J’écoute les bruits.
Goutte à goutte dans les feuilles, feuille
à feuille mollement la nuit amortie
sombre
plus avant dans l’herbe mouillée
et désamorce tout dialogue.
Et sombre en elle-même, nuit de la nuit-des-temps déjà
reverse son son - non comptable innombrable goutte à goutte - au
mystère de la pérennité du monde*
où pleut l’eau sans âge aussi
et je ne parle pas d’indifférence, non,
mais de pluie, de vents, de nuages, d’amour et de mort :
questions de tous temps posées à tous, de la même unique façon.
Questions de fleur, de croissance,
parole, ce puissant outil à tout faire dont l’usage est si dur,
le lourd levier à manier
pour forger la nuance dans l’esprit chauffé à blanc, sur la page chauffée à blanc**.
*Eschyle, Prométhée enchaîné
**Francis Ponge, « Le lézard », in Pièces, in Le Grand Recueil : I. "Méthodes", 1961 ; II. "Lyres", 1961 ; III. "Pièces", 1961
Page par un violent désir d’observation à y inscrire éclairée et chauffée à blanc
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire