lundi 27 avril 2020

Je vais voir les fleurs.


Je vais voir les fleurs. Je ne les cueille pas je
ne cueille jamais, si ce n’est en pensée. Mais
que sont mes pensées ? Rien que je puisse dire
vraiment, qui ne soit dit déjà, c’est un flottement de neige
entre deux - je suis sous un pommier, je recueille

la neige fraîche, je la mange, c’est de la lumière,
c’est le sel du soir - c’est délicieux ou délictueux que sais-je 
j’essaie d’intimer un ordre à la pensée, mais non, bien au contraire
ça descend dans le corps, un soliloque, et me voici enracinée 
avec primevère - coucou ! -, renaissance sonore, le clou vernal au verger. 

De splendeur mais si délicate la force promotrice de la fleur
puissance et Éros affiliés à la couleur et au parfum, vertige parfois
du balancement, mon cœur ne balance pas lui, il plonge, il se noie
dans sa clarté, dans la clameur de cette source dédiée à l’amour à
la parole d’un seul vers un seul, trop de feuilles trépidantes déjà.

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