Alors, agenouillée dans l’allée,
coupant à main nue l’herbe qui déborde
l’alignement des tuiles de terre cuite,
tu respires les feuillages aromatiques
et tu penses à Georgia,
un film d’Arthur Penn
que tu n’as pas vu depuis des années.
Ici l’herbe est anonyme, mais tu as conscience
d’accomplir un travail de régulation,
qui concentre l’attention, tu parles
avec l’herbe ou tu parles seule, tu penses
tout haut mais c’est
une tombe non c’est une allée
la terre doit être couverte et praticable
et séable, qui sait si
un gisant dessous m’entend
sans meurtrir l’oreille, qui
sait où nous marchons
des nécropoles amoncelées dont l’inanité sonne
insondable, qui sait
si on m’entend
mais le vide est corruptible ou bien c’est l’homme
qui s’invente le remplissage et la raison ?
Tu te dis fais comme
s’il y avait quelqu’un,
c’est plus honnête, mort
ou vivant qui le demande ?
De toutes façons voici l’herbe poussée par des siècles
d’immondices métabolisés, voici le vent dans les népètes,
et les lavandes qui s’agitent agacent les bourdons
terrestres
voici à l’œuvre la grâce, toute la puissance d'attraction du vide.
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