samedi 21 décembre 2019

J'avance.


J’avance. Il n’y a vraiment que du blanc devant lequel l’œil troublé
saisit trop peu de, ou trop, d’entiers versets blancs sur blanc
- lamentables c’est dire lacrymogènes - tombent des arbres au rythme du cœur.
De marbre et de filandres est l’attente dans le jardin réticulé
qui givré se resserre et verselle.

Ce que je crois être une fleur dissone comme un rouge gorge et,
prolongeant le plaisir ambigu de sa discordance, il diffère l’éclosion.

Le chaman de Qu Yuan attendant sur la berge de la rivière Xiang
de s’unir à sa vision se demande :
Que ferait un filet de pêche en haut d’un arbre ?
En effet, que ferait un filet de pêche en haut d’un arbre ?


Qu Yuan, La déesse de la rivière Xiang, Neuf chants, Chants de Chu, in Anthologie de la poésie chinoise classique, direction Paul Demiéville, trad. Hervouet, Poésie/Gallimard, 1962, p.59

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