J’ai fini par trouver, chez Yi Sang, dans Remémoration ordinaire
( il est probable que nous éprouvions tous, à certain
moment,
cette rotation des objets, célestes y compris, dans notre
corps
et notre vision. Avant la mort ? ) ce phénomène vu avec
les cyclamens :
C’est doux comme un printemps
tropical là où le brasero éclaire
comme la lumière du
soleil dans ce coin j’ai même su me remémorer
une rotation de la Terre autour du Soleil *
Ma main en visière cache le ciel dans son entier.
Il a encore raison, ce jeune homme, le ciel est vraiment
grand comme une paume.
Mais de quel côté
de ce ciel grand comme
une paume - ou de la paume -
est la vie ? De quel côté vole réellement le
milan ?
( les colombes, je ne dis pas, apportant la paix gravée
sur un phylactère, volent, si j’ai bien compris, de l’autre côté )
( voler réellement
est une itération. Un re-battement d’ailes.
Y gagnons-nous en réalisme ? Non puisque le milan
ne bat pour ainsi dire pas des ailes. Disons : de quel
côté
de ma paume le milan se laisse t’il voler ?
Enfin, qui ravit qui ? )
J’ôte ma main. L’axe - un arbre ou un soleil -
comme un clou dans mon œil
enfonce sa tête - plate - de tapissier,
ma tête éclate. Des frondaisons rouillées, des laines
bouclent au-dessus du bassin formant une voûte ourlée
de gouttelettes, de sang, de secondes éclatantes.
Il n’y a
pas de témoin innocent à la source.
Le ciel tourne. Milan n’attend pas.
Au pied levé il reprend le pivot - l’arbre au soleil
est un platane -
*Yi Sang, Plan à vol de corbeau, éditions La Barque, 2019
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire