mardi 17 juin 2025
il – mais non, c’est sans intention de distraire – égaie le lieu
il – mais non, c’est sans intention de distraire – égaie le lieu
par son évasion désordonnée – sa débandade –
ou : la résistance viscérale supplée
au manque de tout
incontrôlée centrifugeuse de corolles pourpres
à roses… à blanches – dit rouge –
quels subterfuges pour une mission
de camouflage
des corolles fluettes mais bien là
en discrètes lanternes signalétiques
sur la piste d’atterrissage
de l’armée des ombres.
lundi 16 juin 2025
Ou spécifiquement humaine ou.)
[(Est-ce sur un pied d’égalité ? La question ne se pose pas.
Elle est question humaine seulement.]
Ou spécifiquement humaine ou.)
Il n’y a qu’à voir comment ces axes secondaires
prennent le relais de la floraison : l’union
pour la survivance
fait du compagnon rouge un grand dégingandé
qui fait la roue, s’échevelle et s’arque
plus voyant que le pivot qui l’ancre pourtant
profondément
(que la tarière, la question – spécifiquement humaine –
de la nécessité, de la justice – sinon de la justesse –
de nos actes – nos gestes –
mesures mesurées)
lui, sans (il ne se jauge/juge pas
à la nuit, à un vers, une allée de simples, et
l’orage ne l’effraie pas – puisqu’il ne perd pas)
il s’égaille en rouge compagnon de la misère
dimanche 15 juin 2025
Mais enfin !
Mais enfin !
Lui, le silène, n’attend rien de ce témoignage,
la croissance sympodiale de sa cyme bipare –
stratégie de survie, pourrait-on dire – inclut
la reprise d’un axe secondaire, un autre, uni
sur un même pied.
(Est-ce sur un pied d’égalité ? La question ne se pose pas.
Elle est question humaine seulement.
samedi 14 juin 2025
Là est le silène dioïque
Là est le silène dioïque
dont la première fleur – apicale, terminale –
arrête et définit l’axe principal,
une fin qui engrène aussitôt la ramification :
voyez tout l’art du contournement, de la diversion et
de la démultiplication des forces dans un simple !
Alors je, touché, s’en remet à la fleur qui dans sa fin sans ruine admet l’équivoque,
plutôt qu’à l’abomination des discours d’intention.
vendredi 13 juin 2025
– dimension constamment sous-évaluée
– dimension constamment sous-évaluée
leurrés que nous sommes par les couleurs
car l’œil s’habitue à la lumière
je se prend pour l’axe –
l’axe de ce qui fut / et de ce qui sera
l’axe (non laxe) et, s’il n’y prend garde, pour la lame
(à double tranchant, et fatale)
Mais voyez donc le compagnon rouge* !
* Vélimir Khlebnikov, « le compagnon rouge… », Zanguezi & autres poèmes, traduction du russe par Jean-Claude Lanne, 1996, Poésie/Flammarion, p. 98
jeudi 12 juin 2025
Elle se déroule entre les fleurs aussi
Elle se déroule entre les fleurs aussi
ici microcosme fidèle aux grands principes
parmi la rumeur d’insectes
le spectacle effarant et jouissif de la descension
mercredi 11 juin 2025
Féroce est la bataille
Féroce est la bataille sur ce champ – hantée
par l’image des précédentes –
il s’en dit à coup sûr de métaphores médiatiques
l’estoc est fréquent.
mardi 10 juin 2025
ce n’est pas qu’il n’a rien à voir là-dedans
ce n’est pas qu’il n’a rien à voir là-dedans
– il fourbit ses larmes, en faire des loupes,
probable un instrument d’optique, probable –
et encore lorsqu’il écoute une ultime goutte
chuter sur la feuille souple et encore lorsqu’
il retrouve le rossignol, il retrouve le rythme
de l’atelier, la lente avancée sans autre objectif
que le mouvement. Mobile, mobile
est le monde – normal, il tourne – et la parole
versatile, « à deux tranchants » comme l’épée
(bien qu’on la dise une, contrairement aux ciseaux)
(mais on n’attend pas de la parole qu’elle tue proprement)
la bataille se déroule sur ce champ-là aussi,
c’est pourquoi il est extrêmement attentif à n’y pas prendre part,
non par lâcheté ou indifférence, non,
mais par souci de véracité, de fidélité à la sensation – les faits, l’effet – plutôt qu’à l’idée.
dimanche 8 juin 2025
Non non
Non non (omniprésente pourtant, jusque dans les iris déchirés,
et incomprise comme un rêve qu’on écoute pas
dont l’adresse est perdue
dont le langage est perdu)
non, elle est de tous les
vers pointés vers l’autre marge, verges
en fascines fortifiant la nuit, une charge, un faisceau
de faits concordants, écus miroitants
contre images assassines, l’œil raflé
par le bleu, non, elle nomme les peurs
et je, lui, assimile ces peurs
fourbit ses larmes et ses pieds
samedi 7 juin 2025
il goûtait cette lumière
il goûtait cette lumière, par-dessus tout,
– pas de plomb transmué en or, non, pas jusque là ! –
qui coulait dans le seillon de l’imagination.
Il désirait en faire quelque chose. Coûte que coûte.)
Maintenant il suit le tempo des gouttes
pas parfaitement régulier
moelleux (visqueux peut-être), le pouls résistant
palpitant dans la veine
il faut revenir à la vie qui motive les variations
pense-t-il, la source : une goutte échappée du chéneau
la coulure des acacias dans le ciel dur,
et la frange des iris pâles dans le jardin, qui rehausse pourtant ce qu’il voit
et je me demande ce que je compte faire de ces multiples riens,
que faire de ces tiges trop minces, par exemple, qui n’étayent
pas le moins du monde la pensée
est-ce ainsi que jel compte témoigner des ravages de la guerre ?
vendredi 6 juin 2025
Le goutte à goutte
Le goutte à goutte du chéneau dans le seau.
Le seau s’évase doucement sur la palière
et l’eau comme un feutre absorbe ce pouls qui s’altère,
le pouls de ce grand corps,
il écoute l’évasion du jour, la fin de la pluie,
le rossignol revient au compte goutte
et le bourdon dans les fraisiers en fleurs
parmi la mélisse, c’est tout ce qu’il vit,
bien après les acacias du bord de route,
– leurs boucles –
loquace la haie d’honneur le réveillait
en suspension dans le petit matin
(pâles anglaises à l’évidence évidaient
le ciel plombé
trayaient le ciel – un lait clairet suintait :
c’était de la lumière –
jeudi 5 juin 2025
Renonçant à la compréhension
Renonçant à la compréhension – il ne peut (ni ne veut) vivre de
ce qu’il comprend – il s’offre, non au monde
mais au transport (c'est-à-dire à lui-même, il s’autorise à être sa propre nature,
qu’il avalise comme un fait de langage)
ce désistement de toute signification l’implique vis-à-vis du monde entier
il varie avec les choses, dans, par les choses, ballotté
de l’une à l’autre
c’est lui qui est mis à l’épreuve d’elles.
Il ne fait que traduire.
L’expérience d’un entendement d’une toute autre sorte
tiré des sensations, redevable à l’induction.
Il ne comprend rien, il entend tout.
mercredi 4 juin 2025
Qui chante cette nuit-là
Qui chante cette nuit-là, il l’ignore.
Il ne sait plus très bien qui il est,
ou plutôt si : il est en rapport,
il prend corps dans ce rapport
et son humble figure est la figure de l’humilité
elle provient des profondeurs, passé le seuil du soliloque
(les limbes du langage, l’œuf flottant)
elle rayonne adossée à son amour, au cœur du concert qu’elle désire.
mardi 3 juin 2025
c’est ce qu’il se dit
c’est ce qu’il se dit épinglé par la voix
(plutôt fulguré – frappé
mais vivant – brutalisé mais
toujours en quête de quelque chose de vrai
pour finir sa journée) « ne tombe pas ailleurs,
choisis cet instant pour éprouver ta bravoure
essaye-toi à l’amour – espère, espère !
comme achevez-les ! achevez-les ! – et fleurir cependant »
tandis que le rossignol continue solitaire
son chant de l’interminable fin
– son chant sans qu’on sache s’il a été rejoint –
c’est toute son endurance qu’il promeut
« en attendant fais le bouquet »
« en attendant fais la vie (pas le mort) »
et il invente un rythme avec ses pieds
qui a l’espoir de toucher l’autre.
lundi 2 juin 2025
le réel, la rudesse d’un mur
le réel, la rudesse d’un mur
qu’investissent la capillaire des murailles et la valériane
il peut vouloir aller au-delà
ou s’enraciner aussi (la même fièvre
le même essor), au côté des myosotis
fougères mâles et capillaires
l’austérité de son je vite gagnée par la profusion
de la réalité (il y a de quoi faire
en ce mur !) des images qu’il apporte,
et s’il y mêle le parfum des mélisses !
