vendredi 14 février 2025

Et moi ici, près d’un siècle après

 

Et moi ici, près d’un siècle après encore.

Donner un corps à son ombre, y réussit-il ?

Finalement, trouver l’issue dans la sensation,

l’incarnation consentie ? Son être matériel

éprouvant le monde - et mortel -, pas si différent

d’un pin, d’un héron. Incorporé à la montagne froide.

 

Mais si comme le dit Seamus Heaney,

La montagne froide est aussi un état d’esprit.

Ou divers états d’esprit à des moments divers […]* ?

Montre ton esprit ! Montre ton corps Hanshan !

Montre moi l’issue dans le tout !

 

En parler ne suffit pas

Mais en citer quelques vers démontre au moins

La vertu d’un art qui connaît son esprit.**


Où est ton corps ? Où ta voix indolente,

(peut-être dans ces brumes résolument cachés,

pendant qu’on volait le monde sous tes pieds ?        

 

Que les sbires du préfet s’essayaient à relever tes traces ?)

 

* Seamus Heaney, « XXXVII », in II Ajustages, in La lucarne, in La lucarne suivi de L’étrange et le connu, traduction de l’anglais (Irlande) de Patrick Hersant, nrf, Poésie / Gallimard, p. 117

**ibid.


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