mardi 5 avril 2022

L'épopée printanière

L'épopée printanière (une geste)
se répand partout où les mots
se font entendre. Cette fois-ci la bombe a éventré
un théâtre. Ici les magnolias stellata
éclaboussent la rue d'étoiles lacrymogènes.
 
Y arriverai-je sans prononcer le mot.
Pas visible ici, c'est une opération
sujette à caution, les mots sont suspectés
d'agir (ils agissent), les significations
gauchies. Dénaturées.
 
Une chanson. Là la vérité est toujours
difficile à établir, qui ?, comment ?, où ?,
(justement le jeune houx luit aux bois,
tes gros sabots n'ont guère de place, là
la réalité du son remplace le mot.)
 
Le carnage quotidiennement décompté
rend la plus simple des phrases incorporelle :
je vais aux bois. Les lauriers sont coupés.
La raiponce bleue s’érige ainsi, elle s’inscrit en faux.
Je ne l'aurai jamais vue si drue.

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