samedi 2 avril 2022

Ce printemps

Ce printemps s’avère explosible.
Bruyamment s’enchaînent les floraisons
dans une sorte de surenchère du visible. Près du sol le rictus
de l’appel ostensible, quoique pratiquement désespéré :
ce commissionnement généralisé de gueules ouvertes,
 
lamiers, orties, violettes, alors qu’explose la double ceinture
des prunelliers en bord de route.
(Et puis les détonations, sporadiques aux jardins
des forsythias et des prunus)
Protège tes yeux - plus becquetés d’oiseaux que dé à coudre -
 
de tout ce que tu n’auras pour finir pas vu.
Bouche tes oreilles. Ou bien adonne-toi au vacarme.
Mort ou vif quelle cruauté : tu n’as aucun
moyen d’exprimer de bonnes intentions qui
ont toute l’apparence pour des yeux intrigués
 
d’être tout autre que liberté. Quel fracas,
quel fracas auras-tu assemblé, baladant ton
imagination douteuse dans un jardin de simples et de vivaces -
la toute modeste ère de tes transports - ? Pour
quelle fin de partie si bien à portée de jet de métaphores ?
 
 
 
François Villon, La ballade des pendus
Amelia Rosselli, Document, p. 42 et p. 86/87

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