Il est la proie de sa profusion consentie,
de son imagination fertile :
il s’en remet sans cesse à l’effroi… et au feu,
c’est ce chaud-froid qui fourbit son arme
– la dureté de son fer –
comme à la forge
« ne tombe pas ailleurs qu’ici
je
foudroyé par la fièvre
devant ce mur »
dimanche 1 juin 2025
avec toute la profusion en lui
avec toute la profusion en lui
avec toutes les images, toutes les lectures
et les dérives dont il est capable
il décuple le rossignol.
Aime tout ce qui t’échoit, semble-t-il annoncer
partout où on l’entend, aime tout
avec la ferveur des pierres
la constance de l’écho.
Écoute le rossignol :
Tomber ou voler ? ce pourrait être sa question
– comme le martinet, oui –
ou fleurir maintenant ?
et il regarde autour de lui
il contemple le mai qui impose
sa vision : le culte du mur au pied duquel je
(trop tard pour ne pas voler)
samedi 31 mai 2025
Des Fioretti !
Des Fioretti ! Oui, il en fait le récit
(et il incorpore délicatement quelque chose d’humain
dans la fable du rossignol
– comme si celui-ci chantait pour lui seul ! –)
et eux l’écoutent.
Dans la chaleur de la page, il
étend l’homme à l’amour, malléable
comme il peut être, il l’allonge
l’allonge encore
l’entrelace avec les faits trillés
comme les sarments ou les fibrilles déliés
de la vigne sur le mur chauffé à blanc.
À la marge, l’homme
prend sa place de brin flottant, brimborion
souplement abreuvé de sons,
il enlumine le chant
vendredi 30 mai 2025
sauvées avec
[les choses bienheureuses d’être vues
– le motif bien senti –]
sauvées avec
– sauf le nageur –
l’attention et la douceur
la bénévolence apprise du rossignol philomèle
(il parle bien aux humains
qui sont ses frères mineurs, apparemment
pris dans la même diachronie qu’eux, pense-t-il.
Écrivons-lui des Fioretti !)
recensons ré citons ses dialogues, les légers coups d’ailes
près des cimes
la clameur de son chant
sur le champ variable de la lune !
jeudi 29 mai 2025
Quand il revient à son bord
Quand il revient à son bord
c’est pourvu d’elles
les choses bienheureuses d’être vues
– le motif bien senti –
mercredi 28 mai 2025
en nageur recouvré
en nageur recouvré, il embrasse la nuit liquide
il joue avec la voix (il quiritte)
il joue avec l’oiseau qui expose l’amour au tout-venant
juste au-dessus des grandes marguerites
lucescentes, toutes faces tournées vers lui,
et des petites bugles entêtées, œillères opposées
à la frivolité de simples festons :
mélisse, myosotis et fraisiers sauvages.
Je pense qu’il a besoin de l’assentiment a priori
du motif, de son adhésion à la proposition
(lui, cherche toujours comment), non pas un blanc-seing
mais une prédisposition généreuse.
mardi 27 mai 2025
ample, dit-il, comme le chant
ample, dit-il, comme le chant
qui attendrit la nuit, ample et délié,
ses reprises non comme des sentences
mais des invitations à l’accord.
Dans le noir il écoute, et ce n’est pas à la mort
qu’il pense cette fois-ci, mais à la vie (ou à la mort)
l’étrange accord des deux en ce lieu (brutal je divertissant
un champ inégal où elles fusionnent), il nage
lundi 26 mai 2025
il réapprend la respiration
il réapprend la respiration
son coin d’ombre est un poumon qui l’édifie
– ample dans le liquide même où il s’oublie
et qui l’affloue –