dimanche 31 août 2025
Des îlots de jaune plus loin
Des îlots de jaune plus loin
tonique, linéamentaire aveuglant
autant qu’amnésiant (Ulysse à quel point t’étais-tu perdu ?
- hé, je suis là, las)
il chantait un chant de lassitude et de miel remémoré pourtant
(de miel natif ?)
libre de mouvement
le jaune dont on retrouve l’île chaque été un peu plus [mélilot officinal]
samedi 30 août 2025
Prends garde à toi !
Prends garde à toi !
Cet œil fardé au fossé qui regarde
arde le passant
(plutôt deux fois qu’une)
or brûlant du désir de parfaire le soleil
il l’invoque pour toi
et pour elle, la déployée
la versatile
et pour elle
de rose à bleu vif, violet cependant [vipérine]
ondoie dans l’herbe
au quart de seconde la leçon de réel
vendredi 29 août 2025
Cet autre perforé
Cet autre perforé n’est pas loin (jaune lui
en panicules attractives
jaune pointille la rétine)
percevoir dit-il [millepertuis perforé]
plus près il s’étoile
et c’est l’hypéricine qu’on aperçoit
à ses sommités fleuries
(elle altèrerait la lentille convergente qu’est le cristallin)
prends garde si tu m’aimes
jeudi 28 août 2025
Paysage versant : une flore autosuggestive / Soudain rendus au bleu
Soudain rendus au bleu
dispersé dans le regain des bermes
comme un revers
comme au travers de trous dans la couleur rendue aux bermes
le bleu lavé du ciel
plus frais
passé dans ces capitules de fleurs [chicorée]
paysage versant
au passage devant ces bermes trouées de ciel ligulé
en roulant vers un autre
samedi 23 août 2025
cet étai qui tinte
cet étai qui tinte
strict accessoire mais primordial
comme le triangle de l’orchestre perceptible
entre tous,
entre des pleurs et des psaumes un distinct
cristal
son aigu recadre la masse
cémente les intervalles)
vendredi 22 août 2025
(comme se lève une petite brise
(comme se lève une petite brise
survient le cliquetis d’une chaînette,
goupille ou clavette qui heurte à intervalles réguliers le montant de l’échafaudage.
Un géant tubulaire, trivial idiophone apporte son pouls métallique à la nuit,
son étai
jeudi 21 août 2025
elles embrassent
elles embrassent
elles relèvent l’épuisé, le désemparé, le douloureux.
Jamais autrement que par ce timbre singulier
l’intensité et la hauteur qui lui sont données
les rythmes qui le propulsent : c’est ce que je vous réponds
mouettes et goélands du Montparnasse »
mercredi 20 août 2025
Nous concertons
Nous concertons
nous confrontons nos musiques
nos phrases – comme un cuivre ébranle les façades
des éclats de verre dans la voix –
frappent la mesure de nos désaccords
comme celle de nos hantises, répulsions
ou
– comme un bois s’invente et s’avance et fait face
puis enlace –
mardi 19 août 2025
Concertare/tout concourt
Concertare/tout concourt sur ces hauteurs
à tramer
pour nous (pour moi) un sentiment de viabilité
arguer dans la nuit que le son monte, subtil,
quand les gravats de jour dégringolent dans la goulotte
et comme les seaux par-dessus bord
les corps graves
conserere/nous sommes liés
éternellement préservés par ces lois
lundi 18 août 2025
Vous êtes là (ou vous ne l’êtes pas)
Vous êtes là (ou vous ne l’êtes pas). Tout comme vous ne l’êtes pas.
Je vous devine, je vous attends.
Je vous regarde, vous,
votre légèreté trouve un lest
dans le contrepoint de cette voix autre qui vient du bas,
mon sentiment du tragique assez de réel
pour s’amarrer.
Mon sentiment de comique, pareillement.
dimanche 17 août 2025
amour, défection, collusions, vie
[mais vous, pourquoi voulais-je voir en vous autre chose ? Vous n’étiez que vie, équivocité]
amour, défection, collusions, vie : lutte pour la place.
Vous n’étiez que vous.
N’allez pas penser que j’en aie assez !
Je ne me lasse pas de vous regarder,
de scruter votre présence modale.
J’écoute la voix de saxophone décliner sa persuasion
enlacer, envider autour de mon manque
ses psaumes envoûtants.
samedi 16 août 2025
le trop pesant
[je l’écoute abondant le vide médian]
le trop pesant le trop
sachant peser avec circonspection – juste ce qu’il faut pour être honnête
ou pour le paraître ? –
il contourne déchirant cette âme en peine
ce suprême désarroi
qu’il attendrit un peu
mais vous, pourquoi voulais-je voir en vous autre chose ? Vous n’étiez que vie, équivocité
vendredi 15 août 2025
alors j’écoute un bois
alors j’écoute un bois propulser son air
sûrement une anche simple sûrement le saxophone d’un ivre de vent
aux accents lamentables
je l’écoute briller défibriller au cœur
je l’écoute abondant le vide médian
jeudi 14 août 2025
« mes rêves noyés
« mes rêves noyés plus qu’envolés
je les suis par le fond – ils sont désormais
tenus pour ce qu’ils sont paix à leur âme
sans adresse autre que la mienne –
vous nous tenez serrés entre vos œillades vous nous tenez serrés
vous nous tenez
vous
en vous évadant vous m’évidez
mercredi 13 août 2025
la célérité
la célérité de l’action
alerte
mes rives
je dérive
je vous regarde dévisager
et noyer tous mes espoirs d’accords convenus
vos frasques désintègrent le rythme »
« quelle est la menace qui pèse sur nos rêves ? » devrais-je vous demander
mardi 12 août 2025
votre calme détachement
votre calme détachement
un concert secret,
puis la soudaine algarade
(pour la place ? ou le point de vue ?)
la prise de bec le concours d’ailes fracs ébouriffés
en fleur née de la vitesse
dissipe l’image
son harmonie littorale
rattrapée par le mouvement rapide
lundi 11 août 2025
le ton sourd de la fête
le ton sourd de la fête urbaine n’altère pourtant pas l’aubaine, la scène
ici, sur les hauteurs,
à la pâleur maintenant lunaire du zinc
votre aubaine : ce que vous, oiseau étranges loin de chez vous
et réfractaires
nous laissiez en héritage
dimanche 10 août 2025
votre splendeur dans les roses
votre splendeur dans les roses atteint –
il n’y a pas une musique il y a vos allées venues votre trafic continu
qui endort l’enfant accoudée à la fenêtre
les lucarnes scintillent et elle perd ses repères elle se perd entre vos ailes votre éclat
alors que l’échafaudage disparaît dans la nuit de la cour
la rue bruyante
ses échos
montent
d’un cran éprouvant l’imaginaire
le ton monte entre elle et votre monde
samedi 9 août 2025
votre présence dansée
votre présence dansée raccorde mes pensées, votre fête détonne,
vos coups d’œil, l’attention extrême que vous portez à ce que je ne vois pas
ne peux ni n’entends
(d’autres goélands bien plus loin sur d’autres toits de zinc, les rives d’un fleuve, un jardin de plantes ou une roseraie ?)
quand vous vous ébrouez la lumière gicle autour de vous : gloire, vous rénovez ce mot
pour le couchant
vendredi 8 août 2025
l’envol est bluffant
l’envol est bluffant
un clapot d’ailes gravissimes
à la hauteur de l’alerte
donnée il est vrai sonnée
depuis le feu lointain par un cor brillant
puis tranquillement le vol de peu de battements rapproche les toits, plané liant l’air entre les cheminées liant les rives entre elles, reliant les toits comme des pages de livres au teint bleui
un flap,
la battue lente et puissante, l’arc léger de vos ailes dans le courant continu comme reposant,
comme lissant le courant
soudain une pose, pattes en extension, tout en avant du corps
palmées d’un beau rouge vieilli (ou chair orange chez certains)
elles fleurissent le zinc
tout dit que fête bat son plein/faîte bat son plein de goélands venus par vagues sur les toits
jeudi 7 août 2025
« Nous vous observons.
« Nous vous observons.
Je vous vois écoper les basses inégales
réponses d’îlot en îlot montant depuis les cours
les rues, les carrefours
tandis que vous étincelez dans les dernières lueurs
obliques sur vos falaises à joints debout
des parallélogrammes imbriqués s’évasent
sous vos pattes l’envol est tonique
mercredi 6 août 2025
Façades toutes dressées
Façades toutes dressées, des arbres la reliure de verdure, leur froufrou remet l’air et le contour des visages.
Le soir musical un cuivre
un hautbois un arbre s’élancent
de partout monte la musique aux accents humains (les nôtres désaccordés)
la basse profonde binaire
soutient l’effort
la simplification un cœur
en bas
qui bat dégrade
le jour
nous, là-haut, ressassons la marée, sa lumière,
en vigies nous scrutons le large, écumons vos échos
en fières vigies du Mont Parnasse,
(le nouveau, nommé par ironie mais vous avons-nous assez pris au mot ?)
et vous, de même, suivant la leçon de Parnassos (aux dires de Pausanias), nous avez-vous assez observés ? »