La bravoure ne consiste pas seulement à vous voir
et à vous nommer. Il me faut traverser, voire
forcer le passage - l’impact est un vécu, le son
durablement vivant, le sens est ductile - pour vous éprouver.
Que soit révélée cette épreuve, c’est la visée et la portée
d’un poème - dur, homogène, inaltérable, élastique, fragile,
solide non cristallin et parfois transparent, tout comme
l’est
ce matériel de verre sur la table -. Qu’ai-je fait de vous ?
Qu’avez-vous fait de
moi ?, sont les deux questions
que je pose au poème, après
coup.
Résultant de la fusion des substances constituantes
puis de leur refroidissement, la poésie est un art du feu,
susceptible
d'un poli parfait. Ou pas. Mais toujours doit s’élucider
le motif, d’une
façon ou d’une autre.
Ainsi on peut dire qu’il y a des poèmes
« tectites », sortes de billes formées
par des impacts avec une météorite, qui pourrait être la
sensation,
des poèmes « fulgurites », issus de la fusion de
la durée soudainement atteinte par le vif
éclair*
de la métaphore. Il y a des « millefiori », et des
poèmes colorés. Et toutes sortes de poèmes
plus ou moins translucides, plus ou moins purs.
* Wallace
Stevens, Le mobile de la métaphore, Transport to summer
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