Entendons-nous bien ?
Le bruit blanc qu’est le silence quand nous nous taisons,
bien plus chargé de sens que nombre de nos
- disons -
nos vies faites, vite
dites sans l’ombre de l’autre je
- que nous taisons, traîtres - avec de diserts jeux de
mots
ou de pédantesque littérature.
Pourquoi je dis cela.
Il est profitable de se porter vers ce bruit - blanche pénombre en nous -
comme on plonge et nage en été dans une rivière
lasse entre les harpes des saules et les aulnes
et parmi les gros yeux composés des odonates
surveillant notre avancée dans l’eau noire,
celle dont nous sortons non seulement rafraîchi mais
transformé
parce qu’à résister ainsi au courant nous avons un instant oublié
toutes les autres directions
et parce qu’iris jonc fleuri et agrions se sont affirmés
un motif bien suffisant au jour.
Les baigneurs propulsés grâce aux cordes suspendues aux
branches
ou mon fils scrutant le fond avec ses palmes agitées, et encore ce cygne
dédaigneux qui dérive très lentement au soir,
presque bleu lorsqu’il approche de la berge où nous l’attendons
et les cheveux mouillés gouttent dans notre dos,
donnant à cet instant un sens tout autre à l’existence.
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