dimanche 26 avril 2020

L'espace n'est plus délinéé que par la courbe


L’espace n’est plus délinéé que par la courbe nette des faîtes
intraitables et de fleurs sourcilleuses poussant dans le bleu. C’est
l’exacte couleur qui est maintenant nos exacts confins,
de laquelle surgissent les véloces traites diagonales et bruyantes
qu’on dirait improvisées, mais quelle prédilection pour ta tête ?

Ces traversières - car elles traversent d’un trait la fente
étroite entre les arbres, crevant la couleur, la pesanteur,
comme un poignard une toile de tente, cette pesanteur - pour
un transfert urgent de fétu, ou de fascines, ou de plume. Et
tu es là et tu respires, et c’est toi soudain l’imprévu sur leur chemin.

D’un élément dans l’autre tu reconnais qu’elles font traite
des premières nécessités, promptes et efficaces, un transfert
d’air entre bassins pulmonés, proche, lointain, proche, lointain
pompant à la source de la vie, l’instinct d’ordre, ou le rite de nidification
exerce sur toi le même effet vivifiant et tu remets tes cheveux en place.

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