que je voulais voir ne s’écrit pas. Ce que j’écris n’est
vu qu’en écrivant, aussi je continue à parcourir un pays dont je ne connais ni
la raison ni les limites. Quand j’écris l’herbe reverdit et quelque chose
quelque part fleurit. Sinon le monde s’entretue et meurt. Sinon je perds le
monde et je meurs. Je dis : ma vie dépend d’un iris, d’une marguerite ou
du verdier, par exemple, leur être audacieux, gracieux
dépourvu de raisons personnelles, tenu à perdurer.
Mais eux aussi, je les perds de vue, et je dois régulièrement
les rappeler pour que reparte un printemps.
Je tiens à jour chaque brin d’herbe et chaque effusion de
sang, la plus petite ombre est une naissance. Et ma vision d’une feuille flétrie - à l’aube - est une mort aussi
grande et équivaut à toute mort, et
celle d’une fleur à tout défi.
Je voulais que l’amour ne s’arrête jamais. Chaque poème est
une reconquête, il recouvre l’amour.
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