samedi 31 août 2024

À la boîte blanche, vues 457


 

Alors que / comme nous tous ici

 

Alors que

comme nous tous ici

j’ai grandi à coup de sûrs

tracés d’équerre

encadrée à mon insu

j’évoluais

dans une (froide) géométrie centrée.

Le spectacle humain prévalant

sur toutes choses

 

imposait l’unique distance

qui fût :

ce que l’on voit avec netteté

seul est vérité.

 

vendredi 30 août 2024

À la boîte blanche, vues 456


 

Combien cette puissance

 

Combien cette puissance

étire-t-elle les tiges

- attraction insensée gravitation lune

(je sais) -

quand moi-même

j’allonge

le temps

inapte à dresser

les plans

 

alors j’ajuste la focale

je regarde la lune

en face

en prenant bien garde

de ne pas perdre des yeux

le plantain

(c’est

la profondeur de champ

qui inclut toutes les questions, mêmes floues)

 

jeudi 29 août 2024

À la boîte blanche, vues 455


 

Moyennant cette distorsion

 

Moyennant cette distorsion

une autre dimension s’insinue

une possible

autre lecture

chorégraphique

mouvante, du champ

appréhendé comme

l’effort de végétation

intrinsèque 

 

du vivant

et non seulement

comme

le fond (de mes pensées)

un fond

auquel nos vues

subjuguées

par l’horizontalité

(horizontales

 

basales rosettes ?)

forme et idée définies

prêtent un sens défini

là où il n’y en a aucun (sens)

(pas même de fin)

sauf plantain s’essayant

à la génération

est-ce bien assez clair ici aussi ?

est-ce ?

 

mercredi 28 août 2024

À la boîte blanche, vues 454


 

Avec l’œil neuf

 

Avec l’œil neuf

qui ne veut déroger à aucun horizon pourtant

(mais horizon sans objectif

et sans prémonition

si simple est le cercle qui borne la vue,

dont je croirais occuper le centre)

je leur sais gré d’intercaler cette beauté

candide intermédiaire

valeureuse.

 

mardi 27 août 2024

À la boîte blanche, vues 453


 

Pourtant ce ne sont / (plantains !

 

Pourtant ce ne sont

(plantains !

à ne surtout pas confondre

avec la mortelle jacobée)

que beautés

modestes et délicates

rosissant sous le pied

que nous disons vulnéraires

pour l’instillation oculaire et l’apaisement des paumes.

 

lundi 26 août 2024

À la boîte blanche, vues 452


 

Et surtout le soir

 

Et surtout le soir

l’oblique oblitère

l’unité

- vert granit

à perte de vue -

pour monter les détails en

épingle étincelante

(évaluons le mystère du

du comment

 

la comparaison

au champ puissante

et sonnante)

sur ces écus

l’œil trébuche

un par un par un

ils décillent le regard

en amont du paysage

du bouclier froid de l’horizon

 

ils remontent

sous nos paupières

de malvoyants

- remontées fatidiques -

(je sais où ils sont

la sente qu’ils

jalonnent

écouvillons

pour les orbites)

 

samedi 24 août 2024

À la boîte blanche, vues 451


 

dont la couleur adorable

 

dont la couleur adorable

dédorée

est néanmoins là

happée dans l’épi

(cette couleur

que la hampe formidable

hameçonne)

toute la lumière est faîte

où sont les sommités de juillet.

 

jeudi 22 août 2024

mardi 20 août 2024

À la boîte blanche, vues 447


 

le voici

 

le voici

harceleur

qui persécute

l’horizontale

évidence

perfore l’étendu

paysage lacéré

par ces douces langues d’agneau 

(imago : survivance imaginaire)

 

dimanche 18 août 2024

À la boîte blanche, vues 445


 

L’été

 

L’été est parvenu jusqu’ici

et hisse le plantain - haut l’épi -

pointilleux sur le vert indi

visible (bien plus haut que la ligne d’horizon

parcourue des yeux, lorsque nous sommes allongés au préau)

 

samedi 17 août 2024

À la boîte blanche, vues 444


 

Pendant que l’œil rivé à la margelle

 

Pendant que l’œil rivé à la margelle implacable

(la pierre de l’implacable :

refuserons-nous la modération et la sobriété,

refuserons-nous maintenant le prix du sang ?)

 

expie l’exorbitante prétention à régenter, j’oublie le bruit de l’eau

j’omets l’aridité qui ravit la souplesse aux tissus, j’omets le temps.

 

Le bruissement des feuillages donne sa consistance à l’espace.

 

jeudi 15 août 2024

À la boîte blanche, vues 443


 

La présence du chardonneret

 

La présence du chardonneret

et du signe sommaire

- un meneau, une croix grecque -

pour expier l’hybris humaine.

Nous voilà édifiés

nous, pourtant si prévoyants.

 

(toujours d'après Giovanna Garzoni, Figues dans une coupe chinoise, avec cerises et chardonneret, vers 1650, gouache sur parchemin, Florence, Galerie Palatine)

 

mercredi 14 août 2024

À la boîte blanche, vues 442


 

et composer avec la vie

 

et composer avec la vie, c’est consentir au collage

(au découpage et au collage, qui n’a pas à voir avec la colle

mais avec la sympathie, l’agrégat, la coordination).

Giovanna Garzoni a peint à même les cerises rutilantes

 

la fenêtre fermée sur la margelle exportée de laquelle,

grande ouverte, nous voyons l’oiseau becqueter ce foie.

Ou assister la peintre grâce à cet étalonnage voyant ?

L’étendard coloré de gueules pour prémonition ?

(le sacrifice et le sang pour étendard

l’ardeur et le feu pour rédemption).

 

(toujours d'après Giovanna Garzoni, Figues dans une coupe chinoise, avec cerises et chardonneret, vers 1650, gouache sur parchemin, Florence, Galerie Palatine)

 

mardi 13 août 2024

À la boîte blanche, vues 441


 

notre crédulité mise à l’épreuve

 

notre crédulité mise à l’épreuve de cette optique

qui est pensée. Mais après tout il n’y a pas d’inconséquence logique

à peindre pour témoigner de la vie ET pour créer une réalité,

- de concert -

la peintre étant maître de la trivialité, elle préside aux carrefours

de la pensée la plus complexe

 

qui concerne les faits de la vie la plus courante, la plus quotidienne

et satisfait manifestement à une définition et aux conditions d’une image,

 

(toujours d'après Giovanna Garzoni, Figues dans une coupe chinoise, avec cerises et chardonneret, vers 1650, gouache sur parchemin, Florence, Galerie Palatine)

 

lundi 12 août 2024

À la boîte blanche, vues 440


 

et de recomposer à la surface du parchemin

 

et de recomposer à la surface du parchemin notre vie

ses affinités

ses liaisons fortuites qui intriguent l’œil

et égarent la pensée

(fenêtres à meneaux dans l’orbe d’une cerise écarlate

à même la margelle de pierre, sur fond blanc


comme toujours, ou presque, abstrait comme toujours,

ce qui fait paraître l’image pour ce qu’elle est,

un plan de motifs concordants

au centre trivial - non sans distinction pourtant -

de son cadre réflexif. Une section de la pyramide visuelle,

selon une distance donnée)

 

(toujours d'après Giovanna Garzoni, Figues dans une coupe chinoise, avec cerises et chardonneret, vers 1650, gouache sur parchemin, Florence, Galerie Palatine)

 

dimanche 11 août 2024

À la boîte blanche, vues 439

 


et c’est un sacrifice

 

et c’est un sacrifice - c’est le sacrifice dont

nous fait offrande Giovanna Garzoni s’attelant

au réalisme, au défi de donner vie à des taches de

gouache colorée disséminées et conjuguées sur parchemin,

comme les six cerises en conjonction (telles des planètes),

reflètent et révèlent (presque) toutes la source de lumière

 

à travers meneau et croisillons simplifiés de la fenêtre.

Comment l’a-t-elle peint ? Quel point de vue peut nous laisser

croire que le chardonneret consentant posa près de la coupe de figues fraîches ?

Plus becquetés d'oiseaux que dés à coudre

la peintre harcelée par le mobile fatidique

n’a d’autre ressource que de composer avec la vie

 

(toujours d'après Giovanna Garzoni, Figues dans une coupe chinoise, avec cerises et chardonneret, vers 1650, gouache sur parchemin, Florence, Galerie Palatine) 

 

samedi 10 août 2024

À la boîte blanche, vues 438

 


Le chardonneret donne la couleur

 

Le chardonneret donne la couleur à la création

comme Prométhée fait don du feu,

mais aussitôt il becquette la figue-foie de celle

qui rivalise avec le créateur en réalisant cette peinture,

 

(toujours d'après Giovanna Garzoni, Figues dans une coupe chinoise, avec cerises et chardonneret, vers 1650, gouache sur parchemin, Florence, Galerie Palatine)


vendredi 9 août 2024

À la boîte blanche, vues 437


 

Tout en bas

 

Tout en bas six cerises liées par trois

comme des points de suspension s’alignent

pour la terminaison.

Le chardonneret sur le côté gauche de la coupe

étalonne la couleur, sorte de palette témoin,

voyons-le comme le nuancier de toute émotion

 

(une fiction, un jeu, voici dans cette effigie polie

- polissée -, la mesure que nous attendions,

figés dans cette scène aride,

affamés sans pouvoir tendre la main

c’est la mesure de feu, le tison sacré qu’il porte avec lui

qui se rappelle à notre léthargie,

 

et réétalonne pour nous la résolution colorée,

sensitive et musculaire.)

 

(toujours d'après Giovanna Garzoni, Figues dans une coupe chinoise, avec cerises et chardonneret, vers 1650, gouache sur parchemin, Florence, Galerie Palatine)

 

jeudi 8 août 2024

À la boîte blanche, vues 436


 

Une demi-douzaine de Dottato

 

Une demi-douzaine de Dottato (ou Dalla goccia) charnues

vert paille à la pulpe ambrée

ou plus sûrement des Verdino, les tardives d’Ombrie, délice miellé

portant les stigmates de l’été,

disposées dans une coupe chinoise à décor paysagé et liseré bleu lavande

plus une violette au sommet de la composition

 

(brune plus exactement, par mimétisme avec le chardonneret

qui sur la margelle picore le réceptacle offert

- de la forme d’une navette -

d’un sycone éventré de l’ostiole au pédoncule,

sillon central plus sombre évoquant la fente palpébrale, 

sa ligne doucement convexe jusqu’au larmier


où perle un suc rose)

il y a aussi la branche noueuse

comme un doigt pointé vers l’extérieur du champ

et deux feuilles trilobées font l’obole de peinture - deux bons poids visuels -

sur la balance colorée, qui marque l’équilibre précisément.

Le grené de la pierre l’apparente à un cuir.

 

D'après Giovanna Garzoni, Figues dans une coupe chinoise, avec cerises et chardonneret, vers 1650, gouache sur parchemin, Florence, Galerie Palatine


mercredi 7 août 2024

À la boîte blanche, vues 435


 

confond le sang

 

confond le sang par sa frappe syncopale

ses contretemps

les bourrasques soudaines déplacent l’accent,

d’un cran descend le lambrequin dans le figuier)

tandis que le fruit dilué de nos ferveurs

pend axillaire.