Indocile par nature, voici le printemps. Le voici
prolifique emmuré - verrouillé - pourtant dans un corpus de
lois
d’exception, les lois trop humaines de la rétention,
( c’est de l’air
compressé / c’est de la psyché
compressée* )
qui fait d’un jardin de lierre terrestre et de trèfle,
de cyclamen, pâquerettes, plantain, saponaires et narcisses,
fraisiers, violettes et jacinthes, qui fait de cet hortus un lieu clos.
Autour du verger, il
n’y avait
Ni mur ni palissade,
mais l’air seulement.
C’était de l’air qui
de toutes parts
Formait la clôture du
jardin.*
Par-dessus est un dôme fertile de cerisiers, de poiriers et
pommiers.
Des vers qui sont des fleurs mêlées de mots surgissent
du milieu comme la fontaine scellée du Cantique
qui aujourd’hui nous paraît plus que jamais accessible.
C’est un massacre qui a l’air d’un massacre des
volontés
et des ambitions. Le printemps seul s’en sort et celui
qui ne veut rien, rien tant que venir, et être simplement.
Il est vital que s’apprennent enfin de lui les comment,
les amiables comment, quelles fleurs à cueillir.
Aujourd’hui nous nous prescrivons à nous-mêmes
une Sainte Quarantaine
ainsi que des noli me tangere opportuns
( à propos de Carême
et à l’approche de la Résurrection ).
Sont-ils gestes et distances qui pourraient nous sauver
ou accommodements avec le mal subtil qui se propage de tous
temps : oppression ?
Ce jeu ( j’entends
immanquablement je )
dans d’autres perplexe
et suffoqué :
c’est de l’air
compressé
c’est de la psyché
compressée,
on se vante de s’en
servir.*
*Amelia Rosselli, Document, p.110
**Chrétien de Troyes, Erec et Enide
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