mercredi 20 novembre 2024
Que je scrute et soupèse
Que je scrute et soupèse,
plein des cerneaux lobés,
comme une proposition de passation
(comme un masque passeport contient
dans sa loge réduite
l’esprit, et la force de le léguer)
noix, poème tout court, est un visa pour
la relation avec le monde :
cervelet et esprit d’appoint
mardi 19 novembre 2024
ou la courbe fermée
ou la courbe fermée du poème.
Encore que ce soit un cervelet qui tombe là
en quelque sorte, tiens !
(organe qui permet entre autres l’ajustement aux variations
dans les relations sensorimotrices)
un cervelet de secours ! Pourquoi pas ?
lundi 18 novembre 2024
Tel un poème est cette noix
Tel un poème est cette noix
ou ligne dure du poème
(ne le prenons pas mal)
dure à pénétrer et dure à embrasser
état sans cause échue à mon insu
(discrètement détonant dans mon dos)
dimanche 17 novembre 2024
- SA chute, hein, pas la mienne
- SA chute, hein, pas la mienne
intempestive redite
toujours intempestive, à contretemps
de mon geste pour l’intercepter
mais non voyons ! Elle tombe dans mon dos
lorsque que je regarde ailleurs
après avoir longtemps guetté l’ébranlement
le tressaillement de l’écale
elle tombe à point nommé lorsque j’ai le dos tourné
pour faire sursauter la glaneuse
allez ! tombe de son ciel
pour le suspens dont je suis la chanceuse nominataire.
vendredi 15 novembre 2024
J’attends
J’attends
(mais gare à la chute !)
de la noix
que sa trajectoire me montre
(le ciel et la terre
font un aujourd’hui)**
la concrétion - en un point, ponctuelle
(le raccourci en quelque sorte) - de ma réalité présente
(l’image par excellence) :
tel un poème est cette noix
que je ramasse.
et toucher (alors) d’un inexprimé
geste subit légèrement mes yeux ?
touch(now)with a suddenly unsaid
gesture lightly my eyes ?
E. E. Cummings, font 5, traduction et postface de Jacques Demarcq, éditions NOUS, 2011, p. 97
le neuf est le vrai
**(le ciel et la terre
font un aujourd’hui)
E. E. Cummings, 95 poèmes, traduit et présenté par Jacques Demarcq, Points/Seuil, 2006, p. 128
jeudi 14 novembre 2024
projet de liaison des mondes
projet de liaison des mondes
la noix par terre te fait tendre la main
vers son monde
fermé comme un
un œuf, un nœud
un monde neuf ?
un pré-clos et coi
sans quoi rien ni pourquoi un pré quoi ?
néanmoins
noix c’est un monde poreux
sans jamais la gauler j’attends le saisissement
par la noix
de toute mon attention
mercredi 13 novembre 2024
[Intermède. Chaumont.
Bovins langoureux très placidement
posés sur la courbe sinueuse de l’horizon
blancs comme des œufs.
La ligne de crête ondoie sous eux.
Dessous, sur les pentes
la gesticulation des vergers musculeux
désarçonne le regard somnolent
cahoté contre la vitre du train.]
mardi 12 novembre 2024
Cependant très vite
Cependant très vite
très vite
grâce à la pluie (ce moment de grâce)
plus rien ne (pan !)
pend.
Au sol ce vœu
extrême puissance
d’attraction
baisse-toi, nodale !
valence et
e (comme un œuf, un nœud)
se donne à qui veut bien se baisser
(au plus près des pieds les yeux)
et la noix comme un e valentiel atterri
(projet de liaison des couches externes)
lundi 11 novembre 2024
je m’incline
je m’incline devant ces
parangons de fermeté (il faut
la pierre de touche pour desceller
l’âme et déceler le projet
pour se résoudre à ce bienfait
élaboré dans les hauteurs à notre insu
- bienfait qui nous tue ou nous nourrit
cependant
il tombe à point -)
vendredi 8 novembre 2024
(ces bouches perlières qui bombardent
(ces bouches perlières qui bombardent
le sol de leur - trésor longtemps gardé
strictement au secret de l’écale -
je les vois qui béent désarticulées
éclatées par l’effort de la délivrance
par l’effroi de la délivrance, par le cri - je pense
à ça, l’écume encore à leurs lèvres
pendantes comme des questions sans réponse
mais noire -)
par terre ces perles de compte (je les compte
comme des noix) une manne,
je me plie à leur commandement muet
jeudi 7 novembre 2024
on entend tomber les noix sous le noyer
on entend tomber les noix sous le noyer
(on entend cet autre météorite
par dizaines
buter la terre molle)
depuis l’orée de brous trésoriers.
Depuis tout ce temps
(sans qu’on ait rien vu) elle était réservée.
Maintenant la bouche évasée
une bouche noire d’encre profère des
choses intimations, profère
des sommations, des sommes
auxquelles - obligée - je survis
(la projectoire définie par l’attraction)
et à mon corps défendant héritant
de ces perles parangones
incomparées (incomparables)
léguées avec le temps
qui détonent sur le sol
mercredi 6 novembre 2024
Quand tout redevient calme -
Quand tout redevient calme -
longtemps après l’orage, longtemps après
l’intempérie du cadre -
quand tout bonnement il n’y a plus de temps
- noir absolument silencieux d’un silence
ressenti
coulant dans les os, un silence de moelle,
de flux vital, insondé, circulatoire,
alors
[on entend tomber les noix sous le noyer]
mardi 5 novembre 2024
La lune, œillet dans la nuit
La lune, œillet dans la nuit
plus précieuse
et plus une,
périlleux point de référence
- parfois dans le cadre, parfois pas -
posant la couleur
dans la lucarne
cette mesure d’attente
(à la mesure de mon attente, son retour au périgée)
lundi 4 novembre 2024
(un jeu à la vie à la mort
(un jeu à la vie à la mort
dans lequel chat, fouine, hérisson, lérot,
- réunis de nuit par le figuier -
moi maintenant attablée sous la lucarne
que ce figuier colonise
plaidant pour une paix illusoire (et hypocrite)
forte de mes oreilles fixes :
chacun cherche sa place dans l’espace
imparti, par rapport à tant d’autres
aussi démunis (impuissants dans la chaîne déprédatrice)
mais mieux dotés - comme j’envie
l’oreille mobile de tant d’entre eux
l’œil perçant, l’agilité
mais on ne peut disposer de tous les atouts
- non, on ne puis, résous-toi à accepter
ton handicap, ton statut de minable potentat :
frappe dans tes mains, fais du bruit
tout le monde s’égaye -)
dimanche 3 novembre 2024
et la branche affole le cadre.
et la branche affole le cadre.
Lune par intermittence
œil ou ménisque (obole ou joyau)
- me rappelle une certaine illustration
pour Roule galette. Fouine,
quel rôle joues-tu donc,
qu’apportes-tu au poème ? -
roule délicatement pleine
abondée par le jeu des placements
samedi 2 novembre 2024
l’échine bandée
l’échine bandée
l’œil perçant, la détente
agile néanmoins
en rivale nuisible
(de l’oreille)
elle tranche sur l’attente
- bouchère bouchère -
la morsure luit
évidente
vendredi 1 novembre 2024
L’oreille rapace
L’oreille rapace
saisit l’afflux
dans l’air nocturne
cinglé d’embruns d’emprunts
inondée
(l’oreille est surmenée)
cette branche de figuier qui frappe
à la lucarne
en hôte illustre (épicène)
cette branche ne se laisse pas oublier
mais toque inlassablement et
avec elle une fouine s’invite brutalement
dans le cadre (à la table)
montrant ses dispositions
de commensale - elle obstrue la lucarne
dans laquelle j’attends la lune
son ombre glissant importune
et carnassière -
jeudi 31 octobre 2024
questions chaudes absorbées
par les
tragiennes attentions : oreilles
qui tirent la langue (sans tragédie)
un affût constant
comparable à celui de fleurs carnivores
voraces cornets capables de capter
de digérer ce qui passe à leur portée
d’un coup bref et décisif
d’organe contractile.
mercredi 30 octobre 2024
cette trombe (ore, orage)
cette trombe (ore, orage)
l’amène au bout de la logique
des météores langagières
mouvements étymologiques
philologies sauvages
(convectives) : des transports d’énergie
vers des zones externes (éteintes
écritures) des
questions chaudes absorbées
mardi 29 octobre 2024
aucun muscle / mais la parole
aucun muscle
mais la parole
survolée d’astres
inondée d’océans fut surprise
dans la rencontre tumultueuse des vents
cette trombe
chargée de nuit
cette trombe (ore, orage)
l’amène au bout de sa logique
lundi 28 octobre 2024
des bêtes hors d’âge entrant
des bêtes hors d’âge entrant
dans ma vie comme le bruit de l’eau
capté par le pavillon auriculaire
suivant les méandres de l’hélix et de la conque
et rabattu par le tragus
est promptement siphonné par le conduit auditif
jusqu’au tympan.
Aucun muscle tragien ne peut prévenir
cette trombe ou ce siphon
dimanche 27 octobre 2024
- moi c’est le contraire :
- moi c’est le contraire :
la charge nocturne passe
par transfert ou convection
son impulsion mobilise vos noms
(tous vos noms ancestraux,
vos noms d’étrange latin scientifique
ou de français vernaculaire :
vent, ore, orage, vespéraux vespertilions)
électrise nos retrouvailles soudaines -