Elle l’a dite froide
et planétaire lumière de l’esprit*.
Ici à l’intersection des deux plans -
commune pâleur croissant avec l’avancée des heures dans la
nuit -
voici des couleurs pourtant, comme l’ombre peut l’être,
colorée, voici les bruns laminaires, teintés de jaune et de
gris,
voici le vert sombre des sapins du fond, odorant sous le
noir des arbres
de l’esprit*. La
pointe orangée de l’aube. Tout sauf bleue.
Et dans ce cercle noir - où un puits se creuse aussi - où
est recomposée la silhouette
fluide du tilleul, son tremblement de branches, émerge le
pivot de nuit,
l’obscure racine, spiralée, recoupée, la lune.
Ce que je nomme lune, sans être pourtant tout à fait sûre de
sa réalité
sinon de son reflet intercepté sur la table, à travers des
ustensiles de verre
- là un U-tube, un ballon à bouillir, un manchon déambulent
ou lévitent,
centrifuges - vus dans le miroir circulaire,
et contenue en elle-même, néanmoins elle jaillit
et s’épanche en tous les objets, devenus sans nom,
qui tourbillonnent avec elle, dénudés, lunaires
Cette intersection de deux mondes, - notée ∩ : ensemble des éléments
qui appartiennent à la
fois aux deux opérandes, comme un pont suspendu -
fait un mobile - visible, oui et même tangible -,
que recèle - désabonné[e]
au temps** - non seulement l’image mais toute l’œuvre,
en lieu bien ordonné**,
quoique souple et mouvant recoupement du particulier et de l’universel
*Sylvia Plath, La lune
et le sapin, Ariel, in Œuvres, Quarto Gallimard, traduction Valérie
Rouzeau
**Zakane, poème donné en échange
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