Ce pic - il est pourtant muet - sa patine est une invitation
à l’action.
Disons cependant qu’il ne dit rien des mains qui l’ont tenu
par le passé,
pas plus que l’oranger au bord du trou ne nous enseigne le Mexique,
ou prophétise
l’âge d’or - pas même des calamités -. L’instant est vif de
ses propres qualités :
sol dur et concret, auquel bêche et pic répondent jusque
dans la paume de mon fils Pierre.
En tout premier lieu il y avait : planter un poème. Mais voici
que j’ai omis
mon intention, occupée par la compacité du terrain : cailloux
à déplacer
devant le mur gris, havre trop froid et la bouée de
feuilles. L’instant - indivis -
figé dans le vent
glacial, j’ai beau chercher la contradiction, l’oranger
à fleur de sol ne donne pas le change ni l’avenir, seulement
un présent de courants d’air
et d’engelures. C’est déjà beaucoup, bien assez pour me
perdre.
J'ai voulu que l'expérience
conduise où elle menait, non la mener à quelque fin donnée d'avance. Et je dis
aussitôt qu'elle ne mène à aucun havre (mais en un lieu d'égarement, de
non-sens)*
*Georges Bataille, Expérience intérieure,
Paris, Gallimard coll. « Les Essais »,
1943, p. 17
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