Ils ont des reflets jaunâtres à glauques
c’est la mémoire des sables et des carbonates de sodium
et l’enflure de leurs cols rappelle la viscosité d’un état
antérieur
lorsque le verre fut soumis à la fusion
Rien qu’une goutte cueillée puis soufflée à la gueule d’un
four
suffit à prendre la marque d’un poumon. Ce fut
presque une pêche effectuée à la canne avec des tours
de moulinet pour allonger la forme, l’évaser,
la lisser : la forme là pour la fonction. Pour
observer le ménisque et le précipité, la distillation
lente, l’écoulement laminaire et pour mesurer la viscosité
d’autres fluides, l’élasticité des collisions.
Depuis plus rien. Pas la moindre vase pour évoquer
encore la mer et le jusant, le fond fétide et grouillant du
monde.
Ils reposent, aseptiques oubliés sur la table
d’un autre laboratoire, bécher, entonnoirs,
colonne de Vigreux, fioles, manchons et ballons
à bouillir, ampoule à décanter. Cataleptiques. Mais
moi je suis là et je nous propose l’insomnie, et d’observer
l’intensité par eux de la lumière, et de l’éprouver.
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