L’eau comment la connaître, celle qui coupe le chemin
submerge les rives, l’eau grandie (de quelle source grandie, de quelles
neiges ou débâcles ?) submerge tout, couche les herbes des bords, gorge l’humus
comme une éponge, abonde par-dessus l’œil, qui rejoint la racine sous le niveau
de la lumière.
Franchir du regard, c’est ce qui reste, le miroir obscur au
fond, et indocile. Franchir sans laisser de trace, sans laisser la trace d’aucun
pas, et sans répit. L’oubli devance et cerne. Ne te retourne pas.
Car sessile, je suis sessile et fixe face au fleuve abondant,
je reste là, à l’abandon sur le chemin rompu. Regard en avant. Immobile. Quelle
eau ? Laquelle de nous deux, eau, est la plus troublée ?
Je garde, au fait de l’eau, je garde la vue allongée à
défaut de longer, j’allonge le regard
franchissant.
Loin devant des arbres noirs sortent de l’eau, un peuple
incantatoire. Quelque chose qui me fixe m’émeut pourtant.
Par où suis-je venue au fait ?
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