vendredi 26 mars 2021

Car l’oiseau est lancier.

Car l’oiseau est lancier. Petite phrase assassine, extase assassine.
Est-ce suffisamment audible de là où nous sommes, c’est-à-dire
loin en aval du Puits, c’est-à-dire ignorants de nous-même, au fond,
l’image habitant la mémoire à notre insu, comme une lance à barbelure
fichée en plein corps ouvre la brèche par où s’épanche l’humeur
 
- viscères ansées sans fin, en boucle - mais nous ne savons pas qu’elle
est la cause (d’ailleurs quelle est la cause de la mort, la vie ?),
mais nous ne savons rien, hormis la musique qui est à l’intérieur,
qui confère la mesure au gabarit avec lequel nous envisageons  
le monde : ainsi en sortant aujourd’hui pour la première fois je vois
 
la floraison des corniers ou fuseliers, dont le bois exceptionnellement dur
servait dans l’antiquité à fabriquer les lances. Je veux dire que je n’avais
auparavant jamais remarqué leur floraison en lisière des taillis d’ici. Pourtant
c’est un nuage de soufre qui vitriole la couleur mentale. Pourtant
je passe devant ces multi centenaires drageonnant depuis toujours.

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