Je vais voir les fleurs. Je ne les cueille pas je
ne cueille jamais, si ce n’est en pensée. Mais
que sont mes pensées ? Rien que je puisse dire
vraiment, qui ne soit dit déjà, c’est un flottement de neige
entre deux - je suis sous un pommier, je recueille
la neige fraîche, je la mange, c’est de la lumière,
c’est le sel du soir - c’est délicieux ou délictueux que sais-je
j’essaie d’intimer un ordre à la pensée, mais non, bien au contraire
ça descend dans le corps, un soliloque, et me voici
enracinée
avec primevère - coucou ! -, renaissance sonore, le
clou vernal au verger.
De splendeur mais si délicate la force promotrice de la
fleur
puissance et Éros affiliés à la couleur et au parfum,
vertige parfois
du balancement, mon cœur ne balance pas lui, il plonge, il
se noie
dans sa clarté, dans la clameur de cette source dédiée à
l’amour à
la parole d’un seul vers un seul, trop de
feuilles trépidantes déjà.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire