mercredi 20 novembre 2024

À la boîte blanche, vues 530


 

Que je scrute et soupèse

 

Que je scrute et soupèse,

plein des cerneaux lobés,

comme une proposition de passation

(comme un masque passeport contient

dans sa loge réduite

l’esprit, et la force de le léguer)

 

noix, poème tout court, est un visa pour

la relation avec le monde :

cervelet et esprit d’appoint 

 

mardi 19 novembre 2024

À la boîte blanche, vues 529


 

ou la courbe fermée

 

ou la courbe fermée du poème.

Encore que ce soit un cervelet qui tombe là

en quelque sorte, tiens !

(organe qui permet entre autres l’ajustement aux variations

dans les relations sensorimotrices)

un cervelet de secours ! Pourquoi pas ?

 

lundi 18 novembre 2024

À la boîte blanche, vues 528


 

Tel un poème est cette noix

 

Tel un poème est cette noix

ou ligne dure du poème

(ne le prenons pas mal)

dure à pénétrer et dure à embrasser

état sans cause échue à mon insu

(discrètement détonant dans mon dos)

 

dimanche 17 novembre 2024

À la boîte blanche, vues 527


 

- SA chute, hein, pas la mienne

 

- SA chute, hein, pas la mienne

intempestive redite

toujours intempestive, à contretemps

de mon geste pour l’intercepter

mais non voyons ! Elle tombe dans mon dos

lorsque que je regarde ailleurs

après avoir longtemps guetté l’ébranlement

 

le tressaillement de l’écale

 

elle tombe à point nommé lorsque j’ai le dos tourné

pour faire sursauter la glaneuse

allez ! tombe de son ciel

pour le suspens dont je suis la chanceuse nominataire.

 

vendredi 15 novembre 2024

À la boîte blanche, vues 526


 

J’attends

 

J’attends

(mais gare à la chute !)

de la noix

que sa trajectoire me montre

(le ciel et la terre

font un aujourd’hui)**

la concrétion - en un point, ponctuelle

(le raccourci en quelque sorte) - de ma réalité présente

(l’image par excellence) :

tel un poème est cette noix

que je ramasse.

 

 

et toucher (alors) d’un inexprimé

geste subit légèrement mes yeux ?

touch(now)with a suddenly unsaid

gesture lightly my eyes ?

E. E. Cummings, font 5, traduction et postface de Jacques Demarcq, éditions NOUS, 2011, p. 97

 

 

le neuf est le vrai

 

**(le ciel et la terre

font un aujourd’hui)

E. E. Cummings, 95 poèmes, traduit et présenté par Jacques Demarcq, Points/Seuil, 2006, p. 128

 

jeudi 14 novembre 2024

À la boîte blanche, vues 525


 

projet de liaison des mondes

 

projet de liaison des mondes

la noix par terre te fait tendre la main

vers son monde

                                                   fermé comme un

                                                   un œuf, un nœud

 

                                                   un monde neuf ?

 

un pré-clos et coi

sans quoi rien ni pourquoi un pré quoi ?

néanmoins

noix c’est un monde poreux

 

sans jamais la gauler j’attends le saisissement

par la noix

de toute mon attention

 

mercredi 13 novembre 2024

À la boîte blanche, vues 524


 

[Intermède. Chaumont.

 

Bovins langoureux très placidement

posés sur la courbe sinueuse de l’horizon

blancs comme des œufs.

La ligne de crête ondoie sous eux.

 

Dessous, sur les pentes

la gesticulation des vergers musculeux

désarçonne le regard somnolent

cahoté contre la vitre du train.]

 

mardi 12 novembre 2024

À la boîte blanche, vues 523


 

Cependant très vite

 

Cependant très vite

très vite

grâce à la pluie (ce moment de grâce)

plus rien ne                          (pan !)


pend.

                           Au sol ce vœu

extrême puissance

d’attraction

baisse-toi, nodale !

               valence                 et        

                                          e (comme un œuf, un nœud)


se donne à qui veut bien se baisser

(au plus près des pieds les yeux)

 

et la noix comme un e valentiel atterri

(projet de liaison des couches externes)

 

lundi 11 novembre 2024

À la boîte blanche, vues 522


 

je m’incline

 

je m’incline devant ces

parangons de fermeté (il faut

la pierre de touche pour desceller

l’âme et déceler le projet

pour se résoudre à ce bienfait

élaboré dans les hauteurs à notre insu

- bienfait qui nous tue ou nous nourrit

cependant

il tombe à point -)

 

vendredi 8 novembre 2024

À la boîte blanche, vues 521


 

(ces bouches perlières qui bombardent

 

(ces bouches perlières qui bombardent

le sol de leur - trésor longtemps gardé

strictement au secret de l’écale -

je les vois qui béent désarticulées

éclatées par l’effort de la délivrance

 

par l’effroi de la délivrance, par le cri - je pense

à ça, l’écume encore à leurs lèvres

pendantes comme des questions sans réponse

mais noire -)

 

par terre ces perles de compte (je les compte

comme des noix) une manne,

je me plie à leur commandement muet

 

jeudi 7 novembre 2024

À la boîte blanche, vues 520


 

on entend tomber les noix sous le noyer

 

on entend tomber les noix sous le noyer

(on entend cet autre météorite

par dizaines

buter la terre molle)

depuis l’orée de brous trésoriers.

 

Depuis tout ce temps

(sans qu’on ait rien vu) elle était réservée.

 

Maintenant la bouche évasée

une bouche noire d’encre profère des

 

choses intimations, profère

des sommations, des sommes

auxquelles - obligée - je survis

(la projectoire définie par l’attraction)

et à mon corps défendant héritant

de ces perles parangones

incomparées (incomparables)

léguées avec le temps

qui détonent sur le sol

 

mercredi 6 novembre 2024

À la boîte blanche, vues 519


 

Quand tout redevient calme -

 

Quand tout redevient calme -

longtemps après l’orage, longtemps après

l’intempérie du cadre -

quand tout bonnement il n’y a plus de temps

- noir absolument silencieux d’un silence

ressenti

coulant dans les os, un silence de moelle,

de flux vital, insondé, circulatoire,

alors

 

[on entend tomber les noix sous le noyer]

 

mardi 5 novembre 2024

À la boîte blanche, vues 518


 

La lune, œillet dans la nuit

 

La lune, œillet dans la nuit

plus précieuse

et plus une,

périlleux point de référence

- parfois dans le cadre, parfois pas -

posant la couleur

dans la lucarne

cette mesure d’attente

(à la mesure de mon attente, son retour au périgée)

 

lundi 4 novembre 2024

À la boîte blanche, vues 517


 

(un jeu à la vie à la mort

 

(un jeu à la vie à la mort

dans lequel chat, fouine, hérisson, lérot,

- réunis de nuit par le figuier -

moi maintenant attablée sous la lucarne

que ce figuier colonise 

plaidant pour une paix illusoire (et hypocrite)

forte de mes oreilles fixes :

chacun cherche sa place dans l’espace

imparti, par rapport à tant d’autres

 

aussi démunis (impuissants dans la chaîne déprédatrice)

mais mieux dotés - comme j’envie

l’oreille mobile de tant d’entre eux

l’œil perçant, l’agilité

mais on ne peut disposer de tous les atouts

- non, on ne puis, résous-toi à accepter

ton handicap, ton statut de minable potentat :

frappe dans tes mains, fais du bruit

tout le monde s’égaye -)

 

dimanche 3 novembre 2024

À la boîte blanche, vues 516


 

et la branche affole le cadre.

 

et la branche affole le cadre.

Lune par intermittence

œil ou ménisque (obole ou joyau)

- me rappelle une certaine illustration

pour Roule galette. Fouine,

quel rôle joues-tu donc,

qu’apportes-tu au poème ? -

roule délicatement pleine

abondée par le jeu des placements

 

samedi 2 novembre 2024

À la boîte blanche, vues 515


 

l’échine bandée

 

l’échine bandée

l’œil perçant, la détente

agile néanmoins 

en rivale nuisible

(de l’oreille)

elle tranche sur l’attente

- bouchère bouchère -

la morsure luit

évidente 

 

vendredi 1 novembre 2024

À la boîte blanche, vues 514


 

L’oreille rapace

 

L’oreille rapace 

saisit l’afflux

dans l’air nocturne

cinglé d’embruns d’emprunts

inondée

(l’oreille est surmenée)

cette branche de figuier qui frappe

à la lucarne

en hôte illustre (épicène)

 

cette branche ne se laisse pas oublier

mais toque inlassablement et

avec elle une fouine s’invite brutalement

dans le cadre (à la table)

montrant ses dispositions

de commensale - elle obstrue la lucarne

dans laquelle j’attends la lune

son ombre glissant importune

et carnassière -

 

jeudi 31 octobre 2024

À la boîte blanche, vues 513


 

questions chaudes absorbées

 

par les 

tragiennes attentions : oreilles

qui tirent la langue (sans tragédie)

un affût constant

comparable à celui de fleurs carnivores

voraces cornets capables de capter

de digérer ce qui passe à leur portée

d’un coup bref et décisif

d’organe contractile.

 

mercredi 30 octobre 2024

À la boîte blanche, vues 512


 

cette trombe (ore, orage)

 

cette trombe (ore, orage)

l’amène au bout de la logique

des météores langagières

mouvements étymologiques

philologies sauvages

(convectives) : des transports d’énergie

vers des zones externes (éteintes

écritures) des

questions chaudes absorbées


mardi 29 octobre 2024

À la boîte blanche, vues 511


 

aucun muscle / mais la parole

 

aucun muscle

mais la parole

survolée d’astres

inondée d’océans fut surprise

dans la rencontre tumultueuse des vents

cette trombe

chargée de nuit

 

cette trombe (ore, orage)

l’amène au bout de sa logique

 

lundi 28 octobre 2024

À la boîte blanche, vues 510


 

des bêtes hors d’âge entrant

 

des bêtes hors d’âge entrant

dans ma vie comme le bruit de l’eau

capté par le pavillon auriculaire

suivant les méandres de l’hélix et de la conque

et rabattu par le tragus

est promptement siphonné par le conduit auditif

jusqu’au tympan.

Aucun muscle tragien ne peut prévenir

cette trombe ou ce siphon

 

dimanche 27 octobre 2024

À la boîte blanche, vues 509


 

- moi c’est le contraire :

 

- moi c’est le contraire :

la charge nocturne passe

par transfert ou convection

son impulsion mobilise vos noms

(tous vos noms ancestraux,

vos noms d’étrange latin scientifique

ou de français vernaculaire :

vent, ore, orage, vespéraux vespertilions)

électrise nos retrouvailles soudaines